Captain Copyright est mort
Encore un coup du méchant Dr. Polémique…
Captain Copyright est un super-héros qui n’aura pas volé bien longtemps au secours de la cause qu’il défendait, à savoir – comme son nom l’indique – l’éveil au respect des droits d’auteur. Pas plus de sept mois, pour être précis, et encore, sa mission s’était déjà révélée être un échec deux mois à peine après première incursion dans notre monde de pirates.
Créé par la Canadian Copyright Licensing Agency en début juin 2006, ce personnage avait pour but de prendre le relais des éducateurs dans la charge d’apprendre aux petits enfants ce que sont ces fameux “copyrights” et pourquoi il faut absolument les respecter quand on veut être un bon citoyen. Au programme dans la besace du héros : des cours, des jeux éducatifs, des stickers rigolos… tout cela afin d’inculquer qu’un film ou une musique, ça ne se copie pas. Oh, quelques rares exceptions étaient mentionnées, notamment concernant l’éducation (encore heureux !), mais point de “fair dealing”, version locale du “fair use” pourtant en vigueur dans le pays.
L’idée pouvait sembler bonne, ou du moins efficace, mais dès le mois d’août, le brave Capitaine était mis au chômage : trop de parents émettaient des doutes sur l’impartialité des informations contenues dans ce site web mis en place par un syndicats d’éditeurs privés. De plus, les sermons du héros se sont révélés être plutôt indigestes, car contenant étonnament beaucoup de jargon du genre “Copyright Act”, “Collective licence” ou “Reproduction Rights Organization”. Enfin, Captain Copyright était probablement un peu trop “intègre” : pour la petite histoire, il voulait absolument savoir qui parlait de lui en réclamant dans son contrat que tout lien vers son site devait être précédé d’une demande d’autorisation…
Aujourd’hui, voici ce que le site (que je ne vous linkerai donc pas, non mais sans blague), privé de tout contenu, explique :
Despite the significant progress we made on addressing the concerns raised about the original Captain Copyright initiative, as well as the positive feedback and requests for literally hundreds of lesson kits from teachers and librarians, we have come to the conclusion that the current climate around copyright issues will not allow a project like this one to be successful. It is difficult for organizations to reach agreement on copyright issues at this time and we know that, in the face of continuing opposition, the materials will not be used in the classroom. Under these circumstances there is no point in our continuing to work on this project.
En gros : incapacité totale d’arriver à quoi que ce soit qui satisfasse les éditeurs et le public. En essayant d’intégrer un peu mieux les arguments des consommateurs, Captain Copyrights a semble-t-il déclenché l’ire de ses investisseurs et employeurs, qui ont dès lors décidé de faire jouer la kryptonite.
Bref, encore une histoire qui illustre le problème de nos pays développés : que ce soit les détenteurs de droits ou les consommateurs, les visions divergent encore trop radicalement pour pouvoir mettre en place un contenu raisonnablement consensuel. Les droits d’auteur sont un domaine où la mauvaise foi règne en maître et que la bonne volonté semble avoir déserté. Et au vu de l’actualité de ces dernières semaines, ce n’est pas encore prêt de changer.