De Robien mon amour

Pour 100 briques, t’as plus rien

mercredi 22 août 2007, 16h27

L’attente aura été longue. C’est hier soir, dans l’émission “C dans l’air” sur France 5 (qui a dit “maso” ?) que j’ai entendu de baisse “probable” du marché immobilier dans la bouche d’une personnalité reconnue comme “experte” en économie.

Est-ce là le résultat d’un salutaire, bien que lent, retour à la raison devant la réalité sur le terrain ? Nenni. Il aura fallu cette crise du “subprime” pour qu’enfin les langues se délient. Il aura fallu attendre que la baisse du marché immobilier américain, commencée il y a deux ans maintenant, fasse s’écrouler un pan du marché des crédits US, et provoque un début de crise financière mondiale pour qu’enfin on s’inquiète des prix de l’immobilier en France qui ont perdu tout contact avec la réalité (plus c’est vieux, plus c’est cher… et ça ne choque pas grand-monde).

Ce matin, en explorant un peu le net à ce sujet, je suis tombé sur cette discussion :

Bonjour, j’ai acheté un logement à Carcassonne dans le cadre de la loi de Robien. Le bien m’a été livré en Avril dernier et depuis toujous pas de locataire. Je possede une assurance absence de locataire qui couvre pour l’instant les frais. Mais je suis en train de me rendre compte que le marché locatif sur la région est saturé. J’ai fais confiance au conseiller et je ne me suis pas preoccupée de ça avant l’achat. De plus le package proposé avait l’air bien entendu très interessant.
J’envisage donc de revendre le bien avant que ce ne soit une catastrophe financière pour moi.

Connaissez-vous les plans “De Robien” ? Pour faire court, il s’agit d’un moyen d’inciter les contribuables à investir dans le logement neuf pour le mettre en location, en échange d’une “substantielle” défiscalisation. Le tout est d’arriver à trouver un locataire dans l’année qui suit l’achat. Le but recherché par l’état est clair : financer le logement social grâce peuple français qui adore l’immobilier (mais aussi un peu trop l’épargne), et qui déteste le fisc.

Les avantages ne manquent pas. D’une, le contribuable accepte de donner son argent. De deux, ça fait moins de patrimoine à gérer, et donc de fonctionnaires à entretenir. De trois, ça permet à des entreprises privées de faire des affaires, et c’est toujours bien de faire des cadeaux, surtout quand on est politicien. Et de quatre, si l’affaire tourne mal, le pigeon ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

Pour que le succès soit total, surtout bien faire passer la loi dans un contexte de bulle immobilière savamment entretenu, notamment avec l’aide des médias : non non, l’immobilier ÇA NE PEUT PAS BAISSER, on vous dit !

De la même façon que certains surnomment le Loto “l’impôt sur l’ignorance des mathématiques” ou le tabac “l’impôt sur le danger consenti”, l’état a inventé “l’impôt sur la haine du fisc”. Si vous n’aimez pas donner des sous à l’état, ce n’est pas grave : donnez-en encore plus à des promoteurs ! Financer le logement social directement par le français moyen en lui faisant croire qu’il va pouvoir s’enrichir sans rien faire : voilà le nouveau visage de la con-tribution !

Ca paraît énorme comme ça, mais en usant de l’effet mystique exercé par l’exonération d’impôts, ça a marché. Et tellement bien qu’en deux ans, les logements neufs ont poussé comme des champignons, surtout dans les endroits paumés (pour inciter les nouveaux “propriétaires” à déléguer la gérance), et de nombreux ménages se retrouvent à louer leur résidence principale tout en étant propriétaire d’un tas de pierre qui n’intéresse personne, voire inexploitable à cause des retards de construction.

Le De Robien, c'est bien !

Maintenant, petite devinette : pensez-vous qu’il existe un rapport entre la crise immobilière US et le million de logements neufs qui n’ont jamais trouvé preneur là-bas ?

