Langage SMS : Bouygues en veut dans les romans
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La fondation Bouygues Telecom et Calman-Levy sont fières d’annoncer la création d’un prix spécial pour romans intégrant efficacement le style SMS dans ses pages. 10 000 euros sont à gagner, ainsi qu’une publication du machin bouquin lauréat.
Les directives sont les suivantes : “Intégrer le langage des SMS et des messageries instantanées dans la trame du récit” et “rester dans le style romanesque”.
Sans vouloir forcément jeter la pierre à un livre qui n’existe pas encore et trouvera peut-être (on peut rêver) un moyen habile de mettre en scène ce type de langage, on ne peut s’empêcher d’être quand même inquiet, dans la mesure où les caractères de ce dernier sont essentiellement basés sur les raccourcis de l’écrit pour ressembler à l’oral. Et ce n’est pas vraiment avec de tels principes qu’on fait avancer la langue écrite.
Qui plus est, la présence de Bouygues Telecom dans l’initiative ne laisse guère planer le doute sur les intentions derrière l’initiative : tenter de donner au langage SMS une légitimité comme celle du verlan, et profiter de l’engouement qui en résulterait sous forme de SMS plus nombreux. Considérant le prix toujours aussi (scandaleusement) élevé de ces petits paquets de 140 octets, ça vaut bien un nouveau coup de canif, fût-il numérique, dans la langue française.
28 mars 2007 à 14h10
Maupassant et Voltaire comprimés en SMS, ça donne quoi ? Pas vraiment envie de savoir. Sans tomber dans la sacralisation de la langue (phénomène particulièrement marqué en France), je trouve ca… irrespectueux pour le lecteur. C’est comme publier un brouillon avec ses ratures, ses flèches, ses taches, sans le mettre au propre. Le livre qui sort de la presse devrait être en Français “parfait” c’est à dire lisible et bien écrit, même si on ne peut pas éviter les coquilles).