I-20 (19/05/2002) : Partagez, respirez !


Il est des convictions dont l’obligation de se séparer fait mal. Et je dois avouer que depuis que j’ai commencé à fréquenter le web de façon régulière, c’est à dire depuis plusieurs années déjà, je suis presque autant abonné à de telles désillusions qu’à mon fournisseur d’accès.

La plus grosse illusion que je me sois faite concernant l’internet concerne son soi-disant principe de base, celui du partage universel et inconditionnel de l’information. La publicité fleurit partout, y compris sur les sites personnels, les services interactifs deviennent payants, et le moindre système de partage de fichiers se voit vampirisé par un esprit de rente immédiate. A titre d’exemple, le moindre serveur FTP de musiques en MP3 ne vous autorisera à télécharger que suivant un quota déterminé par l’administrateur, idem pour les serveurs suivant le protocole “Hotline”, un dérivé orienté intranet des protocoles FTP-IRC-NNTP (fichiers, chat et news) qui avant se contentaient d’un mot de passe à aller cherche sur la page web du tenancier, et les logiciels récents de partage (Kazaa, Morpheus, AudioGalaxy…) se trouvent bridés si vous n’apportez pas une contribution immédiate.

Je ne suis pas en train de prétendre que ce n’est pas normal, attention, je connais la définition des mots “partage” et “échange”. Mais ce que j’ai du mal à cautionner, c’est cette attitude visant à forcer l’échange remontant (de la périphérie vers le centre, autrement dit de l’utilisateur final vers le système) en premier lieu… Alors que le partage, en théorie, commence par le contraire ! Il me paraît difficile d’inciter les gens à réellement partager en se basant sur une telle mentalité. Et c’est là une de mes grandes déceptions vis-à-vis du net.

Heureusement, il y a quelques temps de cela, j’ai découvert une île déserte, une oasis dans mon désert de la soif. Il s’agit d’une communauté online, c’est à dire un espace du web entretenu par des passionnés ne cherchant ni retour sur investissement ni échange de bannières avec d’autres sites. Comme ça, pour l’art, pour montrer, faire connaître et promouvoir… RPGamers Network a pour sujet central le jeu vidéo et l’individu à l’origine du site est un américain de 18 ans. Et la partie la plus impressionnante de bienveillance du site est la collection d’une bonne trentaine de liens vers des serveurs FTP personnels distribuant des bandes originales de jeux vidéo, très souvent difficiles à trouver en nos contrées occidentales, ainsi que des remix amateurs de ces mêmes musiques et sans jamais rien demander en retour !

Et comment expliquer que sur ce site, ceux qui partagent leurs perles sont plus nombreux chaque mois, alors que les sites où l’internaute est prié de bien vouloir passer au bureau de change avant de pouvoir bénéficier du service disparaîssent à la pelle ? J’ai ma petite idée sur la question…

Et bonjour chez vous !