III-09 (07/03/2004) : C’est DRMatique


Question à mille brouzoufs : que faire quand on a besoin de sous et qu’un marché se développe exponentiellement ainsi que la popularité de ses services d’échange ? Pour paraphraser Cédric Ponsot, qui est à Universal Mobile ce que Pascal Nègre est à Universal Music France et qui s’exprimait la semaine dernière lors d’une conférence du 3GSM, il faut mettre des DRM ! Plein de DRM !!

Les DRM, vous aimez ? Dommage, il va falloir en reprendre ! Et cette fois, c’est sur les téléphones portables que ça se passera. En effet, selon le monsieur, il devient absolument nécessaire de protéger nos artistes contre le piratage de fichiers protégés par les droits d’auteur sur les mobiles. Pas question ici de sécurité de l’utilisateur contre les intrusions et autres virus, là on parle de gros sous : le marché des sonneries est ainsi évalué à 4 milliards d’euros, et les majors n’en percevraient “que” 400 millions. Une vraie honte. Dommage qu’il n’y ait pas de grand méchant loup clairement identifié à accuser, à l’instar des Napster, Kazaa et autres eDonkey… Mais qu’à cela ne tienne, on va faire en sorte qu’il faille verser des droits pour pouvoir utiliser un air de musique ou une images si on souhaite personnaliser son téléphone.

En clair, maintenant il va falloir payer encore plus cher qu’entre 1 et 2 euros pour télécharger une sonnerie qui n’est rien de plus qu’un bout de fichier MIDI transcrit à la va-vite, d’une qualité telle que n’importe qui pourrait en faire autant avec un petit freeware et des fichiers retranscrits par des amateurs disponibles sur le web. Avec impossibilité d’en faire profiter ses proches sans passer par la caisse, bien sûr. Et, qui dit protection des fichiers dit formats de données propriétaires, donc inutile d’espérer utiliser vos propres créations, puisqu’on part du principe que ça sera forcément du pillage d’oeuvres existantes. C’est bien connu : les vrais artistes sont tous enregistrés à la SACEM ! Quant à l’intéropérabilité entre ces DRM pour mobiles et ceux pour les ordinateurs, l’alliance OMA penserait à la gérer dans un futur, disons… pas à trop long terme.

En parallèle de l’affaire des SMS savamment entretenu à un prix exorbitant par les opérateurs, voilà bien le nouveau visage des droits d’auteur en France. Utilisés à tire-larigot, y compris pour essayer le combler le trou financier laissé par une gestion du marché en dépit du bon sens, et si possible tout en remplissant les caisses des éditeurs en mal d’évolution . “Un artiste n’est pas un simple produit, une bouteille de Coca-Cola”, a dit le patron d’Universal Mobile. Ce à quoi j’ajouterais volontiers que ce n’est pas non plus une vache à lait.

Et bonjour chez vous !