iMacintel : quelques essais

Veni, vidi, testi

lundi 10 avril 2006, 12h33

Un proche parent ayant reçu son nouvel iMac la semaine dernière, on peut dire que la sortie de Boot Camp et de la version Mac de Parallels ne pouvaient pas mieux tomber. Boot Camp est la solution officielle d’Apple pour pouvoir installer et démarrer Windows XP sur les nouveaux Macintosh à processeur Intel, et Parallels est un système de virtualisation. La différence est que dans le premier cas, le Mac démarre vraiment sous Windows, alors que dans le second, il démarre un Windows à l’intérieur d’une fenêtre Mac OS : on a ainsi deux ordinateurs tournant en même temps, avec chacun son système d’exploitation et pouvant échanger des données avec l’autre.

Voici un petit compte-rendu de mes découvertes.

iMac

Matériellement, l’iMac 20″ est une belle bête. facile à manipuler car en un seul morceau pas trop lourd, il s’installe très facilement. On le branche au courant, on lui ajoute le clavier et la souris, et c’est parti. L’installation automatique du système pose quelques questions simples et en quelques minutes, tout est prêt. L’écran panoramique affiche une résolution de 1680×1050, donnant vraiment l’impression d’un vaste bureau. Pas de pixel mort, une image claire et bien contrastée, quoi que des sortes de halos lumineux légers apparaissent dans les coins quand il affiche du noir. La rémanence est présente mais supportable. Le réseau sans fil en 801.11g se connecte sans problème avec la clé WPA et, une fois le mot de passe inséré, l’iMac est branché au net. A peine plus de 10 minutes pour en arriver là, tout va bien.

Habitué à mon G4 de 2002, j’ai été surpris par la vélocité de la bête. Il démarre en 30 secondes à peine, les applications se lancent en 1 ou 2 secondes, tout réagit au quart de tour et l’ensemble est fluide. Et avec 1 Go de RAM, même en lançant toutes les applications de la suite iLife en même temps, rien à redire, ça ne rame pas. En affichant l’activité du processeur, on voit bien la prise en charge des deux coeurs comme deux processeurs distincts, la charge d’une application se trouvant basculée sur le second si le premier est déjà sollicité par une autre application. Pour faire court, ça tourne vraiment bien. Les logiciels non-optimisés pour l’architecture Intel, qui tournent grâce un système d’émulation nommé “Rosetta”, tournent assez bien eux aussi, mais cet émulateur semble poser problème avec certaines extensions du noyau et pilotes : quelques outils ont ainsi refusé de s’installer et leur mise à jour se fait attendre. Par ailleurs, l’impression via réseau sans fil sur une imprimante HP PSC 1350 s’est également révélé impossible, alors qu’un PowerMac G4 avec la même version de Mac OS X le fait sans aucun problème et que l’utilisation d’un câble USB au lieu du réseau sans fil corrige le problème. C’est au moment de l’activation du pilote (en version PowerPC) de l’imprimante qu’une erreur (dont j’ai oublié le numéro) survient, et seule l’accès via partage de l’imprimante sur le G4 a pu apporter une solution.

Outre la puissance, un autre élément important : quel silence ! Même en milieu très calme et en poussant l’activité du processeur, on l’entend à peine ! En tant qu’adepte du silence dans mes machines, j’ai vraiment été impressionné par le bruit très faible et constant émis par cet iMac. Le seul élément bruyant est en réalité le lecteur-graveur de DVD. Comme tous les slot-in utilisés par Apple ces derniers mois, ils donnent l’impression de croquer consciencieusement tous les CD qu’on leur donne… peu rassurant au départ, mais on finit par oublier ce détail, qu’on peut néanmoins exploiter pour faire peur à un ami : “Quoi ? mais il fait pas ce bruit-là d’habitude !” ;)

Mais venons-en maintenant aux tests plus sérieux.

Commençons par essayer Boot Camp, le bootloader. Mais avant, il faut mettre à jour le firmware du Mac, avec pour cela un installeur et une notice pour la suite des opérations, qui consiste en gros à éteindre le Mac et à le rallumer en maintenant appuyé le bouton de mise sous tension jusqu’à entendre un bip sonore. Une petite barre se dessine à l’écran et se remplit, et l’ordinateur redémarre comme si de rien n’était. Passons donc à Boot Camp proprement dit.

