Archive pour mai 2010

31 mai : Koyasan, encore

lundi 31 mai 2010

Le but de notre visite au Mont Koya n’était pas que passer une nuit dans un ryokan, c’était aussi de visiter les temples situés aux alentours. Aussi, après un second kaiseki, mais cette fois en version petit-déjeuner (servi à 7h du matin), nous avons entamé notre exploration.

Le premier site visité fut le temple Kongobuji. Construit en 1593 par Toyotomi Hideyoshi, il s’appelait alors Seiganji. Reconstruit en 1863, la restauration de Meiji quelques années plus tard fut l’occasion de lui donner le nom “Kongobuji” comme reconnaissance de son statut de temple le plus important de la secte Shingon. L’intérêt de ce temple est que son bâtiment principal est presque intégralement visitable de l’intérieur. On peut flâner dans les couloirs en suivant un parcours prédéfini mais pas obligatoire, et les salles sont ouvertes. Avec de la chance, on peut même assister à une cérémonie du thé en bonne et dûe forme !

Le second site, également très important, est Danjo Garan. En réalité, il s’agit d’un groupement de trois grands temples : Kondo, Fududo et Konpon. Sous ce dernier nom se cache une des plus jolies pagodes que j’ai pu admirer pendant tout mon voyage. Visiblement refaite (ou du moins repeinte) récemment, elle est proprement magnifique de par sa taille et ses couleurs. Qui plus est, sa salle principale est visitable… mais pas de photo autorisée ! :( Ce site est tout simplement bluffant, on se sent tout petit devant de telles structures ayant franchi les siècles.

Après cette visite, il était temps de repartir vers Osaka. Pour cela, il faut d’abord prendre un bus qui parcourt une route sinueuse au possible, puis un funiculaire qui descend une forte pente jusqu’à la gare où on peut enfin prendre le train. Ouf !

30 mai : Shirahama & Koyasan

dimanche 30 mai 2010

La fin du séjour nous a paru le meilleur moment pour essayer quelques ryokan, ces auberges typiquements japonaises qui contrastent des hôtels à l’occidentale par leur confort, la proximité du personnel, et l’agencement des pièces. On trouve notamment des futons à la place des lits, des chaises et tables à ras du sol, et ces portes coulissantes en papier décoré.

Le premier ryokan que nous avons donc essayé est situé à Shirahama, une station balnéaire très courue des japonais qui viennent profiter de ses plages, de ses sources chaudes et de sa vie nocturne. À noter que le sable blanc des plages, très esthétique au demeurant, n’est pas naturel : il est importé d’Australie. Nous ne sommes restés à Shirahama que du soir au matin, mais j’ai néanmoins pu me balader le long de la côte et en prendre quelques photos, dont un panoramique qui a toute ma fierté.

Shirahama

Destination suivante : le Mont Koya (“Koyasan”). Il ne s’agit pas d’une montagne particuière mais plutôt d’une région montagneuse située au sud d’Osaka. Elle est le berceau et le quartier général de la secte bouddhique Shingon qui chapeaute pas moins de 120 temples et une université dédiée aux études religieuses.

Le ryokan dans lequel nous avons séjourné a pour nom Rengejo-in et est géré et tenu par des moines. On pourrait croire que le confort des chambres est spartiate, mais il n’en est rien. Beaucoup plus spacieuses qu’à Shirahama, et avec beaucoup plus de goût, l’auberge de la station balnéaire fait pâle figure à côté. L’ensemble du bâtiment est digne des temples visités un peu partout jusqu’ici, et toujours dans un état impeccable. Le jardin est un régal à regarder, et notamment ses dessins sur graviers très impressionnants.

C’est ici que nous avons eu droit à notre premier kaiseki, c’est à dire cette façon de présenter les repas sur des tables ou des plateaux couverts de petite vaisselle remplie d’un ou deux mini-portions. Religion oblige, menu végétalien pour tout le monde : ni viande, ni poisson, ni oeufs, mais des légumes, des fruits et du tofu à toutes les sauces. Un grand moment, ne serait-ce que pour la présentation visuelle du repas.

