IV-03 (10/10/2004) : Des DRM en-veux-tu-pas en-voilà


Cette semaine, plusieurs groupes industriels de l’électronique, dont Sony, ont annoncé la création d’un consortium en vue d’harmoniser les technologies de gestion des droits numériques. Ah, les DRM, votre chroniqueur sent qu’ils vont lui offrir plein de sujets à vous relater dans les mois à venir, voire les prochaines années si tout va mal.

Vous l’avez sans doute remarqué, les magasins de musique en ligne fleurissent comme des champignons ces derniers temps. Tous vous connaissez déjà l’iTunes Music Store, l’illustre pionnier du secteur, et vous avez très probablement entendu parler de l’ouverture de ceux de Sony, Virgin, Microsoft ou même la Fnac. Et déjà, vous vous dites que vous ne savez pas trop auxquels vous devriez vous adresser si vous veniez à vouloir acheter des morceaux via le net. Et vous avez bien raison, car ces magasins sont tellement concurrents qu’ils sont incompatibles entre eux ! Ils n’utilisent déjà pas tous le même logiciel de lecture, ce qui peut devenir ennuyeux vu que généralement ces logiciels cherchent à s’attribuer la lecture par défaut de tous les formats de fichiers. Mais l’incompatibilité est surtout flagrante au niveau des baladeurs numériques, qui se développent à la vitesse de l’éclair depuis Noël dernier. Ainsi, à part les MP3 et un type de fichier protégé déterminé par le fabricant en relation avec le marchand d’albums, votre joujou préféré ne saura pas lire grand-chose.

En transposant un tantinet, c’est comme s’il vous fallait acquérir un lecteur CD spécifique au marchand qui vous fournit ses galettes. Ou que votre téléviseur refuse d’afficher autre chose qu’une certaine chaîne. Ou que votre lave-linge n’accepte qu’une certaine marque de lessive. Je vous laisse poursuivre.

Voilà ce qui se passe quand on met ensemble un concept nouveau et prometteur, un média international simple d’emploi, des prestataires technologiques pressés de faire des bénéfices rapides et des éditeurs prêts à tout pour ne pas entendre parler de piratage de fichiers. On se retrouve avec des logiciels qui refusent de lire leurs fichiers après une réinstallation du système, un baladeur incapable de jouer les morceaux exclusifs d’un autre magasin, et autres joyeusetés qui n’amusent que les détenteurs de droits, et en aucun cas le consommateur honnête. Car oui, les DRM nuisent principalement aux utilisateurs honnêtes, nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement.

Le sujet d’aujourd’hui est l’interopérabilité, qui est quasi-inexistante dans le secteur de la musique en ligne. Et ce dernier, contrairement au CD ou à la vidéo sur DVD qui ont assuré leur succès en reposant sur un ensemble consensuel de technologies, ressemble à une jungle sauvage et primaire. Et, comme on le sait, dans les milieux ultra-concurrenciels, il finit toujours par y avoir des dégâts. Pour un magasin qui échoue, ce sera au mieux la fusion, au pire la mort. Et dans ce second cas, qu’advient-il des fichiers protégés ?

Le 24 décembre dernier, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a annoncé vouloir poursuivre en justice Apple, Sony et Microsoft pour les forcer à rendre compatibles leurs fichiers. Heureuse initiative, qui aura, on l’espère, plus d’impact qu’un consortium purement économique créé par et autour de Sony… en l’absence de principaux acteurs du marché.

Et bonjour chez vous !