Archive pour novembre 2007

Rendons Hommage à l’Utile et à l’Action

mercredi 28 novembre 2007

Hear my despair, guardians of wisdom and courage,
The land you saved from the Great Curse calls you again.
Alas, the balance you restored may get defiled !
We met much time ago and parted near as soon.
Yet, time is like sea’s tide – history will repeat.
Fate can sometimes be an occult ruler indeed…
Once again, spread your wings, hop aboard, come to me.
Darkness will watch your step, but I shall be waiting…

Ces quelques lignes n’évoqueront rien à la plupart de mes lecteurs (pour ne pas dire (presque) tous), mais elles sont très importantes à mes yeux. Le fait qu’elles se soient matérialisées dans ma tête aujourd’hui-même m’apporte une confirmation dont j’avais grand besoin. Celle-ci postule qu’on peut tirer parti d’une situation où on a l’impression d’être dans le noir, et avec seulement une petite bougie, pour se concentrer sur les petites choses qu’on a délaissées depuis longtemps et qui sommeillent dans nos poches en attendant leur aboutissement.

Quelqu’un de cher m’a dit un jour qu’il n’y a qu’en arrivant au bout du tunnel qu’on peut en apercevoir la sortie, surtout s’il fait des virages. C’est fichtrement vrai… Et en attendant, il faut se trouver de quoi avancer malgré tout. Et ça fait un bien fou de se rendre compte qu’on y arrive, au moins de temps en temps.

Pour finir, une petite image, qui n’est théoriquement pas là pour faire joli, mais votre ignorance de mes activités créatives passées vous pardonne. Et puis bon, elle est quand même jolie, après tout.

Gravure

Quand le fisc joue à faire peur

dimanche 25 novembre 2007

Parmi mes lecteurs, je suis certain que ceux qui payent des impôts seront d’accord avec moi : recevoir une lettre marquée “Trésor Public”, ça provoque toujours une sensation désagréable. Une sorte de frisson qui part de la gorge et qui descend progressivement vers l’estomac. Car oui, le fisc n’envoit jamais de lettre pour savoir comment ça va, ou pour souhaiter de joyeuses fêtes. Il écrit pour réclamer des sous… ou alors pour annoncer que devant votre lenteur presque aussi grande que la sienne propre, il va venir les chercher lui-même.

Bref, recevoir une lettre des impôts, ça fait toujours un peu peur, et c’est bien logique. Cependant, cet effet peut se trouver amplifié par d’autres facteurs, comme par exemple la date de réception. Les trois tiers de l’impôt sur le revenu arrivent généralement en janvier, mai et septembre, tandis que la taxe d’habitation débarque début octobre. En novembre, alors qu’on est bien à sec, en général on n’entend plus parler du fisc et on essaye de mettre un peu de côté pour Noël.

Eh bien figurez-vous que cette semaine, j’ai reçu une lettre du Trésor. Mi-novembre… pas bon signe, ça. Bon, tant pis, j’ouvre la lettre, au risque de me mettre en retard et louper mon train. Et voilà ce devant quoi je me retrouve :

Lettre du Trésor Public (pliée)

GASP !! “DEVAIENT être payées” ? Tout contribuable normalement consitué a une terreur enfouie qui rejaillit à chaque courrier des impôts : celle de l’impayé, qui fait tout de suite penser au redressement. Là, ce n’est plus un frisson qui me parcourt, mais carrément un noeud qui se propage. Urkgh !

Et puis, les mains tremblantes, je finis de déplier la lettre. Et voici la suite du fameux document :

Lettre du Trésor Public (dépliée)

Pfffiouh. Ce n’était donc qu’une publicité. Zen, Celeri. Keep cool. Respire un bon coup. Tu es encore un bon citoyen qui a honoré son devoir de contribuable. Et réciproquement.

N’empêche que bon, il y a de quoi se demander si la mise en page du document et notamment l’emplacement du pli ne sont pas innocents. Le fisc sait qu’il fait peur, et il n’est pas impossible qu’il cherche parfois à s’en amuser ?

