IV-06 (12/12/2004) : Techno-génération


“- Et toi, tu passes aussi Noël en famille ?
– Ouais.
– C’est normal, remarque : les proches, l’ambiance, la bonne bouffe…
– Ouais. Mais je dois aussi réparer l’ordinateur de mes parents.”

C’est ainsi qu’on pourrait résumer un récent article de Newsweek qui introduit brillamment ce qui sera probablement la dernière chronique de Celeri de 2004.

On peut dire que monde informatique, globalement, distingue deux types d’utilisateurs (hors professionnels) : l’utilisateur de base et le “power user”. Le premier d’entre eux est le plus courant et inclut tous ceux qui utilisent un ordinateur à la maison ou au bureau mais ne cherchent pas à en connaître les détails : le résultat est la seule chose qui importe. Précisons qu’il est hors de question de le dénigrer ici, car rien n’est plus compréhensible que la volonté de ne pas se plonger dans ces choses-là. Le power user, lui, est une race intermédiaire, celle de ceux qui ont assimilé un bagage technique avec le temps, la passion, ou les deux, et l’utilisent donc pour eux-même (et souvent leur entourage).

Il devient, avec les années qui passent, intéressant de constater que le fossé générationnel entre parents et enfants met de plus en plus en évidence une sorte de “fracture informatique” : les jeunes, grâce à l’informatisation des établissement scolaires et la curiosité induite par leur situation, tendent progressivement à devenir des power user (à différents degrés, certes) par la force des choses. Leurs aînés, de leur côté, ne dépassent que rarement le cadre d’une utilisation basique, par manque de temps et d’intérêt.

Il en résulte une profonde différence de réaction face à un problème sérieux comme un matériel défectueux, un système d’exploitation vérolé ou un logiciel buggé : l’utilisateur expérimenté cherchera à savoir d’où cela vient et comment y remédier, au besoin en faisant appel à un ami ou des forums d’entraide, tandis que l’utilisateur de base appellera plutôt un support technique impuissant et débordé, pour finir par purement et simplement abandonner. Et pourtant, il réagirait bien différemment face à un problème de voiture ou de magnétoscope !

De nos jours, l’utilisateur de base est encore largement majoritaire et son seuil de tolérance de panne bien plus élevé que celui du power user. Et il faut bien avouer que fabricants et éditeurs en profitent largement pour vendre des produits informatiques aux atours séduisants mais dont la complexité réelle demeure un réel obstacle à l’informatisation globale des foyers. Celle-là même dont l’imminence est annoncée par nos politiciens qui, au final, n’en savent guère de plus que le grand public et se laissent ainsi influencer par des “professionnels” aux dents longues qui ne rêvent que de voir cet état de fait perdurer. La boucle est bouclée.

A quand des jeunes power user aux commandes des ministères chargés de la technologie ?

Et bonjour chez vous !