Ordinateurs piratés : un bon signe ?

We are the champions, my friend…

vendredi 25 novembre 2005, 0h34

Les infections de type “botnet” consistent à installer à distance – et à l’insu de l’utilisateur, bien sûr – un logiciel servant à relayer du spam ou lancer des attaques par saturation de requêtes vers des sites au moment jugé opportun par les pirates. Une fois le parasite distillé à grande échelle, ceux-ci se retrouvent à la tête de véritables armées d’ordinateurs-zombies, capables de mettre à genoux les serveurs de géants tels Microsoft ou Google.

Symantec, l’éditeur bien connu de logiciels de sécurité, a récemment publié une étude démontrant que l’Angleterre contient plus de ces PC infectés que n’importe quel pays au monde. C’est suite à la question logique du “qu’allez-vous faire pour y remédier ?” au cours d’une conférence que Nigel Hickson, représentant officiel du département du commerce et de l’industrie anglais, a osé sortir ça : “Nous devrions nous féliciter d’être le pays numéro 1 en termes d’infections [par botnet]. Cela donne un indice de notre importance et de l’intérêt suscité par nos ordinateurs.”

Eh bien, j’ai quelques mauvaises nouvelles pour Nigel Hickson : cette place de premier peut et doit être considérée comme un bonnet d’âne. Et pour cause, il pourrait y avoir bien d’autres choses que l’importance du pays pour en faire une réalité, comme par exemple un laisser-aller au niveau politique de la part du gouvernement et au niveau judiciaire de la part des peines encourues pour de tels délits, ou bien un défaut d’information de la part de fournisseurs d’accès pressés de faire exploser le haut débit en dépit de tout bon sens, ou encore un désintérêt de la part des internautes eux-mêmes aux problèmes de sécurité. Rappelons que l’angleterre est un des pays d’Europe où Internet Explorer reste le plus utilisé (plus de 90% des internautes), et donc que ses failles, nombreuses et connues, concernent beaucoup plus de monde (à noter que la France ne vaut pas beaucoup mieux sur ce point-là).

Cette affirmation rappelle furieusement la fameuse tirade qu’on prête à Bill Gates : it’s not a bug, it’s a feature, non ? Il y a des fois où on se retrouve dans la situation de devoir faire à mauvais sort joli visage, mais là, sérieusement, il fallait oser. On retiendra d’ailleurs la réaction perspicace d’une des personnes qui assistaient à la conférence, qui a dit qu’il n’aimerait pas que la place de numéro 1 du pays en infections soit aussi valable concernant la grippe aviaire…

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