Plus d’informations sur Koyasan, avec une visite plus approfondie du site dans la note de demain.

29 mai : Kii-Katsuura

samedi 29 mai 2010

Kii-Katsuura est une petite ville dont le principal attrait touristique est Nachi-no-Taki, la plus haute cascade du Japon (133 mètres). Le sanctuaire Naichi-Taisha a été érigé non loin en l’honneur du kami (divinité shinto) de cette cascade. Mais la visite de ce dernier n’est pas sans effort : un petit chemin boisé partant de la cascade monte de manière assez abrupte sur quasiment un kilomètres.

Kii-Katsura

Sur le chemin du sanctuaire, on tombe notamment sur une pagode à trois étages qui a l’immense qualité d’être visitable, aussi bien à l’intérieur que sur ses balcons. La vue offerte sur la vallée, la cascade, et même le sanctuaire à quelques centaines de mètres plus haut est formidable. Après la visite du sanctuaire dont quelque temples sont ouverts au public, on peut rejoindre la ville par un petit chemin constitué d’une série d’escaliers qui serpente au milieu d’échoppes vendant nombre de babioles d’artisanat local.

Kii-Katsura

Si vous pensez avoir tout vu en matière de cascades, je vous invite cordialement à venir voir celle de Nachi. Non seulement sa hauteur, mais également sa façon de s’écraser sur les grands rochers en contrebas lui confèrent une majesté et une élégance difficiles à égaler. On comprend aisément que les japonais, très pieux face aux esprits de la nature, voient en cette cascade un symbole de leur puissance. Le sanctuaire est quant à lui une merveille d’intégration au terrain très pentu… Et puis ce n’est pas tous les jours qu’on peut entièrement visiter une authentique pagode shinto !

Kii-Katsura

28 mai : Ise, la ville sacrée

vendredi 28 mai 2010

Ise, dont l’ancien nom était Ujiyamada, est une ville située au sud-est de la préfecture de Mie. Sa principale caractéristique, pour le touriste, est d’abriter le Ise-jingu, le sanctuaire le plus sacré de tout le Japon.

Ce sanctuaire est divisé en deux entité distinctes et séparées de 6 kilomètres environ : les sanctuaires “extérieur” (geku) et “intérieur” (naiku). Pour des raisons pratiques, nous n’avons pu visiter que le second. Dédié à Toyouke-Omikami, déesse de la nourriture, du vêtement et du logis (les trois besoins vitaux). Ce sanctuaire est considéré comme le plus beaux des deux, même si toute sa partie centrale reste inaccessible au grand public. Seul l’empereur et quelques moines y ont accès. De hautes palissades empêchent tout regard indiscret, même si quelques toitures peuvent être aperçues par endroits. L’entrée de la partie centrale est gardée par de grand rideaux, qui rendent la porte visible lorsqu’il y a du vent.

Malgré cette limitation, ce sanctuaire reste une visite enchanteresse : la communion des énormes structures de bois et de la nature est saisissante, et l’harmonie qui s’en dégage est vraiment agréable à l’oeil. On se retrouve facilement à flâner pendant des heures malgré la relativement faible surface accessible. Parfois un daim peut être aperçu en train de fouiner dans un morceau de forêt, ou en train de traverser un chemin : l’animal y est sans doute au moins aussi sacré qu’à Nara ou à Miyajima…

27 mai : Hiroshima & Miyajima

vendredi 28 mai 2010

Vous vous souvenez du fait que Nagasaki etait une cible secondaire au moment du largage de la première bombe atomique de l’histoire ? Sachez qu’Hiroshima, elle, était une cible tout à fait prioritaire, principalement parce que cette ville contribuait beaucoup à l’industrie de guerre, hébergeait une bonne partie de la garnison armée japonaise, et enfin ne détenait aucun prisonnier de guerre allié. C’est donc le 6 août 1945 à 7h15 du matin que l’Enola Gay fit exploser Little Boy. Le résultat est ici, dans cette photo panoramique publiée au musée commémoratif de ce triste événement :