Recette de cuisine physiologique

mardi 20 novembre 2007

Chez un sujet humain masculin pas très athlétique mais bien portant, aux tendances un peu pessimistes mais plein de bonne volonté :

– instaurez la pratique régulière d’un sport exigeant en terme de souffle, d’appuis sur les genoux et de mouvements du bras qui tient la raquette ;

– distillez un gros nuage de peur de l’avenir, inspirée par la disparition subite d’un cadre de vie sentimentale qui avait fait de l’âme du sujet un hâvre trompeur de tranquillité et d’insouciance ;

– faites s’évaporer une bonne poignée de confiance en soi, et faites planer l’ombre du retour d’une maladresse humiliante qui appartenait au passé ;

– insufflez la sensation d’un besoin insatiable de prendre l’air, de marcher, et de parler, y compris à soi-même si les contingences interlocutoires n’offrent pas mieux ;

– installez une bonne crève dont la toux qu’elle engendre prendra pas moins de deux semaines avant de s’en aller ;

– faites goutter l’équivalent de plusieurs dizaines de récipients d’eau fuyant d’un tuyau vers le plancher pour faire apprécier au sujet le bonheur de devoir gérer un dégât des eaux auprès de son propriétaire et de son assureur, et ce bien sûr pile poil où il est en vacances pour la semaine à 500km de là ;

– immobilisez des millions de bits en rendant sa ligne téléphonique subitement défectueuse, le privant de sa connexion au net et l’obligeant à recourir à l’aide de ses voisins du dessus pour partager leur accès, en attendant que des techniciens acceptent de se bouger les fesses ;

– décidez de la nécessité d’une formation professionnelle dont les moyens sont ridicules, les pré-requis largement sous-évalués par rapport au temps d’apprentissage et l’examen final de “certification” une vaste blague ;

– mettez en évidence le côté précaire de la vie de consultant informatique en rendant aléatoire la gestion des budgets servant à confier des missions aux prestataires dont on dit pourtant grand bien de leur travail ;

– provoquez des jours entiers de grêve des transports empêchant le sujet d’aller réaliser les travaux qu’on lui demande en attendant une hypothétique mission de longue durée ;

– enfin, encouragez l’estomac maître de céans à se faire tout petit.

Bilan (entre deux visites médicales mi-septembre et mi-novembre) : 13 kg envolés, sans sensation de faim ni baisse apparente de forme physique. L’esprit a un peu plus de mal, mais il s’accroche et arrive à rester positif.

Moralité : pour la ligne, le frein c’est bon, rongez-en.

Eh oui, Bill Gates fut un débutant

samedi 17 novembre 2007

“Votre potentiel, notre passion”, dit le slogan de Microsoft depuis quelques années déjà. Mais récemment, le site officiel de l’entreprise s’est mis à montrer une étrange affiche, que voici :

Bill le débutant

Eh oui, nous avons tous débuté un jour, et notamment en programmation, pour ceux d’entre vous qui ont déjà eu l’occasion de pratiquer cette activité. Sauf que, le saviez-vous, Monsieur Bill, ici présent, n’a jamais vraiment dépassé le stade de débutant…

A l’époque où les médias cherchaient encore à savoir exactement ce que Bill avait déjà codé, lorsqu’on lui posait la question de savoir quel était son plus beau fait d’armes numériques, il répondait du tac au tac : “le basic pour l’Altair !” Hmouais. Sauf que l’histoire est à nuancer, dans la mesure où c’est son ami et associé, Paul Allen (un vrai programmeur, lui par contre), qui l’a réalisé presque entièrement dans l’avion qui les conduisait chez MITS, en Arizona, où ils étaient justement censés en faire la démonstration du bon fonctionnement.

Soit dit en passant, si Bill Gates n’a pas créé le Basic pour l’Altair cette fois-là, il a en revanche inventé le vaporware, terme désignant depuis la pratique consistant à annoncer la disponibilité d’un produit même lorsqu’on sait qu’il n’existe pas et n’est même pas à l’état d’ébauche, simplement pour influencer les décisions des divers acteurs du marché.

Que tous les fans de MicroMou se rassurent, je ne cherche pas à jeter l’opprobre sur mon ami Bill dans cette note. Il n’a jamais été un vrai programmeur mais s’est révélé être un excellent marchand de galettes en plastique et de boîtes cartonnées.

Nous dirons donc que la photo de cette campagne a juste été mal choisie. En même temps, il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’autres têtes connues chez Microsoft. Ah si, une. Mais vous imaginez ce que ça aurait donné avec celle-ci ?

