I-17 (07/04/2002) : We have it in


Que se passe-t-il lorsqu’un géant de l’informatique s’allie avec un magnat de la logistique ? La logique fantasmique prônant l’équation “1 + 1 = 3” suggérerait que le résultat devrait être d’une persuasion epoustouflante. Et pourtant, pourtant…

Lancée il y a maintenant un peu plus d’une semaine, la nouvelle croisade de Microsoft a pour objet Unix. Unix, pour faire court, est ni plus ni moins que le concept le plus abouti et le plus reconnu, avec ses 30 années passées de bons et loyaux services dans le domaines des systèmes d’exploitation. Ses performances et sa stabilités ne sont plus à démontrer et ses ouvertures vers l’Open-Source jouent en sa faveur. Et c’est bien ce qui ennuie Microsoft, qui y voit clairement un danger potentiel, justifiant de manière évidente une immédiate campagne de décrédibilisation.

Basée sur l’idée qu’Unix est un système cher et difficile à mettre en oeuvre, cette campagne “We have the way out” (“Nous avons la solution”), engagée conjointement par Microsoft et Unisys, se veut ambitieuse, compte tenu de la masse de dollars investie. C’était sans compter sur l’intervention du destin informatique qui n’a pas résisté à la tentation de piquer aux fesses les deux haineux. Et c’est NetCraft, un site référençant le logiciel-serveur utilisé par les sites web connus, qui a joué le rôle de prophète, s’étant aperçu que le serveur monté pour soutenir la campagne tournait sous FreeBSD, un dérivé gratuit d’Unix !

La traînée de poudre fit alors son office et la nouvelle fit le tour de la terre en moins de temps qu’il n’en faut pour que Window 98 première édition ne plante. Le pot-aux-roses découvert, Microsoft qui une fois de plus venait de démontrer à quel point elle considérait les internautes comme des imbéciles ne se posant aucune question, tenta une migration-express vers Windows 2000 (pourquoi pas le tout-nouveau-tout-stable Windows XP ? Mystère…). C’était mercredi dernier. Et depuis ce jour-là jusqu’à hier samedi, le site était… en panne !

Les commentaires officiels sur l’histoire se font rares et hésitants, mettant vaguement en cause un service d’hébegement indépendant. Mais s’il y a une chose à retenir à mon avis, c’est bien que dans sa soif de domination, Microsoft est fidèle à sa tradition d’utiliser les moyens à la fois les plus extrêmes et les moins honnêtes pour arriver à ses fins. Les réactions de la communauté Unix/Linux n’ont pas manqué d’apparaître, mais il est à espérer que cette nouvelle opération de lavage de cerveau, une fois VRAIMENT sur les rails, ne cause pas trop de dégâts.

Et bonjour chez vous !