II-15 (11/05/2003) : Il y a pommés et paumés


Tous les médias un tant soit peu intéressés par la technologie et le multimédia (c’est-à-dire pratiquement tous) en ont parlé : en début de semaine dernière, le premier service de musique en ligne digne de ce nom a été lancé. Et on peut dire que, pour une fois, les conditions d’utilisation sont plutôt favorables à l’utilisateur : droit de gravure illimité et copie directe du fichier sur trois ordinateurs possible, le tout pour un dollar le titre et 10 dollars l’album ! Certes ça n’éliminera pas le piratage, surtout tant que le service restera exclusif aux USA et à une plate-forme informatique minoritaire, mais ça reste un premier pas encourageant dans la démarche d’aller vers le client au lieu de vouloir l’obliger à venir par dépit. Mais la curiosité la plus savoureuse de l’histoire reste la société à qui on doit ce service : Apple ! Pardon ? Apple ? La boîte qui fait des bonbons (chers) à écrans plats et des portables en titane ? Oui, Apple… qui fait aussi un des meilleurs balladeurs MP3 du marché.

On peut légitimement se demander comment il peut être possible qu’une compagnie qui n’a a priori pas grand-chose à faire dans le secteur de l’édition musicale se permette de ficher une telle baffe aux majors de la musique. Et pourtant, l’indigence des contenus des différents portails musicaux comparée à ce dont les technologies actuelles pouvaient nous permettre raisonnablement de rêver nous avait déjà mis sur la voie : il ne fallait pas attendre un tel pas de la part des géants. Bon. Mais tout de même, pourquoi Apple ? Certains analystes laissent entendre que le facteur “Steve Jobs”, du nom de son président mais également directeur de Pixar, y est pour beaucoup, pour ne pas dire l’élément-clé. Difficile en effet d’imaginer un milieu macro-économique plus fermé que celui de la prodition (production-édition), le charisme légendaire de l’homme ayant probablement parachevé l’affaire.

Bon, et question succès ? Alors qu’un sondage officiel de Nielsen NetRatings avance que presque trois quarts des 30 millions d’américains adeptes du Peer-to-Peer sont aussi des gros acheteurs de CD, l’industrie du disque va-t-elle saluer l’impressionnante performance d’un million de titres vendus par le Music Store ? Eh bien non ! Et l’IFPI (Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique) de riposter par un contre-argument fatal dans les jupons de Reuters : un étudiant allemand se serait vu confisquer ses huit (!) ordinateurs sous prétexte qu’il faisait tourner dessus “un programme illégal d’échange de musique pour envoyer sur internet près d’un million de fichiers MP3 par jour”. Bigre. Si ma calculette ne pentiumise pas, ça signifie que cet heureux gamin dispose à lui tout seul d’une bande passante d’au moins 45 Mo/s, soit le débit cumulé de 11 lignes E3 à 20 000 euros par mois chacune. Bref, quelque chose de tellement absurde que c’est à se demander si ça ne vient pas directement de la RIAA.

Et bonjour chez vous !