Steve le débutant

Chopper la grève en allant à Paris

mercredi 14 novembre 2007

Dites, dites, vous étiez au courant, vous, qu’aujourd’hui c’était la grève dans les transports ? … ah ouais, c’était prévu ? Vous êtes sûr ? … en même temps, moi je n’ai plus de connexion internet chez moi depuis hier matin, donc je n’ai pas pu lire les infos hier soir, voilà. Bon, d’accord, ça en parlait un peu ça et là, de ces histoires de régimes spéciaux qu’il faut faire plier le gouvernement sinon ça y est on va perdre nos privi… euh les acquis sociaux. Mais pas au point de prévoir des gros blocages, si ?

Allez, trève de naïveté, aujourd’hui, c’était jour de prise en otage des voyageurs. Et comme votre serviteur travaille en ce moment en une banlieue particulièrement mal desservie, l’annonce du trafic nul sur le RER B lui a donné une raison de ne pas y aller. On pourrait donc croire qu’il allait rester tranquillement chez lui comme un légume. Que nenni ! La journée étant belle et l’envie de se promener se faisant pressante, il décida d’aller à Paris après un détour par le parc de Saint Cloud.

“On tombera bien sur un bus sur la route, ou au pire on ira jusqu’au métro”, se disait-il. Mais même devant l’absence totale de bus 171 et de métro 9 à rapporter, il ne se laissa pas abattre. C’est à ce moment qu’il élucubra sa devise de la journée : “on emmerde les grévistes !” et prit pour objectif d’atteindre Champ de Mars. Pourquoi cet endroit ? Parce qu’il est assez facile de ne pas le perdre de vue : il suffit de suivre la grande antenne métallique triangulaire posée dessus.

Arrivé là, il pensa qu’il était peut-être temps de prendre le chemin du retour. Mais comme il est d’une nature assez paresseuse et réchignait à faire le même trajet en sens inverse, il opta pour prendre un hypothétique train à Montparnasse, lequel lui fut apparemment accordé bien volontiers par le destin, sans doute séduit par l’effort fourni pour en arriver là.

Voici donc l’itinéraire suivi par le légume le plus vagabond de tous les temps (ne prêtez pas attention aux points blancs) :

Comment ça marche, un celeri ?

Pour ceux qui se posent la question, d’après Google Maps, ce trajet représente un peu plus de 18 km et m’a demandé en tout environ 4 heures, avec 3 courtes pauses d’une dizaine de minutes chacune. Ce n’est pas la première fois que je m’étonne de la vitesse à laquelle je marche quand je me promène tout seul.

Pour finir, quelques remarques sur cette sympathique journée :

– rubrique “trouvons des effets bénéfiques à la grève” : par rapport à un jour normal, étrangement peu de voitures dans la capitale, mais un nombre très élevé de vélos. Ca fait plaisir à voir.

– rubrique “maintien de la propreté de la Seine” : j’ai transmis aux autorités municipales le signalement du touriste à casquette rouge qui a balancé un sac plastique au-dessus de la rembarde du bâteau-mouche qui est passé devant la Maison de la Radio à 15h41 précises. Faut pas déconner, quand même.

– rubrique “insécurité en ville” : faisez gaffe aux pigeons du Champ de Mars. Si vous avez le malheur de vous balader avec quelque chose à manger, ils n’hésiteront pas à vous sauter dessus pour vous racketter !

– rubrique “je le savais bien” : les restos japonais ont poussé comme des champignons en quelques années… tout au long de mon chemin, j’en ai repéré une bonne quinzaine !

– rubrique “le bon sens, tu connais ?” : quand on marche trop et trop vite, ça fait mal aux jambes.

– rubrique “oui, je connais, merci” : quand on dort, on se repose.

Le tiers-monde pourra jouer à Sim City

samedi 10 novembre 2007

Etrange initiative que celle d’Electronic Arts : l’éditeur de jeux vidéo vient d’annoncer qu’il comptait offrir le jeu Sim City au programme “One Laptop Per Child”, autrement connu sous le nom de “PC à 100 dollars”, afin que tous les utilisateurs puissent en bénéficier gratuitement.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’initiative OLPC, rappelons qu’il s’agit d’une association américaine qui entend fournir des petits PC portables pas chers aux enfants des pays du tiers-monde afin de leur permettre d’accéder aux ressources éducatives de l’internet (Wikipédia, par exemple, est particulièrement mise en avant).

La version du jeu ainsi promise est l’originale de 1989, qui avait en son temps séduit de nombreux joueurs.

SimCity

On peut supposer que cette initiative “philantrope” soit surtout un moyen de se faire un bon coup de pub. Quoi de mieux, en effet, pour captiver l’attention des jeunes enfants, qu’un jeu vidéo dont le recyclage ne coûtera presque rien ? Et puis si c’est pour éduquer les nouvelles générations à l’architecture urbaine telle qu’on l’envisageait à la fin des années 80, l’intérêt pédagogique semble assez limité.

