A-t-on encore le DROIT d’écouter un CD ?
Croyez-vous encore en la compatibilité entre exception culturelle et édition ? Les majors cachent pourtant de moins en moins leur volonté de faire plier la première devant la seconde. Et en voici un bel exemple.
Quand vous achetez un objet, il vous appartient, et vous pouvez en faire ce que vous voulez. Quand vous achetez un disque, c’est un peu différent : le support matériel vous appartient, mais pas son contenu. Jusqu’à récemment, on considérait que ce pourquoi vous payiez (cher) était le droit d’écouter ce contenu, comme bon vous semblait tant que ça restait un usage privé.
Et aujourd’hui, alors ? Eh bien, de plus en plus, vous payez (toujours aussi cher) pour… faire ce qu’on veut bien que vous fassiez avec ! En effet, grâce aux DRM, les éditeurs tendent à borner l’utilisation d’un CD audio à la simple écoute sur un lecteur standard ou sur un PC équippé de Windows.
D’où problème : que faire si on utilise un Mac ou un PC sous Linux ? Jusqu’à présent, cette question gênante était soigneusement éludée. Aujourd’hui, Tommi Kyyrä, porte-parole de la branche finlandaise de l’IFPI, ose le dire : “si les DRM gênent votre ordinateur… allez acheter un lecteur de CD normal !” Mine de rien, le fait de pouvoir écouter son CD passe de l’état de droit à celui de privilège, contredisant ainsi un des principes de la culture : celle de pouvoir être accessible à tout un chacun, sans distinction.
La route est de plus en plus clairement tracée : le droit à la culture et le “fair use” (usage permissif/raisonnable) sont menacés par les intérêts de l’édition.
Plutôt que d’être culturel, le 21ème siècle risque de ne pas être…
26 septembre 2005 à 22h49
Suite à une erreur de manipulation, le commentaire dont le texte ci-dessous est la réponse a été effacé… toutes mes excuses à son auteur. Son point de vue était que le piratage n’était pas un ennemi à abattre pour les éditeurs mais un prétexte bien pratique pour augmenter les ventes, et qu’au final le consommateur se mettait docilement à accepter cet état de fait sans broncher…
Il est vrai qu’on a beau se plaindre, on continue à acheter… enfin pour la plupart. La consommation reste un attrait puissant, même avec peu de libertés d’utilisation (et un contexte créatif assez discutable).
Mais je pense que cette revendication est nécessaire : au nom de quoi devrais-je payer une deuxième fois pour pouvoir écouter d’une autre façon un album que j’ai déjà payé ? La liberté est-elle une valeur ajoutée ? J’estime que non.
J’en arrive à penser : vivement que les artistes s’affranchissent de ces grosses maisons d’édition et arrivent à instaurer un véritable contrat de confiance avec ceux qui apprécient vraiment leurs réalisations.