Chronique de Celeri – saison 1 (2001-2002)
Voici, en intégralité, la première saison de la Chronique de Celeri, c’est à dire sa première année d’existence et, donc, ses premiers épisodes.
Cette chronique est née du simple désir de réagir de manière écrite sur l’actualité technologique, et n’avait pas de formule prévue initialiement. En fait, cette chronique a, d’une certaine façon, passé toute sa vie à s’en chercher une…
Sommaire :
-
Episode 01 (05/08/2001) : Ding ding, we have a winner !
Episode 02 (19/08/2001) : Prière d’allumer…
Episode 03 (02/09/2001) : Plug-moi in !
Episode 04 (16/09/2001) : C tous D pirates !
Episode 05 (30/09/2001) : Pour qui ?
Episode 06 (14/10/2001) : Same player, shout again
Episode 07 (28/10/2001) : Fenêtres Xéno-Phobes
Episode 08 (11/11/2001) : Doubler l’intérêt d’un match de tennis
Episode 09 (25/11/2001) : Comment rentabiliser le cyber-délit
Episode 10 (08/12/2001) : Une fabulette à la japonaise
Episode 11 (23/12/2001) : Les revers de l’ultra-qualité
Episode HS (31/12/2001) : Voeux et voeux
Episode 12 (13/01/2002) : Sur la grève
Episode 13 (27/01/2002) : Le droit d’ôter les droits
Episode 14 (10/02/2002) : Tu es les forts
Episode 15 (24/02/2002) : Promenons-nous dans les frasques
Episode 16 (10/03/2002) : Rest In Pad
Episode 17 (07/04/2002) : We have it in
Episode 18 (21/04/2002) : Silence ! On brade !
Episode 19 (05/05/2002) : Votez, votez, il en restera toujours quelque chose
Episode 20 (19/05/2002) : Partagez, respirez !
Episode 21 (02/06/2002) : Y’a quelque chose de pourri au royaume de Chirac
Episode 22 (16/06/2002) : Que voulez-vous que ça me foot ?
Episode 23 (30/06/2002) : Tu la sens, ma grosse clé ?
Episode 1 (05/08/2001) : Ding ding, we have a winner !
Pour cette première chronique, j’ai choisi de récupérer un titre d’un site web d’information spécialisé dans les déconvenues de la nouvelle économie (FuckedCompany.com).
En cette semaine de fin juillet-début août, un record mondial a été allègrement pulvérisé, aux USA : celui des plus grosses pertes d’une société en un an. Jusqu’à présent prérogative présupposée des grands comptes, les pertes astronomiques ont vu leur plus majestueuse performance exécutée par une petite compagnie, encore jeune.
Et la performance vaut le coup d’oeil, accrochez-vous : un peu plus de 50 Milliards de dollars de pertes sur l’année passée. Oui, on parle bien ici de pertes, de dollars et de milliards ! A la mode de l’Euro, ça donne environ 55 Milliards. Un chiffre presque égal au PIB de la Colombie en 2000 (ont-ils bu autant de café que ça ?).
Au-delà de la performance elle-même, c’est sur le fond que je m’interroge. Les pertes d’une société représentent en gros ses bénéfices mais à l’envers : l’argent dû mais qui n’est pas couvert par les rentrées d’argent. Et dans ces situations-là, ce sont les actionnaires qui doivent mettre la main à la poche. Comment diable ces derniers ont pu laisser de tels résultats s’installer, alors qu’ils sont informés régulièrement des opérations de leur société ? Inconscience collective, goût du risque partagé, chiffres truqués, masochisme…? Ou alors c’est encore une expérience consistant à faire jouer en bourse un enfant de 6 ans et un astronome ?
En tout cas je souhaite bon courage aux actionnaires de JDS Uniphase. Lesquels n’ont d’ailleurs pas vraiment réagi à l’annonce de ces résultats : le titre est en baisse constante depuis un an, mais pas de gros plongeon récent à reporter. J’imagine que les fournisseurs et autres débiteurs de la société ne partagent pas vraiment leur tranquillité. Comme le dit le proverbe “Dois mille Francs à ton banquier, tu dors mal. Dois-lui un million, c’est lui qui dort mal”.
Et bonjour chez vous !
Episode 2 (19/08/2001) : Prière d’allumer…
Il y a de cela une semaine environ, je passais par les souterrains de la gare SNCF de La Défense (grande arche) lorsque j’ai entendu en substance le message suivant : “Mesdames messieurs, les travaux en cours ayant occasionné des irrégularités dans le sol, nous vous invitons à être vigilants”. Irrégularités ? En regardant attentivement, on voyait en effet que le béton présentait ça et là de légères bosses et des petits trous. Le genre d’irrégularité qu’on rencontre tous les jours sur l’asphalte des routes, et encore. Pas de quoi fouetter un chat, cette annonce n’aurait du, à mon avis, ne concerner que les aveugles et les porteurs de minerve.
Mais il y a une raison très simple à cet excès de prévenance… Non pas qu’on se préocupât réellement de notre santé, on a surtout compris que ne pas le faire peut attirer des ennuis. Il suffirait qu’une personne se casse la figure dans un de ces couloirs sans avoir été prévenue de regarder où elle marchait pour pouvoir causer de sacrés ennuis à la SNCF. Inutile de vous faire un dessin, j’imagine.
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, on m’a appris à regarder devant moi quand je marche dès ma plus tendre enfance. Et j’ai du mal à comprendre comment cette civilsation qu’on vénère tant peut cautionner l’attitude de ces gens qui éteignent leur cerveau : sous prétexte qu’on est dans un lieu publique, la responsabilité d’une chute incombe au propriétaire des lieux… Lumineux, n’est-ce pas ?
Il paraît déjà que récemment, une fille s’est plainte que sa mère ne l’avait pas assez encouragée à poursuivre le piano et avait “donc” gâché son talent : la plainte n’a été rejetée que parce que la mère avait retrouvé le contrat qu’elle avait fait signer à sa fille le jour où cette dernière avait exigé d’arrêter les cours.
Je me dis qu’à ce train-là, on finira par voir des personnes porter plainte contre leurs parents pour les avoir mis au monde. Et j’ai un gros frisson.
Et bonjour chez vous !
Episode 3 (02/09/2001) : Plug-moi in !
Ceux qui suivent l’actualité de l’informatique sont probablement déjà au courant, Microsoft a décidé, pour fêter la sortie de la version 6 de son navigateur web monopoloïde, de lui retirer l’usage des “plug-in” ainsi que sa machine virtuelle Java.
Jusqu’à présent, l’informatique faisait partie de ces secteurs évoluant tellement vite que les soucis de compatibilités se traduisaient souvent par des efforts pratiquement aussi grands que le développement lui-même. Et Microsoft n’y faisait pas exception, en faisant notamment les frais avec ses versions successives de systèmes d’exploitation (MS-DOS puis les multiples Windows). Et pourtant, nous avons là une situation opposée. Que se passe-t-il ici ?
Le système de “plug-in” pour navigateur a été introduit par Netscape avec son célèbre Navigator en version 2 en 1995. C’est un bon système, qui a le mérite d’avoir une portabilité multi-plateforme relativement aisée. C’est grâce à ses qualités que des technologies efficaces comme Flash sont apparues. Concernant Java, le nombre global de développeurs sur ce langage a tout récemment dépassé celui sur le langage C/C++. C’est donc maintenant un standard indubitable. Alors, monsieur Microsoft ?
Eh bien le monsieur vous répondra que, par souci d’optimisation et de sécurité, il vaut mieux que le navigateur utilise des outils propres au système d’exploitation (i.e. Windows). Il en résulte que le brouteur made-in Billou ne saura plus utiliser que des modules ActiveX, technologie propriétaire et totalement encastrée dans le système.
On pourrait comparer cette situation à celle d’un patron d’entreprise qui n’autoriserait plus à ses employés de n’utiliser que les crayons fabriqués sur une base technique issue de l’entreprise elle-même… Situation qu’on peut alors facilement extrapoler aux autres outils, puis l’alimentation, pour en arriver ensuite… aux employés eux-mêmes ! Le but officieux de cette amputation logicielle est bien évidemment d’écarter les technologies concurrentes, et notamment RealMedia et QuickTime, grands concurrents de WindowsMedia sur le terrain de l’audio-vidéo en ligne.
L’arrivée du président Bush au pouvoir des USA et la nouvelle donne qui en a suivi au niveau du département de justice américain semble suggérer à Microsoft qu’ils n’ont plus à cacher leurs pratiques monopolistiques.
Et bonjour chez vous !
Episode 4 (16/09/2001) : C tous D pirates !
Vous l’avez peut-être lu dans la presse online, Bertelsmann (alias BMG) s’apprête à sortir une nouvelle fournée de CD-Audio protégés contre la copie. L’expérience avait déjà été menée il y a quelques mois par le même éditeur, avec guère de succès, les bricoleurs s’étant vite aperçus qu’en collant des morceaux de papier adhésifs à certains endroits stratégiques des disques, l’extraction des données redevenait possible. D’autres s’étaient rendus compte que les CD en question n’étaient plus lus par certains lecteurs de salon…
Le nouveau système se veut être la correction de toutes ces imperfections. Cette fois-ci l’extraction ne serait plus impossible mais introduirait des bruits parasites insupportables et la compatibilité totale avec les platines est garan… pardon assurée.
Depuis l’apparition du CD-R, les éditeurs n’ont de cesse de poursuivre ce qui n’est pour l’instant qu’un mythe : celui du CD-Audio incopiable. Après l’échec cuisant du système SDMI (les hackers en étant venus à bout ont d’ailleurs récemment publié leurs rapports sur le net) et tant d’autres relatifs à la protection des CD-ROM contenants des logiciels, BMG n’abandonne pas.
Sans prétendre que c’est ce que les éditeurs devraient faire, je vais vous faire part d’une astuce qui va vous permettre de contourner toutes les protections actuelles et à venir du format CD-Audio.
