II-13 (13/04/2003) : Guère propre


En janvier dernier, époque où l’actualité internationale était déjà massivement et unilatéralement tournée vers l’Irak, le magazine américain Time ne manquait pas de se faire remarquer. L’objet de tant d’intérêt ? Un joujou qui se veut ni plus ni moins que le futur fleuron de l’armement des Etats-Unis, censé rendre réel le plus grand mythe de la cellule de communication de la Maison Blanche, connu sous le nom de “guerre propre”.

Aujourd’hui, la guerre est à peu près terminée et nous laisse devant un constat fort inquiétant, dans ce pays où il aura en fin de compte probablement plus plu de bombes que d’eau : au final, d’immenses destructions matérielles et de trop nombreuses victimes civiles. Au vu de la situation, on ne peut qu’espérer que cette fameuse “guerre propre” finisse un jour par être quelque chose de tangible. Et voilà que pour y remédier, les américains seraient sur le point d’utiliser la première véritable bombe électro-magnétique. Qu’on se le dise, la bombe IEM (Impulsion Electro-Magnétique), c’est le graal de tous les laboratoires de recherche militaire spécialisés en guerre électronique. Une bombe qui ne touche ni à l’humain, ni aux constructions, mais uniquement aux composants électroniques ! Quoi de plus clean ?

On ne sait pas encore grand-chose de cette nouvelle bombe, si ce n’est qu’elle est pour l’instant appelée par de vagues initiales (HPM pour “High-Performance Microwave”) et qu’elle serait capable, au moment de l’impact, de détruire tous les composants électroniques dans un rayon de 1500 kilomètres. Outre la performance en elle-même, tellement énorme que tout connaisseur émettra de sérieux doutes (aux dernières nouvelles, les technologies ne savent que perturber, et non détruire, les puces dans un rayon de quelques kilomètres), c’est sur le fond qu’il faut s’interroger. Guerre propre ? Oui si on ne considère que le moment de l’impact. En effet, on n’a encore jamais pu démontrer de réel effet négatif dus à l’exposition proloongée aux ondes hertziennes, alors une impulsion de quelques micro-secondes… D’autre part, les ondes n’attaquent pas les structure inertes, donc aux bâtiments et autres objets matériels. Mais en regardant à plus long terme que l’instant immédiat ? On se rend compte que cette gentille bombe n’épargnera pas les porteurs de pacemaker ainsi que tous les autres dont la santée ou la vie dépend de l’électronique : patients sous assistance respiratoire ou même surveillance médicale, dialysés et autres nourissons en couveuse… Sans parler des installations civiles électriques comme les centres de traitement de l’eau ou les laboratoires de recherches, gros consommateurs d’électronique.

En résumé, on peut dire que cette charmante bombinette correspond tout à fait au profil guerroyeur américain : faire la guerre de façon la plus éloignée, avec le moins de discernement sur ce qui devrait être détruit ou pas, et avec la plus grande hypocrisie possibles. Il n’y a pas à dire : quelle aubaine pour mener tranquillement sa petite croisade tout en restant bien tranquillement chez soi et sans risquer d’attirer les foudres de l’opinion publique !

Et bonjour chez vous !