Chauvinisme économique à la française
Ou le capitalisme à sens unique
Il a été révélé hier, à la surprise générale, que le groupe français Vivendi-Universal a racheté Activision en le faisant fusionner avec sa propre division vidéoludique, Vivendi Games. La nouvelle entité sera appelée “Activision Blizzard”, le célèbre studio américain auteur de World Of Warcraft étant déjà sous la coupe du français.
Bref, une manoeuvre comme le secteur en voit passer bon nombre, même si l’ampleur de celle-ci est assez extraordinaire (environ 19 milliards de dollars)… sauf que je ne peux pas m’empêcher de vous faire partager la réaction de Christine Albanel, notre bien-aimée ministre de la culture :
Ceci confirme la capacité des entreprises françaises à prendre des positions importantes dans les industries culturelles au niveau mondial. (…) Avec cette opération, le groupe français devient un acteur majeur de l’économie numérique dans le domaine du jeu vidéo, à la fois en ligne et sur console. Cet accord conforte la place de la France comme pays majeur de la création et de l’édition de jeux vidéo.
Donc voilà : quand un grand groupe de loisirs-médias-communication-etc. français bouffe un des leaders du jeu vidéo pour devenir n°1 sur le secteur, c’est génial. Par contre quand d’autres pays veulent faire pareil avec nos entreprises énergétiques ou agro-alimentaires, là c’est une autre histoire, et on a tous vu ces dernières années la réaction d’effroi que ça génère au niveau gouvernemental. Et si demain Electronic Arts ou Nintendo rachetait ce nouveau mastodonte, ce serait une agression caractérisée contre la France et il faudrait bien sûr protéger le bébé.
Je n’ai pas d’avis très tranché sur le bien-fondé de ces gigantesques fusions, je dois avouer que j’en cerne assez mal les impacts. Mais je constate que nos ministres ne peuvent décidément pas s’empêcher d’être sacrément hypocrites dès qu’il s’agit de parler du capitalisme aux français.