HADOPI : TF1 vire son Bourreau
Martin Bouygues invente le licenciement pour divergence politique
Joli lièvre que celui débusqué par Libération : TF1 vient de licencier un de ses principaux cadres, Jérôme Bourreau-Guggenheim, parce que celui-ci a osé faire un acte citoyen, à savoir écrire à son député local pour lui faire part de ses inquiétudes concernant un projet de loi actuellement en cours <del> de ratification</del> d’examen à l’Assemblée Nationale.
Le mail en question a donc été transféré deux fois : la première par la députée Françoise de Panafieu (UMP) vers le cabinet du ministère de la culture de Christine Albanel, la seconde par ce même cabinet à la direction de TF1. Ce cheminement ne fait aujourd’hui plus de doute, puisque la ministre vient de suspendre un de ses collaborateurs.
S’il est difficile d’être catégorique quant à la manoeuvre de la députée (demander un argumentaire au ministère pour répondre à un citoyen est une pratique courante, mais le mail aurait dû, à mon sens, être anonymisé), on peut sans conteste blâmer celle du ministère de la culture. Il est totalement inacceptable, dans une société qui se veut moderne, que les opinions politiques d’une personne soient dévoilées à son employeur, et à plus forte raison par un fonctionnaire gouvernemental.
Pire encore, je suis révolté de voir que Christine Albanel a refusé la démission du fautif et s’est contentée de le suspendre pour un mois, soit juste le temps que la loi Hadopi soit définitivement adopté et que l’affaire se calme. Je n’hésite pas à dire que c’est la ministre elle-même qui devrait démissionné pour avoir laissé un de ses collaborateurs commettre une faute aussi grave.
À présent, c’est avec une curiosité plutôt morbide que je vais guetter les résultats de la plainte aux prudhommes (et probablement aussi au pénal) que ne va sûrement pas manquer de déposer l’ancien cadre de TF1. Quand on sait que toute discrimination politique est interdite dans le milieu de l’entreprise, le motif officiel du licenciement qui reprochent au collaborateur des propos “contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de cette loi” est presque hallucinant. Il fallait oser, tout de même !
En tous les cas, cette sinistre histoire achève de dévoiler au grand jour les relations incestueuses entre le gouvernement et les grandes entreprises, notamment médiatiques. Dans beaucoup de pays européens, une telle affaire aurait provoqué la démission séance tenante de l’ensemble du ministère concerné. Mais quel besoin d’autant d’éthique et d’honneur dans un pays où le président de la chaîne de télévision la plus populaire est un des meilleurs amis du président de la république ?
11 mai 2009 à 22h46
Je ne peux qu’ajouter un lien que je viens de voir sur GraphJam, totalement dans l’esprit de ce billet :
http://graphjam.com/2009/05/11/song-chart-memes-get-fired/