IV-02 (26/09/2004) : Vents contrariants


Sale temps pour Internet Explorer. Après avoir littéralement assassiné la plupart de ses concurrents en l’espace de cinq ans, son bricoleur, Microsoft pour ne pas le nommer, a cru qu’il pouvait se permettre de se reposer tranquillement grâce à l’adoption en masse de Windows XP.

Pour commencer, l’équipe du brouteur le plus tristement célèbre vient d’être complètement remaniée, et avec en tête de proue un tout nouvel évangéliste. Pourquoi ? Parce que ledit brouteur est en perte de vitesse, et bien plus rapide que certains pouvaient le craindre (ou l’espérer). La part de marché d’IE, en augmentation perpétuelle depuis sa création a vu se première baisse (de 1%) se produire en juin dernier, laquelle a été confirmée les trois derniers mois (1,8%).

Le concurrent qui bénéficie le plus de cette évolution est Mozilla, dont le navigateur FireFox a maintenant atteint un réel degré de maturité et qui s’étoffe de nombreuses fonctions intelligentes et novatrices : il vient de dépasser les 5%. Même si Explorer demeure en situation de quasi-monopole avec un écrasant 93,7% du marché, ces taux de variation sont énormes compte tenu des centaines de millions de postes reliés à l’internet de par le monde.

Comme le suggérerait une vérité trop triviale pour en devenir un proverbe : il est dangereux de naviguer sur un bateau plein de trous. Et nul doute que les innombrables failles disséminés dans ce navigateur ont provoqué ce revirement de tendance, également encouragée il est vrai par plusieurs opinions dont la voix porte loin. En effet, après le CERT (Computer Emergency Readiness Team) qui préconisait à tout le monde de “bannir Internet Explorer”, suivi ensuite par le Bureau fédéral allemand pour la Sécurité de l’Information (BSI), Wired a eu l’occasion d’interroger directement Stephen Toulouse. Le manager du programme de sécurité de Microsoft, puisque c’est sa fonction, a reconnu que la focalisation de l’éditeur sur la sécurité, initiée il y a maintenant de 2 ans, ne porterait probablement ses fruits que d’ici 2011… et qu’il venait lui-même de passer à FireFox à cause d’un faille de son propre logiciel.

Courage, amis utilisateurs, il vous reste encore au moins 7 ans de bêta-test bénévole de Windows !

Et pourtant, le plus mauvais coup à ce navigateur lui aura peut-être été porté par son propre concepteur : Microsoft vient d’annoncer que ses futures mises à jour de sécurité ne seront plus adaptées aux anciennes versions de Windows ! Et les autres, alors ? “Nous recommandons que les utilisateurs migrent le plus vite possible vers Windows XP et le SP2.” Voilà qui devrait plaire aux quelques 300 millions de personnes qui, après avoir scrupuleusement suivi le cycle d’installation des dizaines de patchs en espérant rester protégées, sont désormais condamnées à payer une mise à jour (voire une nouvelle machine) ou à s’exposer directement aux menaces du net. Lesquelles ont, pour information, doublé en nombre entre 2003 et 2004.

Gageons que le premier réflexe de ces laissés pour compte sera, et à juste titre, de changer de navigateur web !

Et bonjour chez vous !