II-10 (16/02/2003) : Amères loques


Tous ceux qui suivent régulièrement une rubrique de une de la presse connaissent le New York Post, ce journal populiste américain dont la haine chronique envers la France est désormais célèbre. Certains connaissent peut-être également Ann Coulter, la précheuse anti-française officielle du pays du soleil mourant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis la semaine dernière, le pays où l’oncle Sam éduque ses enfants à coups de hamburgers et de Barbie se laisse tranquillement gagner par une francophobie des plus amères. On avait déjà eu l’occasion de s’inquiéter de l’attitude des américains à taxer de trahison tout pays ne s’alignant pas complètment sur leur vision des choses, mais un sommet vient d’être atteint avec la crise irakienne.

Mais quelle crise, au fait ? Face à cet état de frénésie anti-terroriste aux relents quasi-xénophobes, le monde a une fois de plus l’occasion d’assister à l’art et la manière qu’ont les politiques américains de re-fabriquer le monde à leur manière et de mener un incroyable lavage de cerveau sur leur peuple. Et dans quel but ? La paix dans le monde ? Ben voyons. Une information, curieusement peu relayée par les médias, rend compte d’un des plans de l’après-Saddam qu’ont dressé les Etats Unis : celui de la privatisation de leur industrie pétrolière ! Et parallèlement, un article édifiant préparé par le “Programme d’Information Nationale” aux USA s’appuie sur l’avis de prétendus experts (tous américains, bien sûr) prône en effet qu’il s’agirait d’un excellent moyen de développer le pays économiquement. Difficile d’afficher moins implicitement son opportunisme sans dire carrément la vérité.

Pour en revenir au courant anti-France, comment ne pas être scandalisé par cet amalgamme écoeurant que n’hésite pas à faire ce papier entre une volonté guerrière purement égoïste et les démarches de résistance menées lors de la dernière guerre mondiale ? Comment peut-on décemment oser profiter de soldats morts pour la liberté afin de diaboliser des gens qui n’ont comme tort que celui de ne pas suivre à la lettre les directives d’un pays qui voit en permanence le monde comme un Far-West, où l’on ne réfléchit qu’après avoir tiré ? Heureusement, pour ces journaleux ultra-nationalistes, que l’expérience a depuis longtemps montré que les morts n’ont pas l’habitude de se rebiffer contre ce qu’on leur met sur le dos. Car sinon, cher M. Dunleavy, il y aurait certainement un certain nombre de fesses supplémentaires qui se verraient méchamment bottées.

Comme piste à suivre en cas de besoin urgent de rire devant un bon festival de bêtise et de mauvaise foi, je ne peux que vous inviter à parcourir le site FuckFrance.com, dont les “rédacteurs” sont en pleine période orgasmique aussi pitoyable que honteuse et dont les forums sont à l’image de ce que l’Amérique a de plus profond à nous faire découvrir.

Pour donner un avis personnel, je dirais que je trouve fort inquiétant de voir que nous, qui essayons de trouver un moyen d’éviter une guerre qui profiterait à une hégémonie tout en détruisant un peu plus un peuple déjà largement opprimé, sommes censés recevoir des leçons de la part d’une population dont les décideurs manipulent l’actualité et sont incapables de corriger les fautes d’orthographe d’un étudiant.

Et bonjour chez vous !