I-14 (10/02/2002) : Tu es les forts


On le sait, le progrès, c’est beau car ça met en évidence le fait que l’homme sait encore créer et réaliser des choses nouvelles, ou du moins qui s’en réclament. Mais passent les mois et les années, plus un constat m’obnubile : l’humain semble s’être engagé sur une manière de vivre fondée sur le moindre effort, allant même parfois ouvetement jusqu’à “l’effort zéro. L’ensemble de l’activité humaine, qu’elle soit partagée ou personnelle, donne l’impression d’être placée sous le signe de l’économie maximale d’énergie.

L’exemple qui est, à mon avis, le plus flagrant de ce dont je veux parler ici est le transport. L’homme a créé la voiture, le bus, le tramway, le train et le métro clairement pour se dispenser des efforts de la marche. Et pour aller plus vite, aussi, certes, ce pourquoi je me garderai bien de critiquer cela. Mais c’est en regardant attentivement l’émergence des nouveaux comportements qu’on est en droit de s’inquiéter.

En effet, on n’osait se l’imaginer, et pourtant c’est arrivé : la trottinette est revenue ! La chose appartenant au passé, et encore à un passé résolument enfantin, est en train de faire un come-back qu’on ne peut ignorer, à tel point que rares sont ceux que cela étonne dans les grandes villes. Et si ce sont surtout les adolescents et les adultes qui s’en procurent aujourd’hui, c’est que ce n’est pas pour faire joujou. Non, c’est pour se déplacer plus rapidement, bien sûr… Surtout quand on se rend compte qu’on en voit dans les couloirs du métro où il est difficile d’aller plus vite que la masse de personnes devant vous. La raison est selon moi moins avouable : ça vous dispense surtout de marcher les derniers mètres que les transports en commun ne peuvent ou la voiture ne peuvent pas couvrir, typiquement entre la gare et chez vous ou votre lieu de travail.

Je me pose sérieusement la question : est-il si difficile ou fatigant de marcher ? Suis-je donc le seul être humain à trouver ça même souvent agréable ? L’impression de liberté et d’indépendance que seul le fait de ne devoir compter que sur ses propres jambes est-elle en perte de reconnaissance ?

Je sais qu’on va m’objecter que les utilisateurs de rollers ont déjà lancé la tendance il y a plusieurs années, ce à quoi je répondrai que c’est possible, mais que le fait de savoir faire du roller (surtout en public dans une ville bondée) exige tout de même une maîtrise de son corps qui n’est pas donnée à tout le monde sans un minimum d’entraînement. Et ça n’est pas le cas de la trottinette qui est, osons le reconnaître, un transport personnel beaucoup plus grossier.

Et bonjour chez vous !