Le disquaire qui voudrait ressuciter les DRM
On n’est jamais mieux desservi que par soi-même
Dans le monde de la musique, 2008 restera comme l’année de la fin des DRM. Le rejet de ces systèmes de restriction d’usage des fichiers qui n’empoisonnaient la vie que des acheteurs légitimes a certes commencé il y a plusieurs années, et EMI a initié le mouvement côté éditeurs en avril 2007, mais c’est durant l’année passée que les autres majors (Sony, Warner et Universal) ont fini par basculer aux formats non-protégés. Le rideau final a été l’annonce de leur abandon sur l’iTunes Store d’Apple, début janvier dernier.
Aujourd’hui, on peut donc enfin considérer les DRM audio comme morts et enterrés. Ça ne nous garantit pas une amélioration de la production musicale pour autant, bien sûr, mais ça va au moins nous permettre de gérer nos fichiers comme bon nous semble. La paix règne donc à nouveau entre les éditeurs et les utilisateurs…
Mais il y a toujours un cheveu dans la soupe. Figurez-vous qu’un magasin de musique en ligne vient de révéler sa volonté de conserver les DRM malgré leur extinction quasi-totale. Et pourrez-vous deviner le nom de ce village gaulois du protectionnisme stupide ? Microsoft ! Eh oui ! La firme a en effet annoncé, mercredi dernier, le lancement de MSN Mobile Music, un service de musique pour téléphones portables qui fait se demander si ont est déjà le 1er avril. Car en plus de vendre tous les fichiers totalement incopiables sur toute autre machine que celle qui a servi à l’acheter, ces derniers coûtent la bagatelle de 1,50£, soit 1,60€ au cours actuel. Plus cher que partout ailleurs pour des fichiers quasi-inutilisables. Il fallait oser.
Et ça ne s’arrête pas là. Comme si une telle offre n’était pas suffisamment risible, le chef de la division Mobile chez Microsoft UK, Hugh Griffiths, a accordé une interview à PC Pro, et elle vaut vraiment son pesant de cacahuètes. Mais comme je sais qu’une bonne partie de mes lecteurs ne me croiront pas ou auront la flemme de la lire, en voici quelques morceaux choisis (et traduits par votre serviteur).
Alors que les autres disquaires en ligne comme iTunes et Amazon vendent maintenant de la musique sans DRM lisible sur n’importe quel appareil, pourquoi quelqu’un choisirait-il le service MSN Mobile ?
Il doit bien y avoir des gens qui veulent lire leur musique uniquement sur leur téléphone.
Quel est votre message aux consommateurs ? Pourquoi devraient-ils acheter chez vous au lieu d’iTunes ou Amazon ? Qu’avez-vous à offrir de plus que vos concurrents ?
Nous leur disons que s’ils veulent télécharger de la musique, ils en trouveront chez nous. S’ils n’en veulent pas, tant pis.
Si j’achète des chansons par votre service (qui sont donc bloquées sur mon téléphone), que se passera-t-il dans 6 mois, lorsque je changerai de téléphone ?
Eh bien je crois que vous connaissez la réponse à cette question.
Du grand art, vraiment. On sent le responsable à deux doigts de répondre “fuck you” à chaque question mais se retenir in extremis pour arriver à sortir un semblant de réponse. Pauvre Hugh, je compatis – et vous devriez tous en faire autant : ça ne doit pas rendre joyeux de devoir soutenir une sombre daube telle que celle qu’on l’a obligé à lancer sur le marché…
24 janvier 2009 à 23h45
C’est surréaliste, cette interview !
Mais je compatis pour les mêmes raisons que toi : le service est indéfendable, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il le défende brillamment !