L’installation de la chose se présente sous la forme d’un assistant qui demande le strict nécessaire et installe ce qu’il faut tout seul. Fonction intéressante, il crée une partition dédiée à Windows sur le disque dur sans détruire les données déjà présentes dessus. Au moment de choisir la taille, voyons grand 50 Gigas. Windows est (lui aussi) assez gourmand et aime être à l’aise. Et puis bon, ce n’est qu’un dixième des 500 Go disponibles. Il demande ensuite de graver un CD-R afin d’y mettre les pilotes qu’il faudra installer une fois sous Windows : là encore, deux clics, une petite minute et c’est réglé.

Tout est prêt, donc tentons le démarrage sous Windows. J’essaye de maintenir la touche C du clavier au démarrage pour forcer à booter sur le CD de Windows XP. Ca marche : on retrouve ce bon vieux programme d’installation réalisé avec tant de goût (il rappelle un écran bleu de la mort). La procédure est ensuite comme pour tout PC : choisir la bonne partition pour l’installation, formatage de celle-ci, copie des fichiers de base, et redémarrage. Cette fois-ci, on maintient la touche ALT et on a bien les deux icônes de disque dur me permettant de choisir celui que l’on veut. On clique sur la partition de Windows puis on valide en cliquant sur la flèche apparaîssant juste en-dessous. Ca y est, on a l’écran de chargement de Windows et l’installation proprement dite fonctionne. Rien de particulier à signaler sur la procédure, si ce n’est que je ne comprends toujours pas pourquoi Microsoft s’amuse à interrompre plusieurs fois l’installation pour demander des réglages au lieu de le faire d’un seul coup, ce qui permettrait d’aller vaquer à d’autres occupations pendant le reste du temps sans avoir à surveiller son écran. Enfin, c’est fini ; temps annoncé = 39 minutes, temps constaté = une petite demie-heure.

Le Mac redémarre une nouvelle fois. Je n’appuie sur aucune touche, pour voir, et c’est Windows qui se lance. Et bougrement vite, qui plus est. Pour avoir la possibilité d’utiliser de nombreux PC flambant neufs sous Windows sur mon lieu de travail, je dois dire que je suis étonné : le Mac semble être un très bon PC sous Windows (!). Inconvénient dû à l’absence de pilote vidéo optimisé : le bureau est en 800×600 et donc tout pixellisé et applati par l’écran panoramique. Si on veut profiter du réseau sans fil, de l’accélération vidéo et autres joyeusetés propre à la machine, il faut maintenant installer les pilotes à partir du CD gravé tout à l’heure. Et là, c’est le drame : en plein milieu de l’installation, la souris et le clavier se figent. Impossible de contrôler la bête, bien que Windows ne soit pas planté : un simple appui sur la touche d’allumage du Mac et Windows s’éteint de manière tout à fait normale. Bon. On redémarre, et on regarde : pareil, souris et clavier bloqués. On recommence en “dernière bonne configuration connue”… toujours pareil. Un dernier essai en mode sans échec… pas mieux. Il va falloir passer par la récupération de Windows : on insère à nouveau le CD de XP, on initie une nouvelle installation et quand il signale un Windows déjà présent, on lui dit de le réparer. Après, c’est comme l’installation précédente.

Pouf, pouf.

Une bonne demie-heure après, de retour sur le bureau de Windows. La souris et le clavier répondent bien. Je tente à nouveau l’installation des pilotes Apple, qui se déroule cette fois-ci sans blocage. Je redémarre la machine afin qu’elle digère bien les pilotes vidéo et constate que le bureau a maintenant la bonne taille par rapport à l’écran. Les fenêtres se déplacent et de redimensionnent de manière fluide, de même que le défilement des pages web. J’active le réseau sans fil, curieusement le signal est perçu comme “faible” alors que Mac OS le voyait “très bon” ou, au pire, seulement “bon”. Je lance les mises à jour de Windows : d’abord 3 patchs, un redémarrage, puis 38 autres mises à jour à télécharger et installer. Un petit quart d’heure plus tard (vive le haut débit), le PC, pardon le Mac redémarre encore. Cette fois, j’ai enfin un Windows complètement opérationnel et utilisable. Ouf !

