XCP : le coup de grâce ?
Désolé, y’avait rien à en tirer, il fallait le piquer…
Le groupe de recherche et d’analyses technologiques Gartner signale qu’en collant un petit morceau de papier adhésif opaque sur le bord extérieur des CD audio protégés par XCP (le système anti-copie des droits numériques de Sony très controversé depuis trois semaines à cause du rootkit qu’il installe, pour ceux qui reviendraient d’un voyage sur la lune), on désactive la protection. De fait, la manipulation rend illisible la session supplémentaire ajoutée au CD et l’ordinateur lit alors ce dernier comme un vulgaire CD audio non protégé.
Plusieurs remarques s’ensuivent. Primo, quelle ironie qu’une telle débauche de moyen de verrouillage anti-copie (installation invisible d’un espion occasionnant une énorme faille de sécurité) se fasse désintégrer par un petit morceau de scotch… “Aux grands maux les grands remèdes” ne se vérifie pas toujours.
Secundo, cette astuce de déblocage est très semblable à celle qui fonctionnait déjà avec les premiers CD audio protégés… d’août 2001 ! Elle est même plus simple encore ! On se rappelle également du coup du feutre noir, qui permettait de contourner la protection key2audio, élaborée en 2002 par un certain… Sony. Oui, vous avez bien lu : en quatre ans, en prétendant protéger les droits d’auteur, tout ce qu’est arrivée à faire l’industrie est mettre en danger nos ordinateurs.
Selon Gartner, tant que les CD vendus dans le commerce devront être lisibles sur une platine standard, il sera impossible de rendre les protections efficaces, ce que pense également. Un des théorème de base de l’informatique dit : “ce que je peux lire, je peux le copier”, le tout est de trouver le meilleur moyen. Ceci est particulièrement vrai pour l’audio, quitte à utiliser des moyens détournés… comme le passage par la gravure d’un CD audio après achat d’un morceau, ou par un câble analogique pour ré-enregistrer le son, par exemple.
Enfin, je me demande si Gartner ne prend pas un risque en révélant cette information, car il me semble que cette publication viole la partie “anti-circumvention” du DMCA, le package de lois anti-piratage voté aux USA qui interdit la révélation de telles bidouilles favorisant des actes de copie illégale. Remarquez, dans la mesure où cette manipulation permet une meilleure interopérabilité du CD avec les systèmes, ainsi que l’empêchement d’une brèche de sécurité de se former, je serais surpris de voir Sony porter plainte.
En revanche, la directive européenne EUCD, similaire au DMCA et actuellement transposée en France dans l’urgence avec la loi DADVSI, elle, ne considère pas l’intéropérabilité comme une circonstance de tolérance…