“Vraiment ? Mais quel est ce hack révolutionnaire ?” Eh bien il tient en un seul mot : l’analogique ! Eh oui, comme toujours, celui-ci vient au secours du numérique. A partir du moment où votre lecteur (de salon ou intégré à l’ordinateur) peut lire le CD original protégé, vous pouvez enregistrer analogiquement ce qui en sort au moyen de votre carte son. Prévoir simplement de bons câbles (si vous utilisez un lecteur extérieur), un logiciel d’enregistrement correct (de nombreux freewares de qualité existent) et un peu d’espace disque (10 Mo par minute enregistrée).
Les puristes prétendront qu’on perd de l’information, mais les cartes son actuelles ont des digitaliseurs de qualité tout à fait suffisante pour cela. Et à plus forte raison si le fichier résultant est censé passer à la moulinette destructive du MP3 par la suite.
J’espère que la RIAA ne va pas me tomber dessus après cette chronique… Et si je brevetais mon astuce ? Ah non, j’oubliais que seul Amazon.com a le droit de breveter les idées résultant d’une évidence.
Et bonjour chez vous !
Episode 5 (30/09/2001) : Pour qui ?
Cette semaine, en passant par une papeterie ordinaire, je suis tombé sur un livre dont le titre m’a quelque peu interpellé. Même s’il est vrai qu’aujourd’hui on ne doit plus s’étonner de rien concernant ce qui sort dans le secteur (comme dans les autres, d’ailleurs), là j’ai mis un certain temps à réaliser. Et ce même si, finalement, ce livre a bien raison d’exister. Je ne prétends pas juger le contenu de l’objet, c’est de ses implications que je vais parlementer.
Le titre ? Accrochez vos ceintures : “Le français correct pour les nuls”. Je dis merci.
Merci aux gars de la collection “pour les nuls”, car il s’agit ici d’un témoignage officiel que j’attendais depuis ô combien longtemps. Celui qui me déclarerait, d’une voix franche et assurée, que je ne suis pas si anormal que ça. Que certaines raisons de mon courroux ont raison d’exister. Et qu’une bonne partie du peuple de france n’est pas fichue d’écrire correctement.
On va probablement me répondre que ce dont il s’agit est probablement plus du français soutenu, du français administratif et autres versions tordues de la langue. Eh bien non… En tout cas pas à la base. En parcourant rapidement les entrailles de la chose, j’y ai bel et bien trouvé, en version surexpliquée, quelques rudiments parmi les plus élémentaires du français normal. Bigre… Savoir écrire une lettre, même pas juridique mais simplement de pure communication, je me rappelle avoir appris ça au collège, pratique devenue régulière depuis lors, empêchant les reflexes de se perdre.
On me rétorquera aussi peut-être que “les nuls” en question sont une partie très minoritaire de la population. En tout cas ce n’est pas ce qu’entendent les auteurs, qui ont conservé leur slogan : “A mettre entre toutes les mains !”.
Il est peut-être bon de rassembler ce genre de notion dans un livre facile d’accès, mais j’ai gardé le meilleur pour la fin : les registres de langue, le vocabulaire et les règles de grammaire… Dans la famille Programme d’Enseignement Français, je demande le Cours Moyen !
Je vous l’ai dit, j’attendais ça depuis longtemps… Une reconnaissance officielle et directe du fait que beaucoup de français massacrent leur façon d’écrire, et souvent sans le moindre remord. Et quand il leur faut se remettre au niveau, l’école est loin derrière et ce sont des livres qui doivent alors prendre la relève.
S’il n’est pas déjà trop tard, bien sûr… Mais peu importe concernant celui-ci qui, on comprend aisément pourquoi, fera très certainement un beau chiffre.
Et bonjour chez vous !
Episode 6 (14/10/2001) : Same player, shout again
Le mois dernier, je vous entretenais sur la musique, et plus précisément la musique distribuée sur CD-Audio. Eh bien il semble que l’actualité soit fortement intéressée par ce domaine. Récemment, on a appris plusieurs nouvelles, dont je vous propose de parlementer un peu aujourd’hui.
Tout d’abord, un symbole de taille vient d’être utilisé pour lancer un “nouveau” système de protection de CD : Michael Jackson. En effet, son récent album de promotion a été distribué avec son fourbis respectif de codes CRC défectueux (les zones de données réservées au corrections d’erreurs), que les platines lisent -théoriquement- normalement et que les dispositifs de copie numérique interprètent mal. Et alors ? Eh bien ce petit événement est la réaction que tout le monde attendait de la part Sony Music, laquelle se faisait attendre. Il y a quelques temps, c’était Universal qui annonçait ses projets de disques plombés pour l’an prochain et Bertelsmann qui lançait directement, et sans tapage, plusieurs tentatives successives.
Ca s’active donc beaucoup autour de la protection des CD, les éditeurs partant du principe immuable que la baisse des ventes de CD n’est dûe qu’au piratage. Surtout ne jamais se demander si ça ne viendrait pas d’autre chose, comme une lassitude vis-à-vis de la musique-emballage ou de leurs propres pratiques commerciales, bien sûr… En tous les cas, ça s’active tellement que cette semaine, c’est un éditeur indépendant qui s’est lancé. Zombard, avec un album de Nsync, s’apprête à tester plusieurs pays avec un niveau de protection différent, afin de sonder les habitudes de piraterie des consommateurs.
Tant qu’on est dans la piraterie audiophonique, il est à noter les époustouflantes revendications de la RIAA qui a, la semaine dernière, rameuté une floppée de symboles high-tech-capitalistes afin de leur imposer un speech des plus savoureux de naïveté. Morceau choisi : “Nous travaillons avec les fabricants de cartes audio afin qu’ils implémentent des technologies qui empêcheraient l’enregistrement de matériel marqué numériquement à la fois sous forme numérique et analogique”. J’en ris encore. Savent-ils vraiment ce qu’est l’analogique et un marqueur numérique ?
Ah sinon pour finir par une touche de compassion, mentionnons les superbes pertes de BMG et de l’investisseur CMGI illustrant leur participation dans les nouvelles technologies de musique en ligne : respectivement 888 millions d’Euros et 1,4 milliard de dollars. Quitte à creuser encore l’écart pécuniaire, on comprend bien les réactions des éditeurs de CD et de leur grand copain, la RIAA !
Et bonjour chez vous !
Episode 7 (28/10/2001) : Fenêtres Xéno-Phobes
Cette semaine, ceux qui se sentent ne serait-ce qu’un peu concernés par l’actualité informatique ont assisté à une mini-querelle dualiste. Celle-ci a pour origine deux produits s’arrachant la vedette et les yeux des journalistes. Ils sont sortis à quelques heures près au même moment, et qui plus est directement de chez les deux frères ennemis que sont Apple et Microsoft.
Respectivement, nous avons d’un côté un petit objet à vocation musicale et au design High-Tech élégant, et de l’autre un mastodonte des systèmes d’exploitation, aussi bien en termes de ventes qu’en espace disque consommé. L’iPOD d’Apple est un balladeur MP3 de nouvelle génération, celle incorporant un disque dur, une liaison rapide (Firewire, alias IEEE 1394) et un affichage décent, sorti comme le diable d’une boîte, simplement annoncé comme “un nouveau périphérique de chez Apple”, alors que le second était depuis longtemps entretenu par un battage médiatique gigantesque. Ce “Windows XP” est, comme d’habitude, la version la plus importante de Windows depuis Windows 95.
Chacun de ses deux produits est intéressant en soi, mais je vais m’attarder sur celui de Bill Gates, qui a le mérite de bouleverser certaines habitudes.
Tout d’abord, c’est enfin – de l’aveu même de l’éditeur – le “Windows sans les bugs” que tout le monde attendait. Je suis partagé : est-ce là un aveu d’incompétence ou bien… Hum non, finalement je crois que je connais la réponse.
Sinon, le grand classique de la fulgurance est toujours au beau fixe. Rendez-vous compte, maintenant l’installation est aussi courte que le temps que vous mettez à remplir le formulaire d’enregistrement ! Le piège n’est pas difficile à trouver, ledit formulaire représentant 5 pages complètement nominatives et responsabilisantes, voire culpabilisantes à souhait. Et une fois installée, la chose vous empêchera de mettre à jour votre configuration hardware plus de 6 fois tous les 120 jours, soit moins de 2 fois par mois ! Je connais des overclockeurs et des adeptes des rack-disk qui vont réfléchir à deux fois avant de l’installer (du moins en version non crackée).
Il semble que Microsoft se dirige de plus en plus vers une politique de licence à triple contrainte : celle d’en payer le prix, d’en respecter les conditions d’utilisation et de se plier à des contraintes opérationnelles plus ou moins arbitraires. Vous cédez à la fois de l’argent et le droit de l’utiliser comme bon vous semble. Si encore il était gratuit, je ne m’en plaindrais pas. A moins que Microsoft ait décidé de favoriser l’adoption en masse de Linux ?
Vous l’aurez compris, l’autre éventualité que j’envisageais tout à l’heure était un hypothétique sentiment de pitié vis-à-vis des utilisateurs.
Et bonjour chez vous !
Episode 8 (11/11/2001) : Doubler l’intérêt d’un match de tennis
Une fois n’est pas coutume, je vais parler un peu de sport. Il y a tout juste une semaine, le tournoi de Paris-Bercy couronnait pour la seconde fois depuis sa création un champion français. Une victoire tout à fait méritée après un parcours sans faute qui encourage à penser que le tennis français a toujours au moins une vedette.
Le tennis est un des rares sports que je supporte de regarder, ceci étant dû principalement au fait que c’est celui dont on entend le moins les manifestations du public. Bon, il y a bien toujours des bruits parasites, comme des contestations vulgaires de temps en temps et une ou deux voix off jouant à celui qui dira le plus de bêtises pendant le temps de la rencontre, mais ça reste à peu près supportable.
En revanche, si d’aventure on me demandait ce qu’il faudrait changer dans un match de tennis, j’aurais ma réponse toute prête sous la main : supprimer le second service ! J’en ai parlé à quelques fans et autres pratiquants de ce sport qui en ont sauté au plafond tellement ça leur semble idiot, mais je tiens à mon idée dur comme fer.