4 commentaires pour “De Robien mon amour”

  1. Tomers dit :

    Ben, je ne suis pas du tout expert en marcher de l’immobilier, mais je dirais que les acahts de mainson grace à la loi de Robien, ont poussé à contruire des logements neuf (fatalement, c’est dans la loi).
    Or, il y a deux façon de faire du neuf: Soit raser ce qui existait déjà et reconstruire, soit trouver un terrain vierge.

    Le probleme, c’est que raser de l’ancien, ne se fait pas facilement, contrairement à la deuxieme solution. Donc a priori, les entrepreneurs ont fait construire des nouveaux logements sur des terrains vierges, qui se retrouve généralement loin de tout (transport en commun, magasin de proximité, etc…) ce qui peut être un désavantage à la location.

    Si on prends l’exemple de la région parisienne par exemple. Entre essayer de loué un truc petit dans paris et sa proche banlieue, ou louer un truc qui est contruit en zone 4 ou 5 ( sous la loi De Robien) loin du RER ou Transilien, ou il faudra 1h30 minimum de transport pour rentrer chez soi (si on travaille dans Paris) qui inclus un cout de transport elevé, d’avoir un nourice pour les gamins en bas age, etc… je pense que le choix est fait.

    En fait, je pense que dans l’idée, la loi n’est pas mauvaise, mais elle implique aussi à celui qui achete, de faire attention au logement qu’il achete pour essayer de sentir si cela va rapporter ou non (en fait de choisir comme si il allait l’habiter, et non pas esperer toucher le pactole rapidement). Mais aussi de ne pas se laisser bourrer le mou par l’entrepreneur (qui lui vendra facilement à des gens esperant arrondir facilement leur fin de mois)

    Bon, apres, je ne connais pas les avantages et les inconveniants au point de vue financier pour l’acheteur.

  2. Celeri dit :

    Je suis assez d’accord… la loi, dans son principe, ne semble pas mauvaise : si les gens veulent que la France ait du logement social mais font tout pour échapper aux impôts, alors il faut les inciter à le financer plus directement.

    Le problème vient surtout des offres “packagées”, qui sont vendues (il n’y a pas d’autre mot) au grand public comme un produit qui va leur permettre de gagner beaucoup d’argent sans rien faire. Tous, ou presque, nous avons déjà été au moins une fois démarché au téléphone par ces “cabinets juridiques” qui promettent d’étudier notre situation afin de nous faire bénéficier d’exonérations fiscales… eh bien une grande partie de ces propositions sont basées sur du De Robien.

    Maintenant que les logements financés ont commencé à être livrés, on commence à voir fleurir un peu partout des messages alarmistes de gens n’arrivant pas à trouver de locataire. Et le problème, c’est que si on n’en trouve pas dans l’année qui suit la date PREVUE de livraison du logement, alors on se retrouve avec sur les bras un appartement loin de chez soi, de qualité très moyenne, et souvent largement surévalué. On se retrouve donc à devoir le vendre en urgence, et donc faire une moins-value… et payer quand même tous ses impôts !

    A ceux qui me lisent, écoutez mon conseil : si vous voulez échapper à l’impôt, ne comptez pas sur l’immobilier, ou alors gérez vous-mêmes vos affaires. Les sommes mises en jeu avec la pierre sont trop importantes pour qu’on puisse faire confiance à une offre en démarchage.

  3. Bonjour dit :

    Pourriez-vous me contacter rapidement au sujet de l’image ? Merci

  4. delahousse dit :

    Qu’adevient il quand un appartement acheté en De robien et géré par une agence immobilière n’a toujours pas ete louee les 2 premieres annees . comment le declarer ?
    Est on dans l’obligation de renoncer aux bénéfices de la défiscalisation ou doit on apporter des preuves aux impots que celà est indépendant de notre volonté
    merci de me répondre rapidement
    Valérie