I-15 (24/02/2002) : Promenons-nous dans les frasques


Aujourd’hui, poursuivons notre exploration épisodique du pittoresque monde entourant l’empire Microsoft. Car s’il est bien une compagnie informatique qui arrive à faire parler d’elle pratiquement chaque jour qui passe, c’est bien celle-là.

Pour commencer, il a été révélé cette semaine que Corel, éditeur jusqu’à maintenant de logiciels bureautique d’assez bonne qualité, abandonnait la communauté Open-Source qu’elle avait ouverte il y a de cela quelques années. Il y a six mois, c’était déjà son équipe de développement Linux qui était dissoute. Corel, fâché avec le logiciel libre ? Gageons qu’il n’y a rien de personnel entre les deux partis, seulement une ombre menaçante. Car il y a (un tout petit peu plus de) six mois, Microsoft injectait quelques millions dans le capital de Corel. Ce geste fut justifié, à l’époque, par la sempiternelle image de bon prince philantropique recherchée par le géant. Non non, le but n’était pas du tout d’empêcher une suite bureautique ayant une certaine renommée de naître sur Linux.

Cette fois-ci, c’est donc sa communauté Open-Source qui disparaît, et donc avec elle tous les autres projets de logiciels libres basés sur les sources de Corel… Si on fait abstraction du côté bénévole de ces communautés Open-Source, ça n’est ni plus ni moins qu’une mise au chômage forcée de tous ces développeurs qui travaillaient depuis un certain temps déjà sur ces sources. “Mais que fait Corel, maintenant, alos ?”, allez-vous me demander. Je vous le donne en cent comme en mille, car il est bien évident que ça n’était pas le but premier de Monsieur Bill : Corel est maintenant à 100% dans le développement Windows.

Pouf, pouf.

Mais foin de ces dramaturgies, vous savez que le monde de l’informatique a aussi ses petites anecdotes pour le moins amusantes. Si vous avez tant bien que mal suivi le déroulement du procès opposant Microsoft et la justice américaine pour pratiques monopolistiques, vous savez qu’une sorte d’accord à l’amiable, évidemment placé sous le signe du billet vert, a été trouvé. Mais également qu’une petite dizaine des états plaignants ont refusé ce dernier, jugeant que celui-ci ne constituait ni plus ni moins qu’un achat de la clémence de la justice américaine. En effet, cet accord consistait pour Microsoft à offrir pour environ un milliard de dollars en valeur matérielle (mais en réalité quelques millions seulement en valeur réelle en considérant le prix de revient d’un logiciel) de matériel informatique aux écoles les plus défavorisées des Etats-Unis. La procédure poursuit donc son feuilleton.

Mais voilà qu’un autre larron entre en scène : Be ! Sa renommée n’est pas immense et principalement basée sur son système d’exploitation Be OS qui, bien que très moderne, n’a rencontré qu’un succès d’estime à cause de son manque de compatibilité avec les standards. Cette semaine, Be a porté plainte contre la firme de Redmond pour pratiques monopolistiques, notamment à propos des accords tacites passés entre celui-ci et les constructeurs pour que seul Windows soit vendu avec des nouvelles machines. Et Be, qui ne comprend aujourd’hui plus qu’un seul employé après son rachat par Palm en novembre dernier, entend jouer d’un argument percutant : sa propre destruction ! Je dois avouer que je suis assez impatient de voir ce que va donner cette plainte tardive aussi bien d’un côté que de l’autre…

Et en attendant, je la réponse à une question qui me turlupine : Monsieur Bill a-t-il réellement quitté son poste de patron de Microsoft l’année dernière pour “prendre du recul” et devenir “architecte logiciel” ? J’ai l’impression latente que c’est plus en réalité pour devenir avocat.

Et bonjour chez vous !