Hiroshima

Avec tout le respect que nous avons pour l’Histoire, nous ne nous sommes pas éternisés dans ce musée qui glace le sang. Tout y est fait pour vous dégoûter de l’utilisation du nucléaire dans les armes de guerre, et il y parvient très efficacement. Nous avons donc décidé de passer le reste de la journée à Miyajima, une île considérée comme un des trois plus beaux points de vue du Japon.

Miyajima

Située à l’ouest de la baie d’Hiroshima, mérite réellement sa renommée. Les plages y sont bien aménagées, la vue sur les îles environnantes est saisissante, et on ne peut que rester muet devant un tel spectacle. Tout comme à Nara, bon nombre de daims se promènent parmi les passants et n’hésitent pas à renifler les sacs en quête de nourriture…

À quelques centaines de mètres du port se trouve le sanctuaire d’Itsukushima ainsi que son fameux Torii Flottant. Tous deux ont les pieds dans l’eau à marée haute et semblent flotter. À l’origine destiné à accueillir les bateaux arrivant sur l’île, il est aujourd’hui devenu un ornement. Pas de chance, nous aurons vu le torii surtout à marée basse, dans la vase, l’eau commençant juste à monter au moment du départ ! Ça reste néanmoins un monument unique de par sa taille et son emplacement, et il attire le regard en permanence.

Miyajima

Autre attraction de l’île : ses sites en hauteur, qu’on peut atteindre en marchant quelques heures ou en prenant un réseau de téléphériques. La vue de là-haut est royale sur toute la baie et les îles environnantes, et elle ferait presque oublier de visiter les temples construits au flanc de la montagne. La marche pour les atteindre est difficile, mais vaut clairement l’effort. Le cadre est beau et tranquille à la fois, et on finirait par se sentir presque proche de la zenitude !

Miyajima

En résumé, si vous passez par Hiroshima, ne manquez surtout pas de passer par Miyajima. C’est un véritable paradis pour les yeux et s’y promener est un régal.

D’ailleurs à propos de régal, c’est à Hiroshima que j’ai mangé mon tout premier okonomiyaki. Ce plat typiquement japonais consiste en une tranche plus ou moins fine de pâte à crêpe garnie de chou, de soja, ainsi que d’autres ingrédients adaptables selon les restaurants et les régions. Celles d’Hiroshima étant réputées pour intégrer des nouilles, elles m’avaient été chaudement recommandées. Conseil suivi, donc. Et dans le restaurant où nous étions, on les dégustait directement assis à la table de cuisson, avec une petite pelle. Pas de fioriture, juste un délice à l’état pur. Miam.

26 mai : Shimonoseki

mercredi 26 mai 2010

C’est un passage plutôt rapide que nous avons effectué par la ville de Shimonoseki, située tout à l’ouest de Honshu, l’île principale du Japon. C’est une petite ville portuaire très connue pour son marché aux poissons (hélas fermé pile le jour de notre visite… pas de chance !), mais également pour son pont suspendu qui relie Honshu à Kyushu, l’île de l’ouest. Certes, il n’est pas le plus long du monde, mais sa hauteur et son aspect sobre lui donnent une belle prestance.

Shimonoseki

Une curiosité dont je n’avais pas connaissance en y débarquant : la mascotte de la ville n’est autre que le fugu, un poisson connu également sous le nom de poisson-globe et qui a la particularité de disposer d’une poche de poison face à laquelle le cyanure fait pâle figure : la tétrodotoxine. La chair du fugu est comestible, mais elle doit être découpée par un expert diplômé (authentique !). Ce gros poisson est fièrement arboré partout dans la ville, que ce soit en statue, en dessin, et même sur les cabines téléphoniques ou le motif des sièges de bus… L’overdose même sans en manger n’est donc pas loin !

