Archive pour janvier 2007

Boot Camp : passe à la caisse, gros bêta !

lundi 22 janvier 2007

Apple est une entreprise que toute personne normalement constituée aime à critiquer : ses détracteurs, bien sûr, mais également les gens neutres et même ses partisans (à l’exception des idolâtres, évidemment). Et c’est très logique ; après tout, Apple vit en grande partie de l’affectif que ses produits engendre. Clients séduits mais insatisfaits, fans avides de rumeurs déçus par les annonces, anti-mac jaloux de l’enthousiasme et du succès rencontrés par les produits frappés de la pomme… Chacun a ses raisons, souvent reposant sur une certaine logique, et donc compréhensibles.

Cela dit, parfois certaines polémiques ne reposent QUE sur l’affectif et sur rien de logique. C’est le cas des réactions engendrées par une rumeur lancée par MacScoop ce matin : la version finale de Boot Camp ne sera pas gratuite alors que la version bêta, en circulation depuis plus de 6 mois, l’est. Pour rappel, Boot Camp est un utilitaire permettant aux Mac équipés d’un processeur Intel de démarrer sous Windows comme n’importe quel autre PC. Très simple d’utilisation et de bonne qualité malgré son statut de bêta (ce qui signifie en substance : “ne l’utilisez qu’à vos risques et périls, Apple décline toute responsabilité en cas de… blablabla”), ce logiciel a été accueilli avec grand intérêt et a fait ses preuves.

Le problème est donc le suivant : la version finale de ce fameux Boot Camp sera peut-être payante (a priori une trentaine de dollars). Et voilà toute une ribambelle d’internautes qui hurle au scandale, à l’arnaque, au boycott, que sais-je encore… Voici un petit échantillon assez représentatif de ce qui pullule désormais sur les forums :

Apple continue avec sa politique de suceur de fric, toujours plus dans ses poches et celles de ses actionnaires ! Une secte n’agirait pas autrement. Pathétique.

Passons tout d’abord rapidement sur le fait qu’il n’y a pas eu pour l’instant d’annonce officielle, seulement une rumeur. Précisons également qu’Apple n’a jamais dit que Boot Camp serait un logiciel gratuit, mais seulement qu’il serait intégré à la future révision majeure de sons système d’exploitation, la version 10.5 nommée “Leopard” et attendue pour mi-2007.

Je pose la question : sérieusement, les gens ont-ils compris ce qu’est une version bêta ? Il s’agit d’une version non-achevée, dont les caractéristiques ont été figées mais dont on corrige encore les bugs que les testeurs volontaires traquent. Il en va ainsi pour une très grande partie des logiciels mis sur le marché, y compris parmi les plus grands. Prenez Vista, le nouveau Windows qui sort dans une semaine, par exemple : plusieurs mois maintenant que la bêta publique est disponible en libre téléchargement. Attend-on pour autant de la part de Microsoft de rendre Windows gratuit ?

Certains parmi les utilisateurs du logiciels fulminent le fait qu’ils ont “gratuitement travaillé pour Apple” en testant le logiciel. Ah bon ? Ils l’utilisent peut-être en effet depuis longtemps, mais font-ils du réel bêta-test ? Cherchent-ils réellement à explorer toutes les facettes du programme pour en traquer le plus de bugs possible ? Tiennent-ils un journal précis de leurs manipulations et des résultats obtenus ? Ou alors l’ont-ils tout simplement installé sur leur Mac afin de profiter gratuitement du confort permis par ce logiciel ? Hmm…

Et que penser de ceux qui râlent parce que Boot Camp sera offert Mac OS X 10.5 ? Cette mise à jour coûtera, si on en croit les précédentes, la somme de 129 dollars… où est donc cette fameuse “gratuité” ? D’autre part, quand Apple vend des logiciels comme les suites iLife ou iWork séparément alors qu’elle est livrée “gratuitement” avec certains de ses ordinateurs, doit-on crier au scandale ?

