II-05 (06/10/2002) : French flop
Cette fois-ci, j’avais envie de vous parler une nouvelle fois de Microsoft. En effet, le discours qu’a prononcé son “président”, Steve “Monkey Boy” Ballmer, dans lequel il avoue en substance que Windows ne cessera jamais d’être une version beta et qu’il faut que les utilisateurs prennent l’habitude de signaler les bugs qu’ils rencontrent, fut assez savoureux. Mais il n’y a pas que Microsoft dans l’actualité, dame non.
Car l’actualité technoïde, en ce moment, est plutôt chargée. Et même tellement chargée qu’elle a tendance à couler ! Je revois encore les ayatollahs de la “Niou Economaïe” il y a deux ans de cela : l’Internet c’est fabuleux, les télécoms c’est sans risque, l’informatique c’est le nirvana… Aujourd’hui, le soufflé est nettement retombé, et on serait en droit d’attendre de la part des entreprises un retour à la lucidité. Mais est-ce le cas ? Je dis non. Et il suffit d’allumer un peu la radio pour s’en rendre compte : les bourses s’effondrent toutes de concert, et que disent les responsables de communication ? Que c’est la faute, en vrac, à la conjecture, la croissance, le gouvernement, le 11 septembre… Mais aucune trace d’auto-critique ni d’analyse réelle de la situation.
Aussi, laissez-moi faire un petit constat, qui n’a pas besoin d’aller très loin puisqu’il se bornera à notre beau pays, lequel ne tient, hélas, pas cette-fois de l’exception Française. Quatre noms reviennent beaucoup ces temps-ci, et on comprend pourquoi : France Telecom (notez l’absence -officielle- des accent aigüs) est l’entrprise la plus endettée du monde, Vivendi est en pleine déconfiture et lâche autant de lest que possible pour que l’aterrissage ne soit pas trop douloureux, Alcatel licencie en masse après une déculottée en bourse digne du livre des records bien que pas réellement justifiée…
Et le quatrième ? Il s’agit du plus savoureux à mon goût. Car Infogrames n’est pas tout à fait comme les autres. Il s’agit du (prétendu) leader européen sur le secteur des jeux vidéo, qui pourtant va renvoyer près de deux tiers de son personnel en France. Deux tiers ? Combien de milliers cela fait-ce ? Eh bien, pour être exact : 0,28 ! Car oui, Infogrames, est une entreprise française de moins de 400 personnes en France pour un effectif total dépassant 2200 personnes. Parlez-moi d’exception culturelle !
Surpris ? Il n’y a pourtant pas beaucoup de matière grise à même de fabriquer des bons jeux vidéo dans l’antre de notre vénéré Bruno Bonnel. La plupart du temps éditeur et/ou producteur de jeux à grosses licenses (Mission Impossible, V-Rally, Duke Nukem…), une bonne partie de son activité créatrice interne se concentre sur des CD-ROM culturels. Tout ceci n’aurait rien de répréhensible si ce bon Bruno ne passait son temps à clâmer partout qu’il a une vision claire de l’avenir du jeu vidéo, comme si le fait d’avoir racheté le nom “Atari” lui conférait une sorte de pied d’estale. Si jamais je l’entends prendre un des prétextes cités en début de cette chronique pour justifier son échec au milieu d’un marché du jeu vidéo en progression continue, je lui fais bouffer un pad de Xbox.
Moi qui espérais que cette crise (relative) amènerait un brusque regain de bon sens chez les décideurs… Vous savez, le bon sens, celui qui dit par exemple qu’il ne faut pas (trop) prendre les consommateurs pour des êtres complètement stupides et que la tendance actuelle à former des gigantesques conglomérats d’entreprises ne peut amener qu’à une situation de ras-le-bol et de suppression d’emplois. Il faut encore croire que j’ai rêvé tout éveillé.
En tout cas, voilà qui scelle le destin de GameOne. Mais il faut dire que cette chaîne, muselée par Infogrames, avait déjà un canal dans la tombe.
Et bonjour chez vous !