I-13 (27/01/2002) : Le droit d’ôter les droits


C’est donc la semaine dernière que s’est ouvert le portail PressPlay, issu d’une collaboration entre 4 groupes, chacun spécialisé dans une aspect de la chaine musicale typique. Tout d’abord Yahoo, qui s’occupe du site-portail et de la communication, ensuite MSN Music pour le streaming des ecoutes-test, puis le service MP3.com pour les fichiers téléchargeables et enfin Roxio pour graver lesdits fichiers et se faire ses propres compilations sur CD.

A première vue, tous les ingrédients semblent rassemblés pour donner l’impression qu’on a ici affaire à un service complet, convivial et bien fourni. Mais en y regardant de plus près, qu’y voit-on ? Et ma réponse (personnelle, bien entendu) de claquer, terrible : ni plus ni moins qu’une preuve que les droits d’auteur sont devenu le véritable maillon faible du développement du Réseau ! Et ce n’est pas les maigres différences entre les législations américaines et européennes dans ce domaine qui vont changer grand-chose à cet état de fait.

Car en voulant uniformiser la protection des droits musicaux avec les critères de défense des autres activités artistiques, le résultat ressemble bien plus à une myriade de compromis, résultant d’une opposition de forces entre les éditeurs, détenteurs des sous et des droits et les consommateurs, avides de libertés et d’insouciance. Rien qu’en france, les droits d’édition datent de l’entre-deux-guerres et ceux relatifs à l’audio-visuel datent des débuts du cinéma, donc presque d’un siècle. Comment envisager sereinement une diffusion des oeuvres sur un média à part comme le net avec des lois aussi vétustes et une telle opposition entre le vendeur et l’acheteur ?

On pourrait penser que ce qu’essaye de réaliser PressPlay va dans le bon sens, celui de l’évolution qui devient de façon évidente de plus en plus nécessaire. Mais il n’en est rien. Si vous jetez un oeil aux conditions d’utilisation de la musique (dont le catalogue est, bien sûr, limité aux contrats péniblement signés avec des vedettes en manque de reconnaissance), vous y verrez que la liberté de profiter de votre acquisition n’est vraiment pas large. A titre d’exemple, les pré-écoutes sont limitées à 30 secondes. A la Fnac aussi, allez-vous me dire, mais celles-là au moins n’exigent pas une brique de matos et une solide connexion pour en profiter. D’autre part, les fichiers téléchargés ne sont utilisables que sur 2 postes différents le temps de votre adhésion au service. Un peu comme si on venait reprendre vos CD dès que vous ne réalisez plus un quota d’achat dans votre magasin habituel. Et enfin, la gravure de compilation est limitée à 20 titres par mois, dont chaque fois maximum 2 titres par auteur : allez encore me parler de compilations personnelles avec de tels bornes, et surtout faites bien attention à ne pas rater votre gravure !

Au vu de telles limitations, peut-on envisager un coût modéré, les possibilités dont je vous ai fait part étant celles du plus haut de gamme ? A vous de voir si 25 dollars par mois (environ 27 euros, soit 175 F) les valent.

Avec les jours, je comprends mieux pourquoi la RIAA, qui détient notamment les droits sur les disques, continue de soutenir à fond de tels services.

Et bonjour chez vous !