OpenOffice-Mac privé de WWDC
La fermeture du bureau est pour bientôt ?
OpenOffice, la suite bureautique en open-source a beau se porter assez bien et faire son petit bout de chemin sous Windows après avoir conquis la communauté Linux, il reste une plate-forme sur laquelle elle est très boudée : Mac OS. Eric Bachard, qui participe activement au portage d’Open Office sur le système d’Apple, annonce aujourd’hui, avec force regrets, qu’il n’a pas pu collecter l’argent nécessaire pour aller représenter son activité à la WorldWide Developer Conference 2006, le salon qu’Apple organise pour les développeurs tous les ans au mois d’août.
La nouvelle commence à faire du bruit dans la communauté Mac, et oppose globalement (en caricaturant un tantinet) deux camps : d’un côté, les supporters d’OpenOffice qui accusent les utilisateurs de Mac de préférer Microsoft au logiciel libre et, de l’autre, les détracteurs de la suite bureautique libre qui accusent celle-ci d’être entachée d’un portage indigne du Macintosh. Eric Bachard n’a pas directement accusé les utilisateurs de Macintosh d’être des conservateurs à la botte de Billou, mais sa décision a bel et bien réveillé un malaise latent entre le Mac et le logiciel libre.
Si on regarde objectivement les choses, on constate en effet qu’OpenOffice sur Mac, ce n’est vraiment pas encore la panacée. A la base un logiciel Unix/Linux, la communauté du libre assure depuis longtemps un portage de (très) bonne facture pour Windows, qui rend la suite bureautique tout à fait crédible face à son rival made-in Microsoft. On télécharge le logiciel, on l’installe comme on le fait avec n’importe quel autre programme pour Windows, et OpenOffice fonctionne avec une interface conforme à ce qu’on peut voir d’habitude sur ce système.
L’utilisateur de Mac, lui, se voit gratifié d’une étape supplémentaire indispensable avant ou après l’installation du logiciel : l’installation de l’interface X11. Si le connaisseur du monde Linux sait de quoi il s’agit, l’utilisateur de base lui ne comprend pas cette nécessité, et encore moins le fait que cette étape ne soit pas incluse. Et une fois ceci fait, la déception est souvent de mise : OpenOffice se révèle lent au chargement et à la détente, y compris sur des modèles récents de Mac. Sans parler de l’interface qui ne respecte en rien les canons préconisés par Apple en matière d’interface homme-machine. Le Mac-user, habitué à des programmes à la réactivité optimisée et à l’aspect léché, ne se sent pas satisfait.
La question qui divise est donc la suivante : les utilisateurs de Mac ne respectent-ils pas assez les efforts fournis pour porter OpenOffice sur leur plate-forme ? On pourrait certes penser à priori qu’ils sont assez ingrats de se plaindre alors que ces efforts sont réels, surtout quand on voit le peu de volontaires face au travail énorme que cette activité suppose. Mais ce serait un peu vite oublier un élément très important : l’utilisateur de Mac, par son achat, est souvent, plus ou moins consciemment, une sorte de militant. En payant, généralement un peu plus cher, pour une machine qui s’utilise différemment d’un PC sous Windows ou Linux, il signifie son intention de pouvoir bénéficier de logiciels respectant son choix. Aussi, un programme lent et “moche” le conduira très probablement au mépris.
Imaginez-vous en train d’acheter une belle Mercedes et vous rendre compte que quand vous y mettez du carburant tel qu’on en trouve partout, elle devient poussive, moche et bruyante. Eh bien c’est un peu ce qui se passe dans la tête du Mac-user face à OpenOffice-Mac : à moins qu’il attache une importance toute particulière à utiliser du logiciel libre, cette suite bureautique constituera à ses yeux une attaque directe à son choix d’achat initial. D’où réaction logique : déception et rejet.
Et il ne faut pas trop compter sur l’argument de la gratuité du logiciel. La valeur ajoutée du Mac par rapport au PC tient en effet essentiellement à son système et sa logithèque qui lui est propre, ce qui dépasse la simple question du prix. La division Mac de Microsoft l’a d’ailleurs bien compris : depuis le passage à Mac OS X de Microsoft Offce, ses concepteurs font en sorte de respecter scrupuleusement les codes graphiques du Mac tout en intégrant des fonctions propres à la plate-forme, inédites dans les versions Windows.
Preuve en est que la communauté Mac elle aussi se trompe parfois de débat… Le logiciel libre a certes des arguments indéniables, il lui faut tout de même savoir à quel public il s’adresse. Le succès du Mac étant en grande partie celui de Mac OS, il faut arriver à comprendre le quasi-contrat que l’acheteur d’un Mac passe avec Apple : accepter une part d’anti-conformisme en échange de logiciels d’un certain niveau de performance et de cohérence dans l’interface.
20 juin 2006 à 11h58
Cela me semble inévitable, dans le sens que les adeptes du logiciels libres les plus acharnés sont très nombreux à utiliser Linux, à en venir ou a avoir des connaissances relatives à cet OS. En conséquence, leurs manières souvent hautaines de considérer les utilisateurs de Windows (car bizzarement, Apple passe entre les mailles du filet) devai bien finir par se retourner contre eux : l’installation de ce fameux X11 est certainement très simple pour un initié, mais jamais un utilisateur moyen ne saura s’y prendre. A partir de là, il me semble normal qu’une suie burautique ne rencontre pas de succès : ne pas avoir une interface aussi belle que celle des autres programmes Mac est en soit désagréable mais négligeable. Forcer les utilisateurs à réaliser une manoeuvre inconnue est par contre intolérable de la part de ceux qui défendent des programmes plus simples et gratuits. Je ne blâme pas les dévelloppeurs d’open office (qui sont efficaces et compétents, on les en remercie), mais le comporement de certains qui défendent leur statut d’élitistes et finissen par s’étonner que leurs habitudes ne soient pas du gout de l’utilisaeur moyen.