Shimonoseki

Nous avons pu visiter deux sanctuaires dans la ville, Kameyama (construit en 859) et Akama (construit en 1191), tous deux en haut d’une colline d’où on voit très bien l’océan, ainsi que l’observatoire situé au 40ème étage (143m) d’une tour très moderne. La vue sur la ville, son port ainsi que le pont vers Kyushu est tout simplement époustouflifiante, et j’espère que mes petits panoramas lui rendent un hommage suffisant.

Shimonoseki

La suite du voyage se passe à environ 200 kilomètres vers l’ouest, dans une autre ville japonaise dont tout le monde connaît le nom : Hiroshima. À bientôt !

25 mai : Nagasaki, la suite

mardi 25 mai 2010

Aujourd’hui, nous étions pressés par le temps, et plus précisément par les horaires de train, ce qui fait que je n’ai eu que la matinée pour poursuivre mon exploration de Nagasaki. Mais ces quelques heures ont suffi pour en voir beaucoup, et notamment le quartier des temples, situé au sud. Trois sanctuaires sont particulièrement intéressants : Suwa, Sofukuji et Kofukuji.

Tous trois furent construits dans la première moitié du XVIIème siècle, à une époque où la “prohibition” gouvernementale du christiannisme était très forte, les prêtres et les fidèles étant traqués et persécutés par le pouvoir shogunal des Tokugawa. Afin de marquer leur éloignement par rapport à l’église chrétienne, les résidents firent construire plusieurs temples afin d’affirmer leur appartenance au bouddhisme ou au shinto.

Nagasaki

Suwa fut le premier, et reste le principal édifice religieux de Nagasaki encore aujourd’hui. Nagasaki étant la seule ville japonaise à être ouverte aux étrangers, il fut volontairement conçu très grand et magnifique afin d’impressionner les autres communautés de la profonde identité japonaise. Les deux autres, Kofukuji et Sofukuji, sont pour leur part des temples édifiés pour les résidents chinois, le second étant le plus fidèle à l’esprit et à l’architecture chinoise de l’époque.

Nagasaki

Presque au milieu de ces trois édifices s’en trouve un quatrième plus inattendu : il s’agit d’un pont. Le Meganebashi, surnommé “Spectacle” (mot signifiant “lunettes” en anglais) car le reflet sur l’eau de sa double arche lui donne un aspect de lunettes, est connu pour être le seul pont qui soit quasiment d’origine parmi tous ceux traversant la rivière Nakashima. Il a résisté aussi bien à la bombe atomique qu’à la grande crue de 1957 qui a ravagé tous les autres ponts. Depuis 1958, il est considéré comme un des trésors culturels du Japon.

Voilà qui clôt le chapitre Nagasaki de ce voyage. Prochaine étape : Shimonoseki, la ville portuaire et poissonnière…

24 mai : Nagasaki

lundi 24 mai 2010

Destination du jour : Nagasaki. Cette ville est beaucoup moins connue pour son intérêt touristique que pour sa triste histoire. Et c’est bien dommage, vous pouvez me croire.

Nagasaki n’est pas seulement la seconde et dernière (à ce jour) ville à avoir connu une attaque nucléaire. C’est avant tout la plus grande ville de la préfecture du même nom, et compte aujourd’hui plus de 400 000 habitants. Fondée il y a un presque 500 ans par les portugais, le petit village isolé prit vite de l’essor grâce à la communauté chrétienne et marchande restée en place. Les échanges commerciaux et culturels avec l’Europe mais aussi la Chine en firent rapidement une zone dont le pouvoir inquiéta même le pouvoir en place à la fin du XVIème siècle, qui fit expulser les missionnaires mais pas les marchands.

