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Apple : le dual-boot officiel !

mercredi 5 avril 2006

Cela fait maintenant presque 10 mois jour pour jour qu’Apple a annoncé un de ses plus gros virages technologiques, celui du passage des processeurs PowerPC à architecture IBM/Motorola aux processeurs x86 d’Intel. Les Macintosh perdaient dès lors leur dernière spécificité matérielle : la puce centrale. Tout le reste avait déjà basculé dans le monde plus standard du PC progressivement au cours des années précédentes : interfaces IDE au lieu de SCSI, cartes PCI et AGP au lieu de NuBus, ports vidéo VGA et DVI… Matériellement parlant, le Mac est donc plus que jamais un PC, à deux exceptions près : le design et le système d’exploitation.

On ne va pas revenir sur le design chez Apple, devenu un véritable cheval de bataille depuis le lancement de l’iMac en 1998 mais qui reste surtout une affaire de goût. Le point du système d’exploitation est nettement plus intéressant, surtout depuis ce passage à l’architecture Intel. Ce dernier rempart matériel tombé, plus rien ne semblait empêcher les ordinateurs à la pomme de pouvoir lancer le système concurrent, l’omniprésent Windows. Pas de chance, il restait un adversaire imprévu à affronter pour y arriver : l’EFI en lieu et place du BIOS. Chacun de ces deux programmes, incorporé à la carte-mère, constitue un peu l’équivalent de l’instinct chez l’homme : les instructions de base implantées dès la fabrication et qui permettent de choisir le système d’exploitation choisi par l’utilisateur. Et à cause du choix de l’EFI, impossible de démarrer Windows XP, ni même le futur Vista.

Pas abattus pour autant, des bidouilleurs sont bien arrivés à une solution artisanale en quelques semaines, mais ça n’était pas l’idéal. Seuls les geeks et les curieux ont vraiment essayé ces manipulations pour la moins fastidieuses, avec formatage obligatoire du disque dur, tout ça pour un Windows XP qui, certes, tourne bien, mais est privé de toute accélération de l’affichage, les pilotes des cartes vidéo étant encore inexistants. Le grand public attendait encore l’arrivée d’un héros, défenseur de la non-technophilie…

Et ce héros est arrivé aujourd’hui, mais venant du côté d’où on n’imaginait même pas qu’il puisse venir : Apple elle-même ! Eh oui, en ce 5 avril 2006, Apple livre une solution gratuite, du nom de “Boot Camp”, pour tous les utilisateurs de Macintosh à processeur Intel pour démarrer Windows XP. Le procédé est simple, s’occupe de tout sans effacer les données déjà présentes, et permet d’obtenir un Windows XP complet (seul le support de quelques gadgets comme la télécommande Apple Remote ou le rétro-éclairage du clavier des portables manque à l’appel). Lancez l’installation du programme, redémarrez en maintenant “ALT”, et voilà… plus qu’à installer Windows XP, que vous aurez bien sûr préalablement acheté.

Une chose qu’on ne peut que reconnaître : ça faisait bien longtemps qu’Apple n’était plus arrivée à surprendre tout le monde de la sorte. Depuis la sortie du premier iMac, il y a 8 ans, toutes les nouveautés et annonces étaient distillées via des rumeurs plus ou moins bien détaillées, y compris la transition vers les processeurs Intel. Apple avait beau pratiquer le culte du secret, il n’était guère efficace qu’auprès du public le moins informé. Mais aujourd’hui, la firme a renoué avec la stupeur générale en livrant ce boot-loader. Le monde informatique est en ébullition depuis cet après-midi, et pour une fois personne pour se pavaner façon “je vous l’avais bien dit”. Flamboyant coup de maître qu’a réalisé Steve Jobs, donc. Reste aujourd’hui à savoir si cette initiative va aider ou desservir le Macintosh. Seul le temps pourra le dire : les premières réactions semblent globalement favorables, mais on n’échappe pas aux funestes pronostics de certains sceptiques y voyant une nouvelle victoire de Microsoft.

Reste que le Mac, capable de lancer les programmes Linux nativement (après l’ajout d’une interface pour X11) et dorénavant de booter Windows XP directement, est bel et bien devenu la machine la plus ouverte du monde ! Quand on se souvient de l’hermétisme de ces mêmes machines il y a encore à peine plus de 5 ans, avant la sortie de Mac OS X, on se rend compte que c’est dans une transition constante que s’est lancée Apple depuis.