L’âne est mort… morts aux ânes ?
En juin dernier, la Cour Suprême des Etats-Unis décidait que les éditeurs de logiciels d’échange de fichiers en P2P pouvaient être responsables des contenus échangés par leurs utilisateurs, et donc être coupables de viol de copyright dans le cas d’échange de fichiers protégés. Devant cette décision inespérée, la RIAA a sauté sur l’occasion de menacer les entreprises à l’origine des 7 principaux logiciels de P2P en leur sommant de filtrer les éléments litigieux de leur réseau. Et aujourd’hui, c’est eDonkey, un des plus célèbres de ces réseaux, qui jette l’éponge.
En effet, Sam Yagan, le fondateur et président de MetaMachine, à l’origine du logiciel et du protocole d’échange de fichiers, a déclaré officiellement mettre fin à la plate-forme. Mais il ne se contente pas de ça…
Selon lui, les association américaines d’éditeurs (de musique et de films notamment) ne se rendent pas compte (ou feignent d’ignorer) que ce ne sont pas de telles méthodes qui tueront le P2P. Et de mentionner que malgré leurs récentes actions légales fort cavalières, le mouvement n’a pas diminué d’amplitude et que les cas de Napster, AudioGalaxy et autres Grokster mettent en évidence que les utilisateurs savent changer de logiciel quand l’un d’eux est menacé.
Tuer les sociétés éditrices de ces logiciels ne fera qu’émerger d’autres logiciels qui, eux, seront développés un peu partout dans le monde, de manière non-officielle, et qui sauront se protéger de telles menaces en cryptant les données d’échange entre les utilisateurs. D’où son inquiétude par rapport à la capacité d’innovation de son pays, qui semble – elle aussi – se délocaliser vers les pays de l’est…
Le dernier paragraphe de l’article de Richard Menta est particulièrement saisissant : “Nous produisons déjà moins d’ingénieurs. Nous provoquons nous-mêmes notre défaite. Le plus triste est que l’industrie américaine mérite probablement ce qui lui arrive.“