Il n’est pas difficile de trouver des exemples de rencontre dont l’issue a été décidée en grande partie par le service des joueurs. En effet, grâce à la possibilité de servir deux fois à chaque point, ils frappent le plus fort possible en espérant l’ace ou la faute directe salvateurs. La moralité est aujourd’hui que trop de choses se jouent au service. Les balles à 190 km/h ou plus sont extrêmement difficiles à retourner et donc le joueur qui maîtrise bien son service dispose d’un atout considérable. Pour un jeu aussi naturellement riche que le tennis, vous avouerez que c’est un peu restrictif.
En supprimant le second service, les joueurs seraient obligés de faire un choix stratégique : privilégier la force et la vitesse mais avec un risque de faute élevé ou bien consacrer leurs ressources majoritairement à l’échange. Ils se fatigueraient donc beaucoup moins au début du point et produiraient sûrement un tennis encore meilleur. N’oubliez pas qu’un joueur sert entre 100 et 300 fois au cours d’un match. La durée des rencontres serait probablement réduite, ce qui ne serait pas un mal, ni pour les spectateurs, ni pour les joueurs.
Je sais que ce n’est pas demain que ça changera, et donc j’en reste à ne pas regarder trop souvent le tennis à la télé. Et il n’est pas rare que je cesse de regarder un match lorsque le service y tient une place trop prépondérante. Et si celui de dimanche dernier n’avait pas été une finale, j’aurais eu du mal à me retenir de zapper.
Et bonjour chez vous !
Episode 9 (25/11/2001) : Comment rentabiliser le cyber-délit
Saviez-vous que Microsoft lutte vaillamment contre les virus, les bugs et autres failles de ses produits logiciels ? Si si, et ils y mettent une énergie assez étonnante, d’ailleurs. Alors où est l’éternel “mais”, caractéristique du géant de Redmond ? Eh bien il se situe au niveau de la cible : au lieu de traquer la petite bête, les responsables de la sécurité de la société poursuivent… les traqueurs eux-même ! Car voyez-vous, Microsoft rêve d’un monde parfait. Et ce monde parfait n’est pas un monde sans bugs, non bien sûr car il faut bien faire acheter des mises à jour, mais un monde sans “experts” qui découvrent les failles et en avertissent tout le monde, ceci forçant les développeurs à prendre le temps d’élaborer un correctif le plus rapidement possible et d’en informer le public.
“Les experts en sécurité constituent la “cinquième colonne” de l’informatique d’entreprise”, racontait Scott Culp, patron du Microsoft Security Response Center. “Si on a vu apparaître des Nimda, des Code rouge, des Lion, Sadmin et autres Ramen, c’est en grande partie par la faute des spécialistes patentés de la faille et du ver qui, en toute impunité, décrivent des documents constituant de véritables modes d’emploi pour les hackers du monde entier”. Je vous laisse savourer, le temps de passer au paragraphe suivant.
Profitons-en pour rapeller le contexte actuel : IIS, le logiciel serveur de Microsoft, a vu un grand nombre de ses failles béantes et inquiétantes mises en évidence ces derniers mois : attaques DoS, pillages de données (et même directement chez M. Bill), virus Code Red… Les exemples sont légion. Et de l’autre côté Apache, gratuit et basé sur Linux et l’Open Source, progresse.
Que demande donc le sieur Gates ? Tout simplement que les experts en sécurité, lors de la découverte d’une faille, ne parlent pas de la chose hors d’un cercle d’experts autoproclamés pendant au moins un mois. Et, comme par hasard, pour faire partie du cénacle et avoir accès aux informations, il faudra… payer ! Combien ? Oh, juste la bagatelle de 70 000 $. Une obole symbolique envers le Dieu du logiciel, mes fidèles.
On peut donc dire que Monsieur Microsoft a décidé d’instaurer une sécurité à deux vitesses, lui permettant au passage d’engranger de l’argent grâce (!) aux disfonctionnements de ses logiciels. Et ce pendant tout le mois où l’information ne serait pas accessible au public, c’est à dire plus qu’il n’en faudra aux pirates (je parle ici des vrais, donc des dangereux, ceux qui ont trouvent les failles) pour fourbir leurs armes et attaquer les systèmes privés de toute défense.
A quand la brevetabilité des bugs ?
Et bonjour chez vous !
Episode 10 (08/12/2001) : Une fabulette à la japonaise
Aujourd’hui, je vais vous parler un peu de jeux vidéo. C’est un thème d’actualité avec la nouvelle guerre de la génération des consoles 128 bits lancée depuis peu. Voici une histoire qui mériterait presque de devenir une petite fable et que je vous la raconte succintement.
Il était une fois au Japon, une compagnie nomée SquareSoft, qui était célèbre pour des jeux de rôles sur console, et notamment la saga Final Fantasy, dont les six premiers épisodes avaient eu un succès impressionnant sur consoles Nintendo. Un beau jour, le développeur, se sentant spolié par la politique tarifaire du constructeur, décide d’aller voir ailleurs (chez Sony et sa Playstation en l’occurence)…
Pour l’instant, rien d’extraordinaire, des histoires comme celles-là sont assez banales au pays du jeu vidéo. Mais là où ça devient pittoresque, c’est que les gars de chez Square, au lieu d’assumer leur choix en silence, ont cherché à remuer le couteau dans la plaie qu’ils venaient d’ouvrir, notamment en crachant publiquement sur la nouvelle console de Nintendo et en incitant d’autres éditeurs à ne pas développer dessus. Une haine était née et Nintendo ne s’en est aperçu que trop tard. La légende raconte que le clou fut enfoncé d’une façon ultime le jour où Square adressa un courrier au big boss de Nitendo, contenant sur une feuille le logo de Enix (l’autre gros développeurs de RPG au japon, notamment connu par sa saga Dragon Quest, que Square est ainsi parvenu à faire basculer de Nintendo vers Sony), sous-titré par un laconique “Now how do you like being hurt ?”, traduisible par “Tu la sens, cette blessure ?”.
L’histoire aurait pu en rester là, mais le destin prend parfois un malin plaisir à retourner les situations. Et, même si en effet le manque de développeurs sur Nintendo-64 s’est fait assez fortement ressentir, le constructeur a largement sauvé son chiffre par un produit : la GameBoy Color. Son succès a été tel qu’elle assurait à pratiquement tous les développeurs officiant dessus des rentrées d’argent colossales. Et Square, qui venait de dépenser près d’un milliard de dollars pour produire son grand fantasme cinématographique répondant au nom de “Final Fantasy : The Spirits Within”, aurait eu bien besoin de telles rentrées d’argent… que Nintendo, pensez donc, s’est dépêché de mettre hors de leur portée, leur refusant l’indispensable licence et en leur répétant leurs propres paroles de rupture qui disaient en substance qu’on ne verrait plus jamais un jeu SquareSoft sur une console Nintendo. Là encore, la légende veut que Nintendo ait invité les représentants de Square en leur faisant miroiter un contrat possible, mais seulement pour les humilier en leur donnant un papier avec imprimé dessus une GameBoy Adance sous-titrée du non moins laconique “Is it what you’d like to develop for ?”, autrement dit “Est-ce là-dessus que vous aimeriez développer ?”.
Aujourd’hui, la GameBoy Advance a succédé à la GameBoy Color et son succès paraît suivre le même chemin, plusieurs développeurs ayant déjà sorti des RPG spécialement pour elle. Et Square, de son côté, salivant de ne pas disposer de la précieuse licence, multiplie les tentatives de reconquête, promettant des jeux en exclisivité et allant même jusqu’à ce qui pourrait s’apparenter par des excuses publiques : “Notre pire ennemi à l’époque était bien notre orgueil”, a récemment lâché un des grands designers du groupe. Mais tiraillé entre un Nintendo qui leur voue maintenant un mépris farouche pour haute trahison et un Sony décidé à ne pas lâcher les franchises de son bébé (le géant a récemment acheté environ 15% de leurs actions), il appparaît aujourd’hui que cette ancienne étoile brillante du monde des jeux vidéo souffre beaucoup. Et ce n’est pas Final Fantasy 10, dont le coût de développement faramineux a mis du temps à être comblé par les ventes, qui va sauver l’honneur. La compagnie vient d’annoncer des pertes nettes de plus de 100 millions de dollars et table sur un bilan 2001 négatif, à comparer avec les 700 millions de dollars de bénéfices sur l’année 2000.
La moralité que je donnerais sur cette histoire est la suivante : toujours prévoir une réserve d’argent et éviter de se faire des ennemis au pays quand on part à l’assaut d’Hollywood !
Et bonjour chez vous !
Episode 11 (23/12/2001) : Les revers de l’ultra-qualité
Plus les jours passent et plus je vois de monde succomber aux “charmes” des DVD, notamment en cette période d’ultra-consommation que sont les fêtes de fin d’année. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une obsession de l’ultra-qualité qui se propage très vite. Ca y est, les derniers bastions de l’analogique sont en train de s’effondrer et on est dans l’ère du tout numérique.
Le numérique, c’est formidable. On remplace un signal normal par un signal binaire, plus gourmand en bande passante et en électronique. Les vertus d’inaltérabilité et de performance qu’on lui prête ont marqué les esprits, lesquels ont fait cadeau aux éditeurs d’une occasion rêvée d’avoir le contrôle total de l’information et à eux-même d’appareils coûteux et de médias fragiles.
Tout cela a certes ses bon côtés. Mais je ne peux que me questionner quand je vois dans quels extrêmes on tombe : le Home Cinema en est le parfait exemple. Pour faire comme le cinéma chez soi, on achète un écran plat géant et un ensemble de 6 hauts-parleurs. “Et alors ?” Alors rien, les gens font ce qu’ils veulent.
