La fille imprudente qui valait 30 millions
Qui allez-vous attaquer aujoud’hui ?
The Inquirer nous fait part d’une histoire comme notre société moderne, et notamment le modèle américain, tend à les multiplier. Une jeune fille de 14 ans vient de porter plainte contre les créateurs de MySpace, le site de rencontre hyper-tendance pour les djeunz américains. Adepte du service, elle aurait été agressée sexuellement par un homme rencontré sur le site et réclame 30 millions de dollars de dommages et intérêts.
Son avocat, comme principal argument, prétend que MySpace ne fait rien d’efficace pour protéger les mineurs :
“MySpace is more concerned about making money than protecting children online”
(Hmm… et lui alors ?)
Signalons tout de même que la petite fille a accepté de donner son numéro de téléphone à son agresseur (on ne sait pas si elle a porté plainte contre lui, par ailleurs) et a priori ses parents l’ont laissée le rencontrer. L’agression s’est déroulé après qu’ils soient ensemble allés au cinéma et manger un morceau. Bref, le schéma classique d’une rencontre qui tourne mal, ce qui ne dépend donc pas de la façon dont elle a été rendue possible. Ou en tout cas pas d’une façon qui serait un tant soit peu prévisible. Car pour quelques cas, très médiatisées, d’agressions via l’internet, combien à la sortie du collège/lycée ou sur le chemin d’une boîte de nuit ?
Passons rapidement sur la nécessité d’apprendre aux enfants à se méfier des inconnus et les dissuader de donner leurs coordonnées personnelles facilement. Tout le monde est d’accord là-dessus, mais rares sont les parents qui accepteront l’idée, même face à l’évidence, qu’ils ont failli dans leur rôle d’éducateur si leur gamin le fait quand même. C’est humain, comme on dit.
De plus, prétendre être à même de vérifier la majorité de celui qui utilise un ordinateur relève encore à l’heure actuelle tient du fantasme pur et simple. Et quand bien même si on y arrivait, en suivant la logique de cette plainte, MySpace devrait empêcher toute personne susceptible d’agresser un mineur d’en contacter un. Imaginons donc un peu la même jeune fille en train de discuter avec son futur agresseur sur le même site en version ainsi “sécurisée” :
– lol, bon alor tu me file ton tel ?
– ok
– … (votre saisie ne respecte pas la charte de protection de ce site, votre interlocuteur ne l’a donc pas reçue)
– alors ?
– euh attends
– … (votre saisie ne respecte pas la charte de protection de ce site, votre interlocuteur ne l’a donc pas reçue)
– ba koi ?
– sa marche pô
– ta ka m’lenvoyé par MSN… c koi ton adresse ?
– … (votre saisie ne respecte pas la charte de protection de ce site, votre interlocuteur ne l’a donc pas reçue)
– tin mé c tro pourri ce site ! jvé en en utilisé 1 otre !
– ok tu me dira lequel ?
– oui bien sur
Prometteur, non ?
Après les procès contre MacDonald’s qui fait grossir, le tabac qui donne le cancer, les voitures qui incitent à dépasser les limitations de vitesse et tant d’autres affaires du même genre, le constat est accablant : un grand nombre de personnes sont prêtes à s’affirmer ouvertement comme irresponsables, voire complètement stupides, en revendiquant une dépendance vis-à-vis des vendeurs de biens ou de service. Mais après tout, tant que ça sera aussi – potentiellement – bien rétribué…
Pssst, petite, tu sais que tu pourrais également porter plainte contre ton opérateur téléphonique et réclamer 30 millions de plus ?