Sa prospérité connut alors un long moment de ralentissement, bien que les hollandais y poursuivèrent discrètement leur commerce. Nagasaki devint un port libre en 1859, à la restauration de Meiji. Son expansion put alors reprendre, jusqu’à ce fameux jour. Le 9 août 1945. Bockscar, un B-29 de l’armée américaine, survole trois fois de suite la vile de Kokura, sa cible de destruction massive. La visibilité étant trop mauvaise, ordre lui est donné d’attaquer sa cible secondaire, Nagasaki. Là aussi, les nuages empêchent un largage. Au dernier survol avant l’annulation de la mission, une éclaircie fatale scelle le destin de la ville.

Le reste est une histoire de courage et de manches relevées. La ville a été entièrement reconstruite, et un mémorial conscré à cette tragédie a été construit tout autour de l’épicentre de l’explosion. Quelques débris ont également été laissés tels quels, comme un torii dont seule une moitié est restée en place. Aujourd’hui, Nagasaki est une ville à même de capter l’attention du visiteur étranger, de par son côté provincial et chaleureux. Nous aurons l’occasion d’en reparler très bientôt.

Nagasaki

23 mai : Inari et Gion

dimanche 23 mai 2010

Hier, dimanche, et ce dès le matin, la pluie était entrée en scène, et de façon radicale. À aucun moment de toute la journée l a pluie ne s’est arrêtée, et elle continuait encore le lendemain. Et je ne vous parle pas d’une petite pluie comme celle qu’on connaît la plupart du temps en France, hein. Là je vous parle bien de pluie forte et dense, qui parvient même à passer au-travers des parapluies en tissu. Une journée où on finit mouillé quoi qu’on porte et quoi qu’on fasse. Mais ça ne nous a pas empêchés d’aller visiter deux quartiers de Kyoto fort intéressants : Inari et Gion.

Fushimi Inari-taisha est le nom du principal sanctuaire du quartier Inari. C’est un sanctuaire shinto, mais pas comme les autres. La première de ses deux originalités tient de sa géographie : il se tient sur le flanc d’une colline et occupe un très grand espace : pas moins de quatre kilomètres de chemins peuvent être parcourus par le visiteur qui veut en faire le tour. Ensuite, Inari se caractérise par le nombre de ses torii, le nom donné à ces hauts portails de couleur vermillon typiquement shinto marquant en général l’entrée d’un temple. N’espérez pas les compter, ce sont plusieurs milliers en-dessous desquels vous passerez ! Tous ces torii sont là suite à des dons effectués par des gens afin d’honorer Inari, le kami protecteur des céréales et, par-là même, symbole de la richesse.

Inari

Tout en haut du chemin se trouvent de grands amas de pierres, apparemment des stelles, entourant de petits temples shinto, lesquels sont souvent gardés par deux statues de renard (“kitsune”), l’autre grand élément récurrent de ce sanctuaire. Ce lieu est tellement envoûtant et magnifique que la pluie battante ne nous a pas empêché de le visiter entièrement, et d’en ramener un bon paquet de photos. Pour la petite histoire, ce sanctuaire est mentionné dans le roman “Les Mémoires d’une Geishas”, qui semble avoir eu un certain succès chez nous.

Inari

Dans l’après-midi, c’est un autre quartier que nous avons exploré, hélas un peu rapidement par manque de temps : Gion. Anciennement érigé pour servir de halte aux visiteurs du sanctuaire de Yasaka, c’est sous le signe du rafinement traditionnel qu’il a commencé à se faire connaître, notamment par la présence de nombreuses geishas. C’est toujours le cas aujourd’hui, même si leur nombre tend à baisser avec les années. Gion est ainsi devenu une référence culturelle, voire une icône nostalgique des arts passés. Certaines ruelles sembletn restées dans leur état de l’époque shogunale, si on fait abstraction des câbles reliant les habitations aux pylônes électriques et téléphoniques.