Je constate simplement que ce phénomène en rappelle étrangement un autre. Certaines personnes, tellement affolées à l’idée de la plus petite maladie, se bourrent de vitamines. Et lorsqu’elles sont quand même malades, même d’un petit rhume minuscule, c’est l’aspirine qui y passe par paquets de vingt-quatre. Vous rigolez, moi je connais des gens pour qui l’aspirine est devenu une drogue dure : ils ent ont en permanence deux boîtes dans leur sac et s’ils oublient d’en prendre un jour, ils ont systématiquement mal à la tête.
Quel rapport avec l’ultra-qualité ? Eh bien c’est comme les médicaments qui, pris à outrance, rendent le système immunitaire paresseux. J’observe que certaines personnes sont d’ores et déjà incapables d’émettre un avis positif envers un film sur VHS ou une quelconque musique enregistrée en monoral. Leur cerveau semble devenir progressivement incapable d’ajouter ce qu’il faut à ce qui est de qualité moyenne pour pouvoir l’apprécier.
Inutile de vous dire que c’est un manque qui fait mal au portefeuille.
Et bonjour chez vous !
Episode Hors-série 1 (31/12/01) : Voeux et voeux
Je profite de cette première chronique hors-série datée du 31 décembre 2001 pour souhaiter une bonne année à tous les visiteurs qui ont la patience de me lire toutes les deux semaines. Il est encore trop tôt pour vraiment pouvoir m’avancer sur la façon dont est considérée cette chronique bi-mensuelle, mais je suis en mesure d’affirmer qu’elle est lue environ une fois par jour. A moins qu’il ne s’agisse toujours de la même personne, ça semble un début honnête pour une tentative un peu folle lancée il y a maintenant 5 mois.
Bonne année, disais-je, et que 2002 vous apporte tout ce que vous attendez d’une année du troisième millénaire. Pour ma part, si je pouvais souhaiter quelque chose qui ait rapport aux technologies de l’information (pour rester en phase avec mon site web), ce serait que la cyber-connerie disparaîsse. Un voeu irréalisable, allez-vous me dire. En effet, ce serait un peu comme souhaiter la paix dans le monde ou la fin des fanatismes religieux.
Mais je ne peux m’empêcher d’espérer. Je suis persuadé qu’au plus profond de chaque personne existe du respect, de la compréhension, de la présence d’esprit et du bon sens. Et que ces notions-là sont un peu comme les attitudes liées aux hormones : plus ou moins inhibées selon les individus. Concernant les hormones, les progrès de la chimie et de la médecine font qu’on commence à mieux connaître ces inhibiteurs. Mais concernant la connerie, là c’est autre chose. Il semble que le nombre de ces inhibiteurs soit directement et propotionnellement lié au nombre d’individus formant un groupe, mais la démonstration physique reste à démontrer.
Concernant la cyber-connerie, c’est encore une autre histoire. J’en ai parlé à quelques amis webmasters. Eux aussi sont confrontés au même problème. Et curieusement, il semble que plus on essaie de faire un site clair, convivial et agréable, plus on se retrouve avec des spécimens représentatifs de la cyber-connerie. Ce qui suggérerait deux choses. Primo que le fait de l’anticiper ne ferait qu’en augmenter la puissance et deuxio que pour la faire disparaître, il faudrait non pas se mettre à son niveau, mais au contraire essayer de la semer.
Mais ce remède serait-il compatible avec le modèle actuel de l’internet ? Celui qui devient plus commercial et grand public chaque jour ? Celui dont on commence à exiger des fréquentations énormes et des profits ? Sûrement pas… Et même si je n’inscris pas mon site dans cette tendance-là, je sais qu’il va falloir m’y faire : les inhibiteurs de la cyber-connerie sont encore inconnus mais sont visiblement activés par la banalisation du réseau. Celle-là même qui fait que j’ai tout de même plus de visiteurs qu’avant… Et qui, par voie de conséquence, fait que je reçois toujours autant de formulaires et mails débiles.
C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui l’ouverture de la section “Mails débiles” de ma rubrique “Lamentable.com”.
Et bonjour chez vous !
Episode 12 (13/01/2002) : Sur la grève
Vous vous souvenez sûrement fort bien des grèves aussi nombreuses que variées qui ont atrophié notre beau pays lors de ces derniers mois. Réaction logique à défaut d’être normale de la part des travailleurs à l’approche des élections, pure fichage de figure (pour rester poli) pour d’autres… Chacun les a vécues à sa manière, mais généralement de manière unanime entre collègues.
Alors si on fait un résumé (liste non-exhaustive), on a eu les médecins généralistes, les infirmières, les internes, les représentants des cliniques privées, les gardiens de prison, divers postes à la SNCF (qui a dit “comme d’habitude” ?), les agents de sécurité de la RATP, la Poste, la Banque de France, le port de Marseille, des usines de biscuits ou de bonbons… Bref, on peut dire qu’on a à peu près tout vu. Certans mouvements ont gagné quelque chose, d’autres non, et le reste est tombé dans l’oubli au gré des autres actualité.
Tout vu ? Vous êtes sûr ? Il me vient à l’esprit deux catégories de personnes qu’on n’a jamais vu se mettre en grève, pourtant. La première est… les grévistes eux-mêes ! Et pour cause, c’est tellement logique que ça n’a pas d’intrêt, allez-vous dire. Et sans avoir tort. Mais taisez-vous donc, laissez-moi rêver et imaginer un pays où les grévistes feraient grève, si possible pendant plusieurs mois, voire plusieurs années… Le paradis ! Là au moins, je ne serais plus choqué de les voir quand même toucher leur paye à la fin du mois.
La deuxième catégorie est tellement simple qu’on ne la trouve pas facilement. C’est là, sous notre nez tous les jours, et ça concerne la plupart du peuple frnaçais. Et pourtant, si ces gens-là se mettraient en grève, le pays serait “légèrement” ennuyé. Alors qui ? Les taxis ? Non, ça ferait moins de circulation en voiture dans les villes. Les profs ? Non, c’étaient leur tour il y a quelques années déjà (un certain Claude A. en sait quelque chose). Les patrons, alors ? Non, ça n’est pas dans leur intérêt de montrer l’affreux exemple à leurs employés. Les professions libérales ? Là aussi, ça jouerait plus contre eux que pour eux.
Qui alo-reuh ? Mais le citoyen, tout simplement ! Regardez autour de vous, vos semblables se fichent bien de vos raisons d’en avoir marre : si vous n’accomplissez pas votre devoir (dire bonjour, bien garer votre voiture, mettre vos poubelles du bon côté de la rue, consommer à outrance, etc.), vous êtes immédiatement taxés d’incivisme. Savoir si vous avez raison n’a pas d’intérêt, vous n’avez pas le choix.
Et ne parlons même pas du devoir fiscal… Je pense ne pas avoir à détailler ce point-là.
Et bonjour chez vous !
Episode 13 (27/01/2002) : Le droit d’ôter les droits
C’est donc la semaine dernière que s’est ouvert le portail PressPlay, issu d’une collaboration entre 4 groupes, chacun spécialisé dans une aspect de la chaine musicale typique. Tout d’abord Yahoo, qui s’occupe du site-portail et de la communication, ensuite MSN Music pour le streaming des ecoutes-test, puis le service MP3.com pour les fichiers téléchargeables et enfin Roxio pour graver lesdits fichiers et se faire ses propres compilations sur CD.
A première vue, tous les ingrédients semblent rassemblés pour donner l’impression qu’on a ici affaire à un service complet, convivial et bien fourni. Mais en y regardant de plus près, qu’y voit-on ? Et ma réponse (personnelle, bien entendu) de claquer, terrible : ni plus ni moins qu’une preuve que les droits d’auteur sont devenu le véritable maillon faible du développement du Réseau ! Et ce n’est pas les maigres différences entre les législations américaines et européennes dans ce domaine qui vont changer grand-chose à cet état de fait.
Car en voulant uniformiser la protection des droits musicaux avec les critères de défense des autres activités artistiques, le résultat ressemble bien plus à une myriade de compromis, résultant d’une opposition de forces entre les éditeurs, détenteurs des sous et des droits et les consommateurs, avides de libertés et d’insouciance. Rien qu’en france, les droits d’édition datent de l’entre-deux-guerres et ceux relatifs à l’audio-visuel datent des débuts du cinéma, donc presque d’un siècle. Comment envisager sereinement une diffusion des oeuvres sur un média à part comme le net avec des lois aussi vétustes et une telle opposition entre le vendeur et l’acheteur ?
On pourrait penser que ce qu’essaye de réaliser PressPlay va dans le bon sens, celui de l’évolution qui devient de façon évidente de plus en plus nécessaire. Mais il n’en est rien. Si vous jetez un oeil aux conditions d’utilisation de la musique (dont le catalogue est, bien sûr, limité aux contrats péniblement signés avec des vedettes en manque de reconnaissance), vous y verrez que la liberté de profiter de votre acquisition n’est vraiment pas large. A titre d’exemple, les pré-écoutes sont limitées à 30 secondes. A la Fnac aussi, allez-vous me dire, mais celles-là au moins n’exigent pas une brique de matos et une solide connexion pour en profiter. D’autre part, les fichiers téléchargés ne sont utilisables que sur 2 postes différents le temps de votre adhésion au service. Un peu comme si on venait reprendre vos CD dès que vous ne réalisez plus un quota d’achat dans votre magasin habituel. Et enfin, la gravure de compilation est limitée à 20 titres par mois, dont chaque fois maximum 2 titres par auteur : allez encore me parler de compilations personnelles avec de tels bornes, et surtout faites bien attention à ne pas rater votre gravure !
Au vu de telles limitations, peut-on envisager un coût modéré, les possibilités dont je vous ai fait part étant celles du plus haut de gamme ? A vous de voir si 25 dollars par mois (environ 27 euros, soit 175 F) les valent.
Avec les jours, je comprends mieux pourquoi la RIAA, qui détient notamment les droits sur les disques, continue de soutenir à fond de tels services.
Et bonjour chez vous !
