IV-09 (20/02/2005) : Drôle de cyber-planète


Certains d’entre vous auront peut-être, dans le titre de cette chronique, reconnu une tournure récurrente utilisée par l’AFP dans ses petites compilations de nouvelles insolites. Et, comme s’il était besoin de montrer que l’informatique peut être la source d’affaires portant à rire jaune, ce que je vous propose aujourd’hui sont quelques petites histoires plutôt étonnantes qui sont arrivées dans le monde de l’internet ces dernières semaines.

En premier lieu, allons faire un tour au Japon, le pays des sushis, du workaholism et des jeux vidéo. On savait déjà que les jeux de rôles en ligne, de par leur nature prenante (le monde évolue, que vous y jouiez ou non), étaient à l’origine de nombreuses disputes, voire même de séparations au sein des couples. C’est vraisemblablement dans ce contexte qu’une jeune femme d’environ 30 ans, à Toyama, a volontairement détruit le compte du jeu de fantasy médiévale en ligne “Lineage” de son ex-petit ami : le personnage et toutes les possessions du malheureux ont ainsi été irrémédiablement perdus. Dénoncée à la police par celui-ci puis arrêtée, elle a avoué avoir commis cet acte pour se venger de la récente rupture demandée par le joueur. L’histoire ne dit pas dans quelles conditions cette rupture fut annoncée, mais on a ici un bel exemple des retombées “palpables” de l’éternel conflit entre les vies réelle et virtuelle. Une version électronique du “c’est lui ou moi”, en quelque sorte.

Ensuite, faisons un saut en Angleterre, où un internaute généreux mais malchanceux a passé quelques heures en prison… pour avoir utilisé un navigateur web alternatif ! Ce londonien venait de faire un don à une association en faveur des réparations post-tsunami en Asie au moyen de Lynx, un navigateur web basé sur le texte utilisé généralement par certains Unixiens ou les aveugles. Un agent de British Telecom, qui était en charge du système de perception de l’argent, en parcourant l’enregistrement de la transaction, décida que cet étrange navigateur qui ne déclinait pas son identité était douteux. Il traça donc l’adresse IP de celui qui était dès lors considéré comme un pirate et appela les secours. Et c’est en prenant son déjeuner que le pauvre fut arrêté par la police (armée), accompagnée de la presse nationale. Tout ça pour ne pas avoir utilisé un butineur à la mode. Première réaction du responsable du système à la presse : “ne vous inquiétez pas, chaque penny sera bien reversé à l’Asie.” Ouf, on a presque eu peur.

Enfin, arrêtons-nous aux Etats-Unis où les fauteurs de spam sont décidément capables de l’encore pire comme du pire. Après avoir porté devant les tribunaux Lycos pour son “Make love, not spam”, un économiseur d’écran qui lançait des attaques de type DoS vers les ordinateurs reconnus par la communauté mondiale comme étant diffuseurs de spam, voilà qu’une société attaque un particulier pour l’avoir dénoncé à son fournisseur d’accès. Selon l’attaqué, il s’agit d’un procès d’intimidation, quand l’attaquant déclare être victime d’un préjudice financier suite à la coupure de son accès au net alors qu’elle ne faisait qu’envoyer des mails commerciaux respectant le CAN-SPAM. L’incident pourrait n’être qu’un banal fait divers, mais… Pour information, le “CAN-SPAM” est la loi récemment passée par le gouvernement américain censée empêcher la prolifération du spam. Hélas, celle-ci est entachée, outre d’un acronyme plutôt ambivalent (“can” pouvant signifier “mettre en boîte” ou “pouvoir” en anglais), de résultats pour le moins… peu enthousiasmants comme vous pouvez le voir ci-dessous :

CAN-SPAM

Dans les faits, il s’avère que, loin de véritablement remplir son rôle, cette loi a plutôt pour effet de fournir aux fautifs un cadre et des moyens légaux pour justifier que leurs courriels ne sont pas du spam même si c’est le cas. Espérons que la loi anti-spyware, qui devrait être votée dans les prochains mois, ne sera pas un CAN-SPYWARE !

Et bonjour chez vous !