J’installe quelques programmes pour les tester : VirusScan (fondamental sous Windows…), Firefox, Thunderbird, VLC, Nero (gravage d’un DVD-RW réussi), Office 2002, Google Earth, et enfin VMware en version 5.5. Pour ceux qui ne le connaissent pas, VMware est LE logiciel de référence en matière de virtualisation, et existe pour Windows et Linux. Il se lance sans faire d’histoire sur l’iMac-XP et accepte les quelques images-disque que j’ai sous la main : cet iMac de 2006 est désormais capable de faire tourner les vieux jeux DOS du début des années 90, et avec le son : voilà qui fait plaisir à voir ! J’installe ensuite quelques jeux en 3D qui traînent non loin : Max Payne, Rally Championship 2000, Need For Speed 5, Re-Volt… pas de quoi faire un benchmark de la Radeon X1600 présente dans la bête, j’en conviens, mais mon but est surtout de vérifier que tout fonctionne correctement. Et le bilan est totalement positif : on se croirait vraiment sur un PC. Un PC bien réactif livré grauitement avec le Mac ! …enfin presque gratuitement, vu qu’il faut être en possession d’une licence valide de Windows. Mais si, comme c’était mon cas, le Mac a remplacé un PC décédé, vous devez pouvoir récupérer sa licence.

Au passage, je ne sais pas si Boot Camp permet de démarrer sous Linux, mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible, et je ne doute pas une seconde que la communauté va se dépêcher de tester ça, et au besoin de modifier ce qu’il faut pour y parvenir. Une marche à suivre pour installer la dernière version bêta de Windows Vista circule depuis hier soir, preuve que Boot Camp a fait son petit effet sur les bidouilleurs. Et c’est tant mieux : plus une machine est ouverte, et plus elle est digne de la plus grande qualité de l’outil informatique, à savoir la capacité d’adaptation à ce pour quoi on le destine.

Avant de finir avec Boot Camp, un détail intéressant : Apple a pensé à ajouter une rubrique “Démarrage” au panneau de configuration qui permet de choisir le disque de boot par défaut du Mac, c’est à dire si on n’appuie pas sur ALT au démarrage. Il sera sage de choisir Mac OS, car après tout, normalement on achète un Macintosh principalement pour le système d’exploitation made-in Apple. A moins d’être littéralement tombé sous le charme du design de la marque, bien entendu.

Bien, sur ce, rebootons Mac OS et passons maintenant à l’autre test intéressant : celui de Parallels, le logiciel de virtualisation pour Mac OS, qui supporte officiellement les nouveaux processeurs Intel. Il est distribué gracieusement en version bêta valable 30 jours. Après installation, le logiciel ouvre un assistant permettant de créer un nouveau PC virtuel. Les connaisseurs de VMware ou de Virtual PC sont ici en terrain connu. Surprise désagréable : Parallels ne gère pas nativement le lecteur CD du Mac, mais seulement les fichiers .iso. Il va donc falloir passer par une image-disque de Windows si on veut l’installer, c’est à dire un clone du CD dans un fichier. Pour ce faire, on insère le disque de Windows et on lance l’application “Utilitaire de disque” d’Apple. Il suffit alors, dans la colonne de gauche, de sélectionner le volume inclus dans le CD et de cliquer sur “nouvelle image”. La copie prend quelques minutes et donne un fichier en .dmg, qu’on s’empresse de transformer en .iso via l’utilitaire Damage Isolation.