Episode 14 (10/02/2002) : Tu es les forts
On le sait, le progrès, c’est beau car ça met en évidence le fait que l’homme sait encore créer et réaliser des choses nouvelles, ou du moins qui s’en réclament. Mais passent les mois et les années, plus un constat m’obnubile : l’humain semble s’être engagé sur une manière de vivre fondée sur le moindre effort, allant même parfois ouvetement jusqu’à “l’effort zéro. L’ensemble de l’activité humaine, qu’elle soit partagée ou personnelle, donne l’impression d’être placée sous le signe de l’économie maximale d’énergie.
L’exemple qui est, à mon avis, le plus flagrant de ce dont je veux parler ici est le transport. L’homme a créé la voiture, le bus, le tramway, le train et le métro clairement pour se dispenser des efforts de la marche. Et pour aller plus vite, aussi, certes, ce pourquoi je me garderai bien de critiquer cela. Mais c’est en regardant attentivement l’émergence des nouveaux comportements qu’on est en droit de s’inquiéter.
En effet, on n’osait se l’imaginer, et pourtant c’est arrivé : la trottinette est revenue ! La chose appartenant au passé, et encore à un passé résolument enfantin, est en train de faire un come-back qu’on ne peut ignorer, à tel point que rares sont ceux que cela étonne dans les grandes villes. Et si ce sont surtout les adolescents et les adultes qui s’en procurent aujourd’hui, c’est que ce n’est pas pour faire joujou. Non, c’est pour se déplacer plus rapidement, bien sûr… Surtout quand on se rend compte qu’on en voit dans les couloirs du métro où il est difficile d’aller plus vite que la masse de personnes devant vous. La raison est selon moi moins avouable : ça vous dispense surtout de marcher les derniers mètres que les transports en commun ne peuvent ou la voiture ne peuvent pas couvrir, typiquement entre la gare et chez vous ou votre lieu de travail.
Je me pose sérieusement la question : est-il si difficile ou fatigant de marcher ? Suis-je donc le seul être humain à trouver ça même souvent agréable ? L’impression de liberté et d’indépendance que seul le fait de ne devoir compter que sur ses propres jambes est-elle en perte de reconnaissance ?
Je sais qu’on va m’objecter que les utilisateurs de rollers ont déjà lancé la tendance il y a plusieurs années, ce à quoi je répondrai que c’est possible, mais que le fait de savoir faire du roller (surtout en public dans une ville bondée) exige tout de même une maîtrise de son corps qui n’est pas donnée à tout le monde sans un minimum d’entraînement. Et ça n’est pas le cas de la trottinette qui est, osons le reconnaître, un transport personnel beaucoup plus grossier.
Et bonjour chez vous !
Episode 15 (24/02/2002) : Promenons-nous dans les frasques
Aujourd’hui, poursuivons notre exploration épisodique du pittoresque monde entourant l’empire Microsoft. Car s’il est bien une compagnie informatique qui arrive à faire parler d’elle pratiquement chaque jour qui passe, c’est bien celle-là.
Pour commencer, il a été révélé cette semaine que Corel, éditeur jusqu’à maintenant de logiciels bureautique d’assez bonne qualité, abandonnait la communauté Open-Source qu’elle avait ouverte il y a de cela quelques années. Il y a six mois, c’était déjà son équipe de développement Linux qui était dissoute. Corel, fâché avec le logiciel libre ? Gageons qu’il n’y a rien de personnel entre les deux partis, seulement une ombre menaçante. Car il y a (un tout petit peu plus de) six mois, Microsoft injectait quelques millions dans le capital de Corel. Ce geste fut justifié, à l’époque, par la sempiternelle image de bon prince philantropique recherchée par le géant. Non non, le but n’était pas du tout d’empêcher une suite bureautique ayant une certaine renommée de naître sur Linux.
Cette fois-ci, c’est donc sa communauté Open-Source qui disparaît, et donc avec elle tous les autres projets de logiciels libres basés sur les sources de Corel… Si on fait abstraction du côté bénévole de ces communautés Open-Source, ça n’est ni plus ni moins qu’une mise au chômage forcée de tous ces développeurs qui travaillaient depuis un certain temps déjà sur ces sources. “Mais que fait Corel, maintenant, alos ?”, allez-vous me demander. Je vous le donne en cent comme en mille, car il est bien évident que ça n’était pas le but premier de Monsieur Bill : Corel est maintenant à 100% dans le développement Windows.
Pouf, pouf.
Mais foin de ces dramaturgies, vous savez que le monde de l’informatique a aussi ses petites anecdotes pour le moins amusantes. Si vous avez tant bien que mal suivi le déroulement du procès opposant Microsoft et la justice américaine pour pratiques monopolistiques, vous savez qu’une sorte d’accord à l’amiable, évidemment placé sous le signe du billet vert, a été trouvé. Mais également qu’une petite dizaine des états plaignants ont refusé ce dernier, jugeant que celui-ci ne constituait ni plus ni moins qu’un achat de la clémence de la justice américaine. En effet, cet accord consistait pour Microsoft à offrir pour environ un milliard de dollars en valeur matérielle (mais en réalité quelques millions seulement en valeur réelle en considérant le prix de revient d’un logiciel) de matériel informatique aux écoles les plus défavorisées des Etats-Unis. La procédure poursuit donc son feuilleton.
Mais voilà qu’un autre larron entre en scène : Be ! Sa renommée n’est pas immense et principalement basée sur son système d’exploitation Be OS qui, bien que très moderne, n’a rencontré qu’un succès d’estime à cause de son manque de compatibilité avec les standards. Cette semaine, Be a porté plainte contre la firme de Redmond pour pratiques monopolistiques, notamment à propos des accords tacites passés entre celui-ci et les constructeurs pour que seul Windows soit vendu avec des nouvelles machines. Et Be, qui ne comprend aujourd’hui plus qu’un seul employé après son rachat par Palm en novembre dernier, entend jouer d’un argument percutant : sa propre destruction ! Je dois avouer que je suis assez impatient de voir ce que va donner cette plainte tardive aussi bien d’un côté que de l’autre…
Et en attendant, je la réponse à une question qui me turlupine : Monsieur Bill a-t-il réellement quitté son poste de patron de Microsoft l’année dernière pour “prendre du recul” et devenir “architecte logiciel” ? J’ai l’impression latente que c’est plus en réalité pour devenir avocat.
Et bonjour chez vous !
Episode 16 (10/03/2002) : Rest In Pad
Aujourd’hui, j’ai la douleur de vous annoncer une triste nouvelle. Il s’agit d’un décès… Pas encore vraiment effectif, mais dont l’arrêt a été signé tout récemment.
Certains d’entre vous connaissent peut-être la chaîne câblée et satellisée appellée “Game One”, ayant pour objet principal les jeux vidéo. Créée en 1998 sur ce qu’il restait d’un service en ligne par satellite du nom de “C:”, la chaîne avait d’abord connu une période difficile où il était clair que l’équipe en place avait du mal à se trouver une identité. Mais ça n’a guère duré, et très vite tout ce petit monde s’est soudé et a eu l’intelligence de fédérer un style “bonne ambiance” et de s’y investir au maximum. Les résultats étaient là, la chaîne était agréable à regarder, même si sa tendance aux surrediffusions était parfois ennuyeuse. En effet, présente sur des bouquets de chaînes de base, ceux-là même que les opérateurs satellite bradent le plus possible, les moyens n’étaient pas légion.
Pourtant ce n’est pas la richesse des investisseurs qui faisait défaut, s’agissant d’Infogrames, déjà un grand groupe dans le monde du jeu vidéo, et Canal+. Bref, avec relativement peu d’argent, la chaîne avait au moins le mérite de dégager une dynamique à même de redonner le sourire au plus blasé du PAF. Et les artisans de cette ambiance ne manquaient pas : tous jeunes, dynamiques et pleins d’humour, ils comptaient parmi eux un dénommé Marc Lacombe, surnommé Marcus. Ce “Monsieur Us” comme il aime aussi à se faire appeller en faisant référence à la façon dont il joue aux jeux vidéo, est vraiment un animateur dont on ne peut nier le talent. D’abord cultivé : journaliste depuis une bonne dizaine d’années, il a notamment participé au superbe magazine “Tilt” dans le début des années 90. C’est aussi un présentateur qui ne se prend pas du tout au sérieux et sait faire preuve d’un solide mélange de bon sens et d’humour. Son émission atitrée, intitulée “Level One” présentait un concept tout à fait génial : jouer en direct les toutes premières missions d’un jeu, sa tête et ses mains apparaissant à l’écran par-dessus l’image dudit jeu.
Seulement voilà, nous sommes à l’ère du capitalisme exacerbé et tout-puissant, et la chaîne, bien que ramassant un audimat tout à fait honorable, ne rapportait pas beaucoup d’argent : ce n’était pas les quelques annonceurs publicitaires dont les spots devenaient plus énervants que convaincants à force de passer à chaque coupure pub qui pouvaient assurer une rentabilité à la chaîne. Et un jour du début de l’année 2001, la chaîne cryptée Canal+ qui faisait un grand nettoyage de printemps eut l’idée de se débarasser des parts qu’elle possédait dans Game One. Et, avec le bon sens prodigieux qu’on leur connaît, ses responsables eurent l’idée lumineuse de les revendre à… Infogrames. Une chaîne consacrée aux jeux vidéo possédée alors à 100% par un éditeur de jeux vidéo, voilà qui pouvait inquiéter quant à l’objectivité de ses émissions. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, l’éditeur ne jugea pas utile de fournir les investissements autrefois assurés par Canal+… coupant ainsi le budget de Game One presque par deux ! Comme pour enfoncer le clou jusqu’au fond, de nouvelles directives furent données aux responsables de la chaîne : dégager des bénéfices, et plus vite que ça.