Gion

22 mai : Nara

samedi 22 mai 2010

Petit changement de progamme : au lieu de poursuivre notre exploration de Kyoto, la météo des jours prochains étant annoncée comme mauvaise, nous avons décidé d’aller à Nara aujourd’hui même. Nara est, à l’instar de Nikko, une petite ville dont la renommée est unanimement saluée, en grande partie grâce à son fameux parc, lequel abrite bon nombre de temples et sanctuaires d’époque, certains encore en parfait état de conservation.

Commençons par parler du parc lui-même. Plus que sa verdure et son l’ordonnancement très agréable de ses petits étangs, il est avant tout très célèbre grâce à ses quelque 1200 daims qui y habitent en liberté quasi-complète. À l’époque où Nara était la capitale du Japon (avant Kyoto), ces animaux étaient considérés comme des messagers des dieux, et quiconque en tuait un était passible de peine de mort… Ensuite, ils sont restés considérés comme des animaux sacrés. Tout le monde, et à commencer par les visiteurs, prend donc grand soin de ces ongulés calmes et placides, qui ne demandent qu’à être caressés… et surtout nourris. Les vendeurs sur place proposent d’ailleurs des sortes de crackers spécialement à cet effet.

Première grande étape de la journée : Todai-Ji. Temple bouddhique de rite shingon son nom complet est Kegonshūdaihonzantōdaiji. Réalisé entre 745 et 752, il est d’une remarquable esthétique externe et d’une envergure sans pareille au cours des premiers siècles de culte bouddhiste au Japon. Dans l’enceinte du temple se trouve la plus grande construction en bois au monde, le Daibutsuden (salle du Bouddha), qui abrite une statue géante appelée Daibutsu. C’est dans ce temple que se trouve la fameuse Narine de Bouddha, un trou creusé dans un pilier qui est de la même taille que la narine de la statue : la légende dit que seules les âmes pures arrivent à s’y faufiler… sachant que seul un enfant peut le faire, inutile de vous dire que chaque année, les secours ont plusieurs fois à intervenir pour débloquer un téméraire illuminé !

Deuxième étape : Kasugataisha. Temple shinto dont la construction s’est achevée en 768, il a plusieurs fois brûlé et été reconstruit au cours des siècles. Il est notamment connu pour sa très riche collection de lanternes en bronze (à l’intérieur de l’enceinte) et en pierre (à l’extérieur). Il abrite également le mausolée de la famille Fujiwara, une des grandes familles qui régnaient sur le Japon au siècle précédent. Durant notre visite, nous avons eu la chance d’assister à un véritable mariage au sein du temple, ce qui donnait un ton encore plus solennel à la découverte de ce haut lieu de culte.

Enfin, la troisième visite fut celle de Kofuku-Ji. Il s’agit d’un des tout premiers temples installés à Nara, au cours du VIIème siècle. Il abrite une statue de Bouddha Shaka, commandée par Kamatari Fujiwara en 645. Ce temple-ci brûla lui aussi plusieurs fois, mais il est une des rares structures religieuses qui ont conservé leur architecture d’origine. Un peu plus loin, on trouve une pagode à cinq étages, d’une hauteur réellement impressionnante, et qui date de 1426, et parfaitement conservée. Se trouver devant inspire un profond sentiment d’humilité, comme vous pouvez vous en douter.

Voilà pour cette journée à Nara, la capitale qui était devenue trop religieuse pour que l’empereur continue d’y habiter. Même les gens guère pieux ni sensibles au souffle divin ne peuvent que rester coi devant la majesté de ces constructions traversant les âges et – hélas ! – les destructions. Mais telle est la façon de voir les choses au Japon : seuls les dieux sont éternels, les hommes et leurs ouvrages sont temporaires et doivent parfois être remplacés. D’où l’importance de lieux comme Nara ou Kyoto, qui sont les viviers de transmission du savoir traditionnel et culturel.