Papon et sa médaille…
Puisqu’il sait si bien où se la mettre, autant la lui laisser
Une polémique un peu stupide fait rage en ce moment : Maurice Papon peut-il être enterré avec sa médaille de la légion d’honneur, reçue en 1950 et retirée en 1998 suite à son procès pour complicité de crime contre l’humanité ? Quelques-uns pensent que oui, beaucoup pensent que non, et la médiatisation de l’affaire contribue à faire réussir la dernière provocation du bonhomme envers son pays. Et pourtant la réponse à apporter me paraît simple…
Je ne suis pas un expert en droit, mais si j’ai bien compris, les décorations suivent le même droit que les diplômes et autres papiers officiels : le fait de ne pas les posséder légitimement vous interdit de les porter en public et d’en faire usage officiellement. Et même si un cimetière est un lieu public, je doute qu’une tombe le soit. En conséquence, j’ai du mal à croire qu’on puisse empêcher sa médaille de suivre Papon en sa dernière demeure.
Venons-en maintenant à ce que j’ai envie de répondre à cette affaire. Puisque la médaille de l’ancien préfet de Paris a été invalidée par la justice, elle n’a désormais pas plus de valeur que le matériau qui la compose. Et c’est sur ce point qu’il faudrait insister : Papon veut être enterré avec un morceau de métal, et ça s’arrête là. Rien de plus significatif que ceux qui demandent à mis en terre avec leur montre de poche, leur gourmette ou leurs bottes en croco.
La polémique prend sa source dans la dramatisation. Pourquoi faire comme si cette médaille représente encore quelque chose, alors que ce n’est plus le cas ? Vouloir empêcher que Papon emmène sa médaille avec lui revient à reconnaitre qu’elle a encore toute sa valeur. Tout le monde tombe dans le piège et la dernière provocation envoyée par Papon à la république, en complicité avec son avocat, fonctionne à merveille.
20 février 2007 à 13h15
Personellement, j’aurais tendance à penser que comme l’odre de la Légion d’honneur lui a été retiré, la médaille doit revenir à la République à sa mort. Donc pas question qu’il l’emmène dans la tombe. Que penserait les générations futures en voyant que Papon possède ce morceau de métal ? Qu’il en était décoré, comme tout les autres.
>> …et comment les générations futures pourront-elles savoir que cette médaille est dans son cercueil autrement que par le relais de la médiatisation de cet enterrement ? Plus que la possession d’un grigri, une distinction est avant tout une trace écrite dans un registre officiel, et c’est bien là qu’il faut que les choses soient claires et officielles. Le contenu de la tombe de Papon ne pourra plus être visité ni aucune image y être prise, donc peu d’effets à long terme contre un registre bien tenu, je pense.
4 mars 2007 à 4h55
L’honneur de monsieur Papon est parti à Auschwitz, via Drancy. Il n’a jamais fait le premier pas pour le récupérer. Cette affaire et maintenant dans le pouvoir d’une juridiction plus puissante et plus redoutable que celle des hommes…
La cendre à la cendre, la poussière à la poussière.