Ce qui devait arriver arriva : multiplication des spots de publicité, raccolage type bourre-crâne vantant les mérites du 36-15 et du 36-68 de la chaîne, intégration d’une boutique en ligne dans son site web, élimination pure et simple de certaines émissions trop documentaires (comprenez pas assez commerciales) ainsi que le dégagement d’une bonne partie de ses employés. Jusqu’alors, la ligne éditoriale était arrivée à garder une attitude relativement indépendante d’Infogrames, les animateurs de la chaîne faisant alors tout pour parler de ses jeux le moins possible. Mais avec les nouvelles directives de l’éditeur et la sortie de leur nouveau “best seller annoncé mais non c’est pas une suite c’est tout nouveau” du nom de “Alone In The Dark 4”, les premières craintes sont revenues. Et à juste titre : à partir de la rentrée de septembre 2001, ce fut un véritable festival de complaisance, y compris pour des jeux dont la qualité et/ou l’intérêt était proche de l’abject, les animateurs n’ayant pour autre moyen de cacher leur polarisation forcée que celui d’encenser à peu près tout ce qui se faisait à côté…
La déchéance se poursuivit de manière inexorable : alors que certains animateurs donnaient des signes de plus en plus clairs de leur volonté de partir, ce fut le directeur des programmes, Jean-Pat, qui s’éclipsa. Sans explications, bien entendu, mais les choses étaient déjà claires pour tout le monde ou en tout cas le deviendraient très vite. L’apothéose fut atteinte quelques semaines après : dans l’émission informative quotidienne “Game Zone” est maintenant chaque fois infligée au spectateur une émission vantant ouvertement les mérites de la X-Box, la nouvelle console de Microsoft, sur la période des cinquante jours précédant sa sortie. Quand on sait que la PlayStation 2 de Sony, pourtant nettement plus attendue de tout le monde, n’avait eu droit qu’à deux émissions spéciales (une pour la sortie au japon et une pour l’européenne) et ce à l’époque où la chaîne disposait de moyens bien plus conséquents que maintenant… Ajoutez à cela le fait qu’Infogrames développe actuellement des jeux pour la X-Box, et la réponse à la question de savoir ce qui peut motiver un tel mattraquage est à la portée premier du premier individu doté de bon sens venu.
Si je vous raconte cette triste histoire aujourd’hui, c’est qu’il y a maintenant une dizaine de jours, Marcus, véritable tête de proue de la bonne humeur et de la cohésion des artisans de Game One, a révélé qu’il quittait la chaîne, sentant que s’il continuait, il aurait bientôt à mentir lors de ses tests. Son absence est effective depuis le 7 mars. Certes, il n’est pas le premier et on s’y attendait un peu, mais connaissant son charisme et son cercle de fans (il était de loin l’animateur le plus unanimement apprécié), voilà une sévère perte pour la chaîne… d’autant plus qu’il n’est pas le seul, presque toutes les autres personnalités de l’équipe d’origine ayant pris la même décision que lui.
Vous devinerez aisément comment les choses vont se terminer : devant une telle hémorragie d’animateurs, la chaîne aura bien du mal à faire passer la pilule à ses téléspectateurs qui, de toute façon n’étaient pas dupes de la dimension commerciale qu’avait pris la chaîne, mais continuaient de la regarder surtout pour la bonne ambiance qui s’en dégageait. Les annonceurs publicitaires la lâcheront à leur tour, ceci amenant logiquement Game One à sa disparition via une lente agonie.
Pas de moralité ou de chute dans cet épisode de la Chronique de Celeri, seulement l’affligeant constat d’un sinistre gâchis. Certaines personnes voient en Infogrames un modèle d’entreprise à la française, se rendant visiblement peu compte de ce qui s’y passe véritablement. A l’instar de bon nombre des pionniers du jeu vidéo français à l’époque de l’Atari et autres Commodore 64, Bruno Bonnel a bien changé, et pas pour le meilleur.
Heureusement, ceux qui ont un peu suivi Game One à son époque de gloire garderont sûrement en eux de très bons souvenirs. Quoique vous fassiez par la suite, Marcus, Jean-Pat, Thiouwz, Alex Pilot, Juliette, Alex Nassar, Bertrand et tous les autres, vos spectateurs ne vous oublieront sûrement pas de sitôt.
Et bonjour chez vous !
Episode 17 (07/04/2002) : We have it in
Que se passe-t-il lorsqu’un géant de l’informatique s’allie avec un magnat de la logistique ? La logique fantasmique prônant l’équation “1 + 1 = 3” suggérerait que le résultat devrait être d’une persuasion epoustouflante. Et pourtant, pourtant…
Lancée il y a maintenant un peu plus d’une semaine, la nouvelle croisade de Microsoft a pour objet Unix. Unix, pour faire court, est ni plus ni moins que le concept le plus abouti et le plus reconnu, avec ses 30 années passées de bons et loyaux services dans le domaines des systèmes d’exploitation. Ses performances et sa stabilités ne sont plus à démontrer et ses ouvertures vers l’Open-Source jouent en sa faveur. Et c’est bien ce qui ennuie Microsoft, qui y voit clairement un danger potentiel, justifiant de manière évidente une immédiate campagne de décrédibilisation.
Basée sur l’idée qu’Unix est un système cher et difficile à mettre en oeuvre, cette campagne “We have the way out” (“Nous avons la solution”), engagée conjointement par Microsoft et Unisys, se veut ambitieuse, compte tenu de la masse de dollars investie. C’était sans compter sur l’intervention du destin informatique qui n’a pas résisté à la tentation de piquer aux fesses les deux haineux. Et c’est NetCraft, un site référençant le logiciel-serveur utilisé par les sites web connus, qui a joué le rôle de prophète, s’étant aperçu que le serveur monté pour soutenir la campagne tournait sous FreeBSD, un dérivé gratuit d’Unix !
La traînée de poudre fit alors son office et la nouvelle fit le tour de la terre en moins de temps qu’il n’en faut pour que Window 98 première édition ne plante. Le pot-aux-roses découvert, Microsoft qui une fois de plus venait de démontrer à quel point elle considérait les internautes comme des imbéciles ne se posant aucune question, tenta une migration-express vers Windows 2000 (pourquoi pas le tout-nouveau-tout-stable Windows XP ? Mystère…). C’était mercredi dernier. Et depuis ce jour-là jusqu’à hier samedi, le site était… en panne !
Les commentaires officiels sur l’histoire se font rares et hésitants, mettant vaguement en cause un service d’hébegement indépendant. Mais s’il y a une chose à retenir à mon avis, c’est bien que dans sa soif de domination, Microsoft est fidèle à sa tradition d’utiliser les moyens à la fois les plus extrêmes et les moins honnêtes pour arriver à ses fins. Les réactions de la communauté Unix/Linux n’ont pas manqué d’apparaître, mais il est à espérer que cette nouvelle opération de lavage de cerveau, une fois VRAIMENT sur les rails, ne cause pas trop de dégâts.
Et bonjour chez vous !
Episode 18 (21/04/2002) : Silence ! On brade !
Des esprits chagrin auront certainement envie de me le faire remarquer : ma chronique est assez souvent consacrée à Microsoft. Mais ne me le reprochez pas ! C’est pas de ma faute, c’est Microsoft qui a commencé ! Il me nargue sans arrêt, presque à chaque détour d’une anecdote croustillante concernant d’une manière ou d’une autre la technologie, Billou est là ! Increvable Gates, tantôt tentaculaire et hégémonique impérialiste de la micro, tantôt phénomène de foire d’une actualité par trop souvent déprimante…
Eternel et indécrottable Cyber-Bill, l’invité privilégié de ma petite chroniquette d’amateur débutant en matière d’acide sulfuro-prosaïque, aujourd’hui encore, ne m’en veuille pas de parler encore de toi aujourd’hui, alors qu’il y a des sujets bien plus “locaux” et potentiellements amusants comme les parades électorales françaises qui… euh, non en effet.
Donc parlons de Microsoft. Et plus précisément de son nouveau PC… pardon de sa console de jeux vidéo, j’ai nommé la XBOX. Car, sachez-le, Microsoft aime les jeux vidéo. Comment dire, Bill et les jeux vidéo, c’est comme un garagiste et ses clientes, ou comme Jean-Marie Messier et Canal+… Il l’aime à un point tel que le châtiment en devient exemplaire ! Et voici donc, depuis novembre dernier, ce cher M. Gates devenu le papa d’une console de jeux nouvelle génération. Bon, dedans il n’y a que des composants de PC (Pentium, chip nVidia, disque dur, dérivé de Windows et DirectX…), mais c’est quand même une console, paraît-il.
Seulement voilà, Microsoft est un nouveau venu dans le monde des consoles, et se retrouve face à deux conrurrents sérieux, Sony et Nintendo, qui ne sont pas prêts à lâcher leur main-mise sur le marché. Mais Microsoft y croit, et lance sa machine, se payant même le luxe de la rendre plus chère que les autres et avec un évident côté biaisé à l’intention des “hardcore gamers”, privilégiant ouvertement les jeux de djeunz… tout en prévoyant de vendre au moins 6 millions de consoles d’ici la fin de l’année !
S’il est vrai que lorsque les gars de chez Sony ont sorti leur PlayStation ils étaient eux aussi des nouveaux venus dans le domaine des consoles de salon, il faut avouer que Microsoft ne semble pas faire preuve du même talent. Encore qu’aux USA, la machine (américaine, donc) se vende relativement bien dans l’absolu, mais de façon plus que modeste par rapport à la PS2 de Sony… Mais en Europe et surtout au Japon, c’est la raclée. Dans ce dernier pays de 160 Millions d’habitants et achetant environ 100 000 PS2 et GameBoy Advance par semaine, moins de 2000 X-Boîtes ont trouvé preneur la semaine passée. Apparemment l’alchimie ne prend pas, les japonais ayant des goûts différents des américains friqués ayant été séduits par cette machine.
Et en Europe ? Eh bien la situation, même si pas autant alarmante qu’au pays du soleil levant, frise la catastrophe. Aucun chiffre officiel mais des prévisions revues à la baisse et un prix diminué brusquement de 37,5% après un mois de commercialisation ! Des soldes précoces pour Microsoft qui a donc décidé de brader sa console, espérant ainsi l’imposer face à la PS2 et à la GameCube débarquant le 3 mai prochain à un prix encore inférieur… Même si le discours officiel n’est pas celui-là, personne n’est dupe : tout le monde a pu voir comment, et ce dès sa sortie, les stocks de XBox s’entassaient dans les magasins et comment les gens se désintéressaient des bornes de démonstration. J’en profite pour signaler que les malheureux ayant acheté un exemplaire au prix fort, il leur est possible d’obtenir gratuitement deux jeux et une manette supplémentaire en lots de consolation.