Une fois ceci fait, on revient à Parallels et on crée un nouveau lecteur de CD dans le PC virtuel. On lui associe notre image ISO et on démarre. Et là, on assiste à l’installation la plus rapide de Windows XP imaginable : Parallels utilise directement le processeur Intel du Mac, donc à pleine puissance, et comme les accès à l’image ISO sur disque dur sont bien plus rapides que ceux d’un lecteur CD matériel, tout se passe très vite. Une fois Windows installé sur le PC virtuel, celui-ci démarre, très vite également. Mais on se retrouve tout de même avec un système ayant besoin de pilotes spécifiques pour être réellement utilisable. Le lecteur CD prédéfini au moment de la création du PC virtuel pointe sur une image ISO contenant les pilotes à installer pour accélérer l’affichage, permettre de confondre la souris de Mac OS pour plus de praticité, activer le son, synchroniser les horloges, etc. Cependant, les pilotes vidéo ne semblent pas encore au point : le animations sont saccadées et à chaque fenêtre qui se dessine, un carré vide se dessine brièvement autour du pointeur de la souris. Ce n’est pas rédhibitoire, mais franchement pas agréable. Rien à voir avec l’affichage offert par Boot Camp ou même l’optimisation qu’offre VMware. Autre grief : le réseau sans fil ne semble pas géré, même en sélectionnant l’interface correspondante (“en1” au lieu de “en0”) dans les préférences. Mais il semblerait qu’une nouvelle version bêta, que je n’ai pas pu tester, corrige ce problème (entre autres). Enfin, il manque à ce logiciel quelques petites choses qui rendraient les choses tellement plus agréables, à commencer par la possibilité de copier des fichiers d’un bureau à l’autre via simple drag&drop.

Malgré ces défauts, il faut reconnaître que le produit est très prometteur : les logiciels que j’ai pu tester fonctionnent vite (excepté Nero, bien sûr) et sans problème à reporter. Je n’ai pas eu le loisir de faire tourner des jeux sous ce Windows ou même de créer d’autres PC virtuels tournant sous d’autres OS, ayant déjà plus que suffisamment squatté cet iMac qui n’est pas à moi ;)

Ce que je peux dire en conclusion de ce témoignage, c’est que l’iMac Core Duo est une machine qui a tout pour plaire : pratique, puissante et ouverte. Il faut en payer le prix, bien sûr (environ 1800 euros pour le haut de gamme), mais on dispose alors d’un ordinateur costaud et silencieux, avec un bon écran et permettant, moyennant quelques efforts (et une licence Windows) de faire tourner presque tous les programmes disponibles à l’heure actuelle à pleine vitesse. Les machines Apple sous Intel disponibles à l’heure actuelle (iMac, Mac Mini et MacBook Pro) sont peu évolutives à cause de leur design petit et condensé, mais un modèle desktop professionnel devait naître d’ici l’été prochain. En tous les cas, on peut dire qu’Apple a fort bien réussi sa transition vers les processeurs Intel et que la publication d’outils pour y démarrer Windows (voire d’autres systèmes) a le mérite d’en augmenter encore les possibilités d’utilisation.

2 commentaires pour “iMacintel : quelques essais”

  1. Tût-tûûût dit :

    Ainsi donc, il s’est passé tant de choses pendant que tu prenais raçine devant l’ordi de ton proche papa… Et pendant ce temps ton macounet à toi s’ennuyait tout seul dans ta chambre ! J’aurais dû être là pour lui tenir compagnie pendant ce temps, pauvre petite chose abandonnée des hommes et du légume ^_^

  2. Hellkeeper dit :

    preuve également que Windows marche mieux sur du bon matériel.
    L’Imac a-t-il des garanties anti-pixel mort ? Parce que j’imagine mal apple remplacer ces magnifiques machines au moindre pixel mort, mais j’imagine mal les utilisateurs supporter des points blancs sur leur belle (et chère) acquisition.

    >> La dernière news de MacBidouille (qui s’est toujours intéressé à ce genre de problème) fait état d’un remplacement d’écran pour :
    – 3 pixels blancs
    – ou 5 pixels noirs
    – ou 7 combinés
    Si cette politique en matière de pixels défectueux est toujours valide, alors on peut dire qu’Apple a une des pires au monde. Et vu le prix de la bête, il y aurait de quoi rendre bon nombre de gens mécontents… à mois de détenir une technologie qui permette d’être vraiment sûr de n’en avoir aucun, bien sûr.