II-12 (16/03/2003) : Asymetric Digital Subscriber… Limitations ?


L’ADSL, c’est cool. L’ADSL, c’est mode. Ces derniers mois, on y a droit à toutes les sauces, une bonne poignée de fournisseurs d’accès tentant de remporter leur part du gâteau des lignes téléphoniques vitaminées. Et que ce soit pour pour le surf journalier, le jeu non-stop pour le téléchargement massif, l’ADSL est devenu la référence du haut débit. Les publicités vont dans le même sens : on y prône les débits faramineux, la connexion illimitée, le faible coût… Mais le paysage est-il aussi idyllique que ça ? Comme toujours avec la Chronique de Celeri, je vous invite à regarder le côté obscur de la technologie, là où on aime pas mettre les pieds parce que c’est mou, collant ou piquant…

Au vu des avantages mis en avant avec les offres d’abonnement ADSL, bon nombre de nouveaux abonnés ont profité de l’occasion pour adjoindre à leur brouteur web un ou plusieurs logiciels de partage de fichiers “peer-to-peer” (alias “P2P”). Nul n’ignore les polémiques que ces derniers ont lancé chez les éditeurs privilégiant généralement l’argent entrant en banque que la notoriété de l’artiste sortant du studio. Bien sûr, le problème n’est pas nouveau, mais il a été considérablement amplifié par cette explosion du haut débit.

C’est dans ce contexte qu’il y a quelques semaines, AOL France a envoyé une lettre officielle à certains utilisateurs, qui avaient vraiment téléchargé à tire-larigot, leur sommant de présenter les droits dont ils disposaient pour les téléchargements incriminés, les menaçant de rompre leur contrat d’abonnement. Quelques jours plus tard, c’est Free ADSL qui agit en demandant à certains abonnés de retirer de leur catalogue P2P certains fichiers protégés. Des rumeurs font état de pressions exercées par des éditeurs français de jeux vidéo (allez, à tout hasard… Infogrames ?). Et pour couronner le tout, on commence tout doucement à parler de quotas de téléchargement, comme c’est déjà le cas aux USA où l’ADSL s’est déjà largement démocratisé. Un ultimatum prévisible et logique serait début 2004 afin de ne pas plomber la vente de packs pour les fêtes de fin d’année et, accessoirement, de rendre les portails musicaux raisonnablement dignes d’exister.

Alors, la faute à qui ? Aux vilains éditeurs en mal d’argent frais, bien sûr ! C’est ce que tout abonné moyen vous rétorquera, tout en continuant à télécharger de plus belle sur Kazaa ou eDonkey, souvent à une telle cadence qu’il n’arrive même pas à tout graver au fur et à mesure, et encore moins à tout “consommer”. Ben voyons, les éditeurs… C’est trop facile. Car l’internaute réfléchissant un minimum à la question cherchera spontanément à réduire ses téléchargements. Et pour cause, lui sait que ce qu’il faut défendre n’est pas le peer-to-peer mais la copie privée, le “fair use” de la propriété intellectuelle. Là en effet, les magnats de l’édition sont à blâmer. Et malheureusement, l’utilisation abusive du P2P ne fait que leur donner des arguments tout cuits sur lequels les lobbies rebondiront sans aucun état d’âme.

En d’autres termes, les gros suceurs du net passifs et primaires sont devenus une réelle nuisance qui, en plus de scier la branche sur laquelle ils sont assis, mettent en danger les libertés fondamentales des gens honnêtes qui payent pour ce qu’ils consomment, et aimeraient pouvoir toujours l’utiliser à leur convenance.

Le pire dans l’histoire est d’imaginer qu’il suffirait probablement que la plupart de ces internautes indélicats et égoïstes réduisent leur consommation à ce dont ils ont vraiment besoin, au lieu de bourrer en permanence leur liste de téléchargements de DivX et MP3 par dizaines d’après ce qu’ils lisent dans les charts chaque semaine. Mais il est vrai que le savoir-vivre est une notion difficile à appréhender face à un écran affichant tant d’icônes tentatrices.

Et bonjour chez vous !