Mais le point que j’aimerais soulever dans cette chronique n’est pas le succès potentiel de la console sur notre marché Européen, car je le vois déjà de façon assez pessimiste : vu le succès de la bête au Japon, le soutien des développeurs nippons se fera de moins en moins réel et, privé des très prisés jeux de ce pays, la console mourra probablement assez vite, comme toutes les consoles américaines qu’a connues le passé. Et il sera d’ailleurs intéressant, si cela se produit bel et bien, d’observer la réaction du géant Microsoft devant une défaite aussi cuisante, tant il sera vrai qu’il s’agira du premier marché qui lui ait infligé une telle rouste malgré des investissements colossaux (4 milliards de dollars en développement plus un demi en marketing) : abandon pur et simple ou obstination ? Je vous tiendrai au courant !
Toujours est-il que ma question n’était pas là. Non, il s’agit de quelque chose de beaucoup plus bassement matériel qu’un avis sur le succès d’une machine. En effet, il est coutume de s’interroger sur les pratiques commerciales de Microsoft, et cette fois-ci ne déroge pas à la règle. En effet, nous savons tous que le dumping, consistant à vendre un matériel ou un service à un prix plus faible que son coût de revient, est interdit en Europe. Or la XBox est, cela a été établi par tous les cabinets d’étude qui se sont penchés sur la question, vendue à perte. Il convient certes de noter qu’il en va de même pour toutes les consoles pendant une période plus ou moins longue suivant leur lancement. Mais dans le cas de la console de Microsoft, c’est plus prononcé encore ! Car à 479 Euros, le dumping était déjà d’actualité ! imaginez donc une console vendue à environ 300 dollars partout dans le monde, y compris en Europe… On sait que la pratique est tolérée dans une certaine mesure, mais là je ne serais pas étonné de voir prochainement la DGCCRF examiner l’affaire de plus près…
Encore une fois, Microsoft nous démontre qu’il est prêt à tout pour imposer un de ses produits. Il devient assez difficile de soutenir ouvertement Microsoft et leur politique commerciale, c’est un fait. Et si, jusqu’ici, certains prétendaient que la XBox représentait “un autre Microsoft”, on se doit de remarquer qu’il n’en est rien.
Le jeu vidéo n’est décidément plus ce qu’il était.
Et bonjour chez vous !
Episode 19 (05/05/2002) : Votez, votez, il en restera toujours quelque chose
Autant être honnête avec mes lecteurs, j’avais prévu de ne pas laisser entrer de politique en mes lignes bimensuelles. C’est que le niveau saturatoire qui est celui du commun des mortels est, à mon avis, largement atteint en quelques dizaines de minutes de médias. Grands “débats” où tout le monde engueule tout le monde en n’écoutant personne, allocutions dont la superficialité boisiglottaire n’a d’égale que le coefficient de soporifisme, manifestations en tous genres et tous lieux… Diantre, que les plages publicitaires doivent être chères, ces jours-ci, et je doute que soit l’oeuvre de la seconde séance d’intellecto-thérapie grâcieusement proposée par Grrmmblgrm Story !
Non, tout cela, je voulais à tout prix éviter d’en faire l’objet d’une de mes chroniques. Et jusqu’à aujourd’hui, ça a marché plutôt bien, d’ailleurs je devrais peut-être remercier mon grand copain Billou, tant l’actualité gravitant autour de sa inévitable personne se révèle être un savoureux garde-manger pour ma chronique témoignant, paraît-il, d’un étrange dédoublement de personnalité entre un Jean-Pierre Desproges et un Pierre Bacri… Je suis peut-être ingrat envers PetitMou, allez… Mais ce n’est pas le sujet. Aussi, foin de toutes ces méditations métaphysiques et venons-en à nos moutons !
Car les moutons, figurez-vous, ça vote et ça élit les politiques ! Enfin, pas toujours, il est vrai, et on se doit même de rermarquer qu’une race parallèle se développe à une vitesse impressionnante ces dernières années, celle de ceux qui estiment avoir mieux à faire que déposer une enveloppe dans une boîte avant de donner un autographe à la mairie, reconnaissante du devoir civil ainsi accompli. Il apparaît clairement que le sens du devoir est une notion échappant à de plus en plus de gens, surtout des jeunes. Et c’est devant des constats de ce type que je me mets à espérer qu’on éduquâsse un peu mieux la population en l’éveillant un peu plus à ce rôle très important qui est celui de voter… Sans aller jusqu’à sanctionner le non-vote, n’exagérons pas, on pourrait imaginer une sorte de liste, publiée par la mairie après chaque élection, et comportant les noms de tous ceux qui auraient fait le choix de ne pas s’exprimer. Pas de punition, juste une information : le droit de vote est quelque chose de trop important à mon sens pour qu’on puisse se permettre de laisser des gens se prétendant bien civils de le négliger.
Mais ne nous y trompons pas : si je dis qu’il ne faut pas aller jusqu’à la sanction et qu’il ne faut pas exagérer, ce n’est certes pas que je relativise cette importance du vote susdécrite, mais qu’il faut reconnaître aux non-votants une circonstance atténuante, dont l’existence même me scandalise depuis longtemps déjà. Quelle est-elle ? Simple : prenez un candidat. Un candidat ayant sa vision de la vie politique mais ne trouvant pas chaussure à son pied parmi les (pourtant nombreux) candidats disponibles. S’il ne parvient vraiment pas à se décider et que même un dé ou une pièce ne peuvent l’y aider, que lui reste-il ? Deux solutions : le bulletin blanc, et l’abstention. En théorie, la meilleure façon d’exprimer son insatisfaction est bien évidemment le bulletin blanc, par définition. Le “en théorie” a son importance, car en pratique, ce fait est complètement faussé. Il suffit de se rendre compte de la façon dont sont présentés les résutats par les médias : les seuls pourcentages cités sont ceux des candidats respectifs et celui des abstentions. Connaissez-vous celui des bulletins nuls du scrutin ayant eu lieu il y a deux semaines ? Si oui, alors vous faites partie d’une ridicule minorité.
Eh oui, force est de constater que les bulletins blancs n’intéressent personne, alors que leur rôle est normalement de rendre compte de quelque chose d’essentiel : celui des insatisfaits. Et cette absence d’importance des bulletins blancs a une conséquence évidente : elle gonfle celle des abstentions. Car ces dernières, elles, ont le droit de cité dans les rapports médiatiques, ce qui donne l’impression aux insatisfaits qu’ils se feront mieux entendre en ne votant pas plutôt qu’en votant blanc… Et contribue donc, au moins en partie, à bafouer la règle du devoir civique sous-jascente à l’action de voter. Certes, je ne perds pas de vue que d’autres facteurs interviennent en ligne de compte de ce triste état de fait, comme une incompréhension et une lassitude grandissantes, mais je suis convaincu qu’en prenant le parti de gonfler sans cesse le chiffre des abstentions et de ne pas en accorder le quart du moindre aux bulletins blancs, les médias constituent le vecteur le plus virulent de ce syndrôme d’avotite.
Compatriotes soucieux d’honorer un des droits les plus fondamentaux de la république, je ne peux que vous recommander, même si ma conviction a de plus en plus de mal à être au rendez-vous à chaque nouveau scrutin, de voter… Et blanc si vous ne parvenez pas à une décision.
Et bonjour chez vous !
Episode 20 (19/05/2002) : Partagez, respirez !
Il est des convictions dont l’obligation de se séparer fait mal. Et je dois avouer que depuis que j’ai commencé à fréquenter le web de façon régulière, c’est à dire depuis plusieurs années déjà, je suis presque autant abonné à de telles désillusions qu’à mon fournisseur d’accès.
La plus grosse illusion que je me sois faite concernant l’internet concerne son soi-disant principe de base, celui du partage universel et inconditionnel de l’information. La publicité fleurit partout, y compris sur les sites personnels, les services interactifs deviennent payants, et le moindre système de partage de fichiers se voit vampirisé par un esprit de rente immédiate. A titre d’exemple, le moindre serveur FTP de musiques en MP3 ne vous autorisera à télécharger que suivant un quota déterminé par l’administrateur, idem pour les serveurs suivant le protocole “Hotline”, un dérivé orienté intranet des protocoles FTP-IRC-NNTP (fichiers, chat et news) qui avant se contentaient d’un mot de passe à aller cherche sur la page web du tenancier, et les logiciels récents de partage (Kazaa, Morpheus, AudioGalaxy…) se trouvent bridés si vous n’apportez pas une contribution immédiate.
Je ne suis pas en train de prétendre que ce n’est pas normal, attention, je connais la définition des mots “partage” et “échange”. Mais ce que j’ai du mal à cautionner, c’est cette attitude visant à forcer l’échange remontant (de la périphérie vers le centre, autrement dit de l’utilisateur final vers le système) en premier lieu… Alors que le partage, en théorie, commence par le contraire ! Il me paraît difficile d’inciter les gens à réellement partager en se basant sur une telle mentalité. Et c’est là une de mes grandes déceptions vis-à-vis du net.
Heureusement, il y a quelques temps de cela, j’ai découvert une île déserte, une oasis dans mon désert de la soif. Il s’agit d’une communauté online, c’est à dire un espace du web entretenu par des passionnés ne cherchant ni retour sur investissement ni échange de bannières avec d’autres sites. Comme ça, pour l’art, pour montrer, faire connaître et promouvoir… RPGamers Network a pour sujet central le jeu vidéo et l’individu à l’origine du site est un américain de 18 ans. Et la partie la plus impressionnante de bienveillance du site est la collection d’une bonne trentaine de liens vers des serveurs FTP personnels distribuant des bandes originales de jeux vidéo, très souvent difficiles à trouver en nos contrées occidentales, ainsi que des remix amateurs de ces mêmes musiques et sans jamais rien demander en retour !
