HADOPI : la claque !

Ça doit déjà se fâcher tout rouge à l’Elysée…

jeudi 9 avril 2009, 17h56

C’est une énorme surprise que les internautes s’étaient tous résignés à ne plus attendre : la loi anti-piratage de l’UMP, dite “loi HADOPI”, vient d’être rejetée dans son intégralité par l’Assemblée Nationale.

Les annales de la cinquième république semblent indiquer qu’il s’agit d’une situation extrêmement rare, voire carrément unique pour une loi passée en comission mixte paritaire. Mais outre le côté inédit de l’événement, c’est surtout la magistrale baffe adressée à la ministre de la culture, Christine Albanel, et par ricochet à tout le gouvernement et à Nicolas Sarkozy qui a toujours pesé de tout son poids pour  cette loi le plus rapidement possible, n’hésitant pas à déclarer l’urgence de son vote en pleine situation de crise financière, économique et sociale.

Les personnalités de l’UMP, qu’on sent dans un pénible travail de préservation d’image, font tout ce qu’elles peuvent pour n’y voir là que d’un simple contre-temps, Roger Karoutchi venant d’annoncer que la loi serait simplement votée avec quelques semaines de retard, puisque la constitution autorise le Président à demander une seconde lecture. Ceux qui veulent encore croire que le parlement constitue une entité indépendante du gouvernement et des partis politiques apprécieront. L’escalade de la mauvaise foi a d’ores et déjà commencé.

Le secrétaire UMP aux relations avec le parlement a par ailleurs dénoncé “des actes de flibuste” de la gauche, qui consistent à “cacher des parlementaires et à ne les faire entrer dans l’hémicycle qu’une fois le vote appelé pour dénaturer la réalité d’un débat et d’un vote”. Avant d’enrager : “C’est quoi ce jeu ?” Mais dis-moi, Roger, et le jeu qui consiste à faire voter la loi par surprise un soir à 22h quand il n’y a plus que 16 députés dans l’hémicycle (première lecture, jeudi dernier), tout en avançant la date de la comission mixe paritaire et en annulant le vote solennel, c’est quoi ?

De son côté, Jean-François Copé, qui s’est sûrement déjà pris une belle fessée déculottée par Nicolas Sarkozy, a donc annoncé que la nouvelle lecture de la loi HADOPI commencerait le 28 avril prochain. Mais est-il vraiment à même de jouer les grands devins ? La victoire aujourd’hui acquise par l’oppostion ne va faire que redoubler sa promptitude à charger contre cette loi mal ficelée et déjà dépassée technologiquement. Internautes 1, Gouvernement 0, comme on dit.

Sans oublier que le vote du “paquet Télécom”, incluant le fameux “amendement Bono” interdisant à toute entité non-judiciaire de priver un citoyen de l’accès à l’internet, devrait avoir lieu lui aussi fin avril au Parlement Européen… Et du coup, j’ai une pensée (légèrement) compatissante envers une certaine ministre de la culture qui doit commencer à sérieusement se ronger les sangs : celle qui a dû endurer les moqueries de la blogosphère toute entière et soutenir des positions dont la pertinence approchait souvent du zéro absolu pour plaire à son grand (petit) chef risque désormais de sauter pour crime de lèse-majesté parlementaire… Mais qui la regrettera désormais, maintenant qu’elle a perdu sa crédibilité auprès du gouvernement et des majors ?

3 commentaires pour “HADOPI : la claque !”

  1. Tipierre dit :

    C’est pas une victoire, un vote à main levée de 40 députés sur 600… C’est un coup de bol.
    Affligeant, il n’y a vraiment pas de quoi s’en réjouir.
    Sauf peut-être l’espoir que la gauche en fasse son cheval de bataille et soit omniprésente au prochain vote… Mais depuis quand la gauche livre-t-elle bataille à la droite ?

  2. Tomers dit :

    Tipierre, ce qui compte, ce sont ceux qui s’expriment, pas le reste. Comme dans tout vote, qu’il y ait 40 ou 600 députés, c’est pareil…
    Apres, niveau chance, même si il y en a une petite part, la methode semblait avoir été un peu preparé. Je trouve ça interessant, ça apprendra qu’il ne faut pas secher des votes de fin de comission qui doivent prendre 10 minutes à tout casser…

  3. Tipierre dit :

    Nan, tu peux pas gueuler contre un vote à 16 députés, et féliciter un vote à 40 ! C’est tout aussi ridicule !

    En effet, il ne faut pas sécher le vote de fin de séance. En plus, le vote à 16 députés a eu lieu tard le soir, mais celui d’hier a eu lieu à 13h !