SimCity a été un hit instantané et est longtemps resté une référence en matière de jeux de gestion. En fait, il n’a été supplanté que par son successeur direct en 1993, SimCity 2000. Beaucoup plus abouti à tous les niveaux, on se demande d’ailleurs pourquoi ce n’est pas cette version-ci qui a ainsi été “donnée”, puisqu’elle a cessé d’être commercialisée il y a longtemps aussi… peut-être parce qu’on peut y créer de l’eau à volonté, et que ça serait perçu comme trop cynique ?

Formationnez-vous, il en restera toujours quelque chose !

jeudi 8 novembre 2007

A mes (rares zé éventuels) lecteurs qui se demanderaient pourquoi je n’ai plus posté depuis deux semaines alors que j’étais sur une lancée qui pouvait laisser croire que je faisais enfin de mon blog un vrai blog…

Rassurez-vous, le Celeri-râleur-chronique n’est ni mort, ni boudeur, ni en panne d’ordinateur. Et il n’est pas en vacances non plus. En fait, il n’est PLUS en vacances. Nuance. Mais en fait, ce n’étaient même pas vraiment des vacances, puisque j’étais à un endroit, certes un peu cambroussard, mais avec quand même l’ADSL, un routeur WiFi, et quatre ordinateurs. Bref, pas vraiment d’excuses, mais ce n’est pas grave, hein ?

Venons-en à ce que je fais en ce moment. Car même si je suis de retour, je travaille sans être productif : je suis en formation pour devenir “senior engineer” d’une certaine marque d’équipements réseau. Les connaisseurs savent que ce genre de cursus réserve toujours des surprises. Que ce soit le sujet du cours qui est traité d’une façon inattendue (commerciale pour un ingénieur, par exemple), le niveau qui diffère de celui qu’on veut préparer, le formateur qui ne parle que l’indo-sino-japonanglais, les supports de cours qui ont l’air de parler du cours de la salle d’à côté, on est toujours étonné. La surprise fait partie de la routine, en quelque sorte.

Mais là, je dois avouer que cette semaine, j’ai été saisi par le côté… hum… vraiment original de la formation que j’ai reçue. Par exemple, je suis sûr que quand on vous parle de “salle de formation informatique”, vous pensez à quelque chose comme ça :

Salle de formation (théorique)

Eh bien voilà une photo de ce à quoi votre serviteur a eu droit :

Salle de formation (pratique)

Avouez que la nuance a de quoi saisir. Admirez la disposition des équipements à interconnecter et configurer… et l’agencement des outils de travail des pauvres habitués au luxe que nous sommes, nous les occidentaux. Mais le pire n’était pas tant la place qui manquait, mais les câbles réseau qui étaient prévus en quantité ridicule. Dès le premier TP, il s’est révélé indispensable d’aller piller l’armoire de brassage du bureau (car c’en était un, vous l’aurez deviné). Et le lendemain, un participant, habitant non loin de son bureau, avait eu l’idée salvatrice d’aller y en chercher une bonne vingtaine.

Concernant le formateur, qui est chinois et parle anglais avec un accent assez difficile, il s’avère être quelqu’un de très compétent et de patient. Et c’est heureux car, autre curiosité, la formation en question, en Chine, dure 12 jours (10 de formation, 2 d’examens). Pour nous français, elle a été ramenée à… 5 jours (4+1) ! Inutile de vous dire qu’avec un tel timing, les slides défilent à la vitesse grand V, quand ce ne sont pas des chapitres entiers qui sont purement et simplement “oubliés”. Pour vous donner une idée, on doit passer au plus 1 ou 2 minutes sur des trucs comme ça :

Schéma réseau 1

Schéma réseau 2

Heureusement, il y a tout de même une bonne nouvelle, dans cette histoire. A ce que j’ai pu comprendre, dans un souci d’égalité des chances (et aussi une apparente nécessité de disposer d’ingénieurs certifiés en France malgré une pénurie évidente de moyens), les examens de certification de demain seront à la hauteur de la formation. Je n’ai pas pu obtenir de détails malgré mes questions, mais j’en ai retenu un assez évocateur “don’t worry, don’t worry”.

Je vous tiendrai au courant des résultats en commentaire si ça vous intéresse. En attendant, j’hésite entre réviser et aller au dodo.