Et comment expliquer que sur ce site, ceux qui partagent leurs perles sont plus nombreux chaque mois, alors que les sites où l’internaute est prié de bien vouloir passer au bureau de change avant de pouvoir bénéficier du service disparaîssent à la pelle ? J’ai ma petite idée sur la question…
Et bonjour chez vous !
Episode 21 (02/06/2002) : Y’a quelque chose de pourri au royaume de Chirac
C’est cette semaine que deux couperets jumeaux sont tombés : deux responsables de sites internet se sont vus juger coupables d’avoir fermé les yeux devant des propos diffamatoires sur leur site, l’un dans ses forums avec des messages visant le cyber-arnaqueur (oups ?) bien connu qu’est Papa-Noel.fr (erreur typo volontaire aisément compréhensible), l’autre dans son livre d’or en rapport avec Scouts de France.
Les deux juges ont donc décidé, en substance, que la responsabilité du webmaster était totale sur le contenu de ses pages, y compris sur celles mises à jour automatiquement par les visiteurs, telles que les forums libres. Autrement dit, il risque d’être, d’ici peu, demandé que les forums soient modérés en temps réel (c’est à dire que les messages doivent être filtrés avant d’être affichés) et 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ! Encore autrement dit, la fin des forums sur les sites gérés par des non-professionnels…
Cela fait un bon moment déjà qu’on se rend compte à quel point notre justice française, qui se veut pourtant celle de son peuple, est incapable de comprendre les tenants et les aboutissants des nouvelles technologies. Et je le prouve, tenez-vous bien : dans les deux cas, le juge s’est fondé sur les dispositions de la loi de 1881 réprimant les délits de presse, alors qu’elles sont en totale contradiction avec l’article 93-3 de la loi de 1982 sur l’audiovisuel ! La justice française a tranché : la loi de 1881 est bien plus en adéquation avec les technologies de l’information que celle de 1982 ou même le jugement du 24 mai 2000 sur l’hébergement ainsi que l’amendement Bloche qui lui a fait suite le 1er août… Evidemment.
Notez qu’en plus de cela, dans les deux affaires (qui semblent de plus en plus intimement liées, mine de rien), la prescription de 3 mois à compter de la publication des propos n’a même pas été respectée ! Enfin, il est à remarquer également que notre bonne justice n’a absolument pas cherché à punir les auteurs des propos en questions, mais uniquement les responsables des sites web incriminés. Quel bel exemple ! On tape sur celui qui tend le micro et pas sur celui qui parle dedans, c’est sûrement ça qu’on appelle la justice de profondeur… Remarquez, on en avait déjà eu un aperçu avec l’affaire Altern.org, c’est vrai.
Comme d’habitude, peu de voix pour protester : à croire que beaucoup de gens se soient déjà faits à l’idée du net muselé auquel on aura droit lorsque Microsoft et les différentes lois en auront allègrement rongé l’essence même que sont les standards ouverts et la liberté d’expression (sans trop pousser quand même, bien entendu, mais je suis convaincu que le problème ne se règlera pas par la punition mais l’éducation)…
Et pourtant ce n’est pas les protestataires de tout poil qui manquent : quand je vois tous ces militants de gauche qui continuent de clâmer que si Jospin a perdu au premier tour, c’est la faute à Chirac (il faut le faire, quand même), refusant obstinément et aveuglement d’admettre que leur candidat a été prodigieusement mauvais, je me dis que voilà beaucoup d’énergie bêtement gâchée.
Et bonjour chez vous !
Episode 22 (16/06/2002) : Que voulez-vous que ça me foot ?
Donc ça y est, les doutes qu’on avait commencé à avoir après le match entre l’équipe de France et celle du Sénégal en ouverture de la coupe du monde 2002 ont été confirmés et les bleus ont été éliminés. Un coup dur pour les tenants du titres, ses supporters, ses sponsors et TF1. Tellement dur que ça pleure, ça hurle et ça fustige de partout.
Je ne sais plus quel journaleux éclairé avait eu en premier l’idée de rapprocher le sport et plus particulièrement le football de la guerre, mais plus les années passent et plus je trouve que ça se vérifie. On arrive à des vraies affaires de rivalités, de nationalisme, d’argent et même de politique.
Mais revenons à notre cas et maintenant. J’ai eu l’occasion, sur une impulsion de curiosité plutôt morbide de lire un des derniers numéros du “journal” connu sous le nom de “L’équipe”. Il faut se souvenir qu’il y a quatre ans, c’étaient déjà eux qui râlaient contre Aymé Jacquet, une attitude qu’ils ont bien été obligé de masquer après la victoire indiscutable de l’équipe de France. De peur de perdre tout ce qui pouvait rester de leur “crédibilité”, ils ont même du passer par la case “excuses publiques”.
Et aujourd’hui, ils reviennent. Back from the dead. PhEaR. Et ses barbouilleurs officiels croient avoir à nouveau la pleine parole et déversent leur haine malsaine et trop longtemps réprimée sur Roger Lemerre, en le traitant de tous les noms, les plus récurrents étant en substance “incompétent” et “obtus”. Notre bien aimé Charognard-Magazine a trouvé un nouvel os à ronger. Et face à des critiques aussi constructives, on ne peut qu’imaginer l’utilité des solutions proposées… Tigana ou Deschamps, que voilà des idées lumineuses pour remplacer 30 ans d’expérience dans le coaching et et une coupe d’Europe remportée avec brio ! Et apparemment la FFF n’a trouvé personne souhaitant reprendre ce poste devenu d’un coup assez risqué. Laissons donc Lemerre tranquille, lui qui a assumé sa responsabilité dans l’échec mais a le courage de continuer.
Peut-être que je donne l’impression de me sentir très concerné dans le sujet ? sachez qu’il n’en est rien. Je ne suis pas un fan de foot, dont je ne regarde des matches qu’épisodiquement et bien souvent pas en entier. Aujourd’hui, je tenais simplement à exprimer mon dégoût pour le journal mentionné ci-dessus. Et puis aussi, en gage de conclusion, à mentionner les points positifs de notre élimination, tiens. Pendant deux ans, on va un peu arrêter de nous cuisiner les bleus à toutes les sauces médiatiques. Ainsi, on pourra entendre parler d’un peu autre chose que du foot et notre équipe aura le loisir de s’entraîner tranquillement en attendant des meilleurs résultats.
Et bonjour chez vous !
Episode 23 (30/06/2002) : Tu la sens, ma grosse clé ?
Un grand nombre d’internautes ont subi une douche froide la semaine dernière : AudioGalaxy, le système d’échange en ligne de fichiers musicaux que tout le monde voyait comme le nouveau Napster, a cessé de permettre le libre échange de fichiers protégés. Cette décision était à prévoir, mais constitue une surprise car le site a préféré signer un accord à l’amiable avec la RIAA plutôt qu’un procès. Cette dernière semble ne pas vouloir entendre les multiples études qui pourraient prouver qu’un utilisateur de tels systèmes d’échanges aurait tendance à augmenter son budget de musique… M’enfin on connaît déjà cette chanson-là.
On ne saurait en tous les cas nier que les grands groupes semblent vouloir tout faire pour imposer l’idée que tous les possesseurs d’ordinateurs sont des irresponsables, des voleurs, des pirates et des délinquants. Et c’est sur cette vague que Microsoft a décidé de surfer dès 2004 avec son nouveau programme répondant au nom de Palladium.
Palladium, c’est facile et c’est révolutionnaire : puisque les gens cherchent naturellement à faire des bêtises et des choses monstrueusement répréhensibles (comme télécharger un MP3 une fois par mois ou visiter un site X de temps en temps), il est clair qu’il ne faut pas que tout leur soit permis. Réfléchissons… même s’ils payent (cher) leur matériel, ils n’en possèdent pas le système d’exploitation (tout juste le droit de l’utiliser)… Bons sang mais c’est bien sûr ! Il faut utiliser ce dernier pour verrouiller le matériel !
Et voilà comment on renouvelle la tentative lancée avec le numéro de série du Pentium III, mais cette fois-ci à plus grande échelle : à terme, le processeur mais aussi la carte-mère et divers périphériques seront pourvus ou se référeront à une clé unique définissant la machine, la base du processus d’encryption générale des échanges qui y ont lieu une fois qu’elle est allumée.
L’intention officielle peut (quoiqu’assez difficilement chez celui qui aime l’idée que son ordinateur lui appartient) passer pour une intention louable, mais il serait bon que tout utilisateur se pose quelques questions. Car permettre un tel système de s’installer revient, en assimilant un PC à une maison, à remettre un double de ses clés à Microsoft. Une fois le logiciel capable de reconnaître l’unicité du matériel, toutes sortes de limitations deviennent envisageables, de la plus souhaitable à la plus injustifiée.
Je ne prétends pas être devin et savoir que Microsoft veut museler la planète entière avec ce système, non, mais quand on connaît les objectifs de la société (un PC sous Windows dans chaque foyer du monde), on ne peut que s’alerter. En effet, un tel procédé permettrait aisément à Microsoft de contrôler et s’opposer à vos faits et gestes avec votre PC, de favoriser certains matériels (par exemple ceux pour lesquels le constructeurs auraient payé une licence à Microsoft), ainsi qu’éliminer les systèmes d’exploitation alternatifs, puisqu’ils devront être “autorisés” à tourner par Microsoft… qui cherche à imposer le sien.
Pour finir, une déclaration qui fait sourire au milieu de tant d’hypocrisie : “Nous allons publier le code source parce que nous avons besoin que les gens aient confiance en ce système”, dixit le responsable du projet Palladium. Venant d’une société qui a pris l’Open-Source en grippe en prétendant que cela favorisait justement l’apparition de virus et autres codes malicieux, ça prête à sourire.
Et quant à la question de la protection de la vie privée, elle a été soigneusement éludée dans l’article officiel (publié sur MSNBC). M’enfin, avec Microsoft, on n’est plus à ça près.
Et bonjour chez vous !