Comme d’habitude, la mauvaise foi est un plat qui se mange à plusieurs. Si cette nouvelle se confirme, l’histoire se résumera à ceci : Apple lance le logiciel Boot Camp, logiciel payant qui a bénéficié d’une opération de bêta publique. Point final. L’affectif n’a, pour une fois, rien à faire ici. Et la communauté Mac, qui passe souvent pour une bande de zélotes, risque maintenant se voir taxée de pingrerie.

Messieurs les pseudo-testeurs, quand viendra la grande finale, si vous voulez continuer à bénéficier des bienfaits de Boot Camp, payez-le… ou continuez à la “tester” en version bêta.

Crapware : le nouveau poil à gratter de Microsoft

vendredi 12 janvier 2007

En ce début de nouvelle année, une bonne résolution que pourraient prendre les vendeurs de PC (outre les trop classiques “plus de qualité”, “moins cher”, le tout avec les fesses de la crémière) serait d’enfin livrer des machines épurées en “crapware”, que certains francophones ont traduit en “merdiciels”, et qui désigne des logiciels de qualité, hum… très moyenne.

Tous ceux qui ont acheté un PC chez Dell, Packard Bell ou HP savent bien de quoi il s’agit. Parfois vaguement utiles, généralement pas, ces logiciels se distinguent aussi par le fait qu’ils s’attribuent presque toujours l’ouverture de fichiers très courants comme par exemple les images. Sans oublier qu’ils sont souvent difficiles à désinstaller par les moyens habituels.

Pourquoi les laisser prendre en charge par un simple visualiseur ? Faisons-les ouvrir par une suite d’édition ! Bon d’accord, ça prend 10 fois plus de temps à se lancer à chaque double-clic, mais ça incitera les gens à être créatifs !

Mais si on en reparle ces temps-ci, ce n’est pas seulement pour la nouvelle année en elle-même, c’est surtout parce que Vista, le Windows nouveau, arrive bientôt. Et chez Microsoft, on s’inquiète : beaucoup de ces crapware, dont la qualité laisse à désirer, risquent fort d’être incompatibles avec le flambant neuf Windows et ses 68 millions de lignes de code. Bah oui, même si elles ont été écrites dans la plus pure tradition de qualité propre à Microsoft (huhu), elles sont sensibles ces petites bébêtes. Et si les merdiciels du client ne marchent pas, qui ce dernier va-t-il contacter ? Le fabricant ou Microsoft ?

Craintes que réfutent bien évidemment pas les assembleurs de PC. C’est que le crapware, ça rapporte gros : les éditeurs de logiciels sont prêts à payer cher pour chaque PC vendu avec leur logiciel et ainsi profiter de l’effet de levier au moment de vendre des mises à jour… ou de vendre la licence une fois la démo expirée, procédé que Microsoft utilise lui-même avec Office 2003, au passage.

De toute façons, fabricants comme développeurs sont tranquilles. Microsoft le reconnait lui-même : “nous ne pouvons rien faire pour empêcher cela, car ce serait illégal.” Et le meilleur exemple qu’ils pourraient donner est probablement le leur : attacher Internet Explorer à Windows – et donc en forcer l’installation sur chaque PC -, en plus d’avoir été diablement efficace, a été blanchi par la justice. Eh oui, un nouveau cas de l’enc… pardon de l’arroseur arrosé.

Forts du point de vue de Microsoft sur la question, des reporters d’Ars Technica sont allés poser la question au cours d’une table ronde organisée par le constructeur Dell, à l’occasion du CES. Et comment a réagi le représentant de Dell ? En demandant aux personnes présentes la question combien ils seraient prêts à payer pour un PC sans crapware !

On aurait pu croire à une question réthorique, mais lorsqu’un des participants a proposé 60 dollars (45 euros), le monsieur Dell aurait répondu “vendu !”. Les autres propositions ont été repoussées, y compris une de 10 dollars. Conclusion : le bénéfice obtenu par Dell pour chaque machine doit avoisiner les 40 dollars.

45 euros… une jolie somme pour pouvoir disposer d’un ordinateur avec moins de choses néfastes dedans. Ca me fait penser aux yaourts “sans sucres ajoutés”, toujours plus chers que les autres. Encore un bel exemple de valeur ajoutée à partir de rien.