Sapiens : le jeu où qu’on s’y croirait

Nominé aux Oscars, dont celui des meilleurs dialogues

samedi 20 mai 2006, 21h00

Ce matin, j’ai découvert qu’il existait une version pour Mac OS X de Sapiens, un jeu auquel je jouais déjà lorsque j’avais dix ans. Créé par Didier et Olivier Guillon en 1986, il a commencé sa carrière sur MO5, un ordinateur pour lequel il fallait être courageux pour écrire des jeux. Il est ensuite passé par de nombreuses autres plates-formes, dont l’Amstrad CPC et l’Atari, cette dernière étant celle que j’ai connue.

Ah, Sapiens… Aujourd’hui un tel jeu peut paraître très désuet, tant dans l’apparence que dans la profondeur, mais à l’époque c’était un de ces trop rares jeux nés de l’esprit de gens passionnés. Il vous fait voyager 100 000 ans en arrière, à l’époque de nos ancètres que la science moderne appelle “Homo Sapiens Neandertalensis”. Votre héros est un chasseur en quête de reconnaissance, auquel le chef de la tribu va confier plusieurs missions l’obligeant à risquer sa vie en-dehors de sa tribu rassurante et affronter la dure loi de la jungle.

L’élément qui m’avait laissé les souvenirs les plus nets était certainement les dialogues : il était possible de (tenter de) discuter avec n’importe lequel des congénères rencontrés sur votre chemin. On pouvait alors lui poser des questions courantes (“qui es-tu ?” “que veux-tu ?”), mais aussi bon nombre de vantardises rassurantes comme , “c’est moi le plus fort”, “même l’ours me fuit” ou encore “je t’écrase d’une main”, ainsi qu’une floppée d’insultes du plus bel effet : “baisse les yeux”, “tu n’es qu’un couard”, “face de porc”, “primate dégénéré” (!)… Evidemment, de tels propos, plus la peine d’espérer vous faire accompagner de votre interlocuteur ou faire des échanges avec lui… la susceptibilité n’est pas une aberration de notre civilisation avancée, qu’on se le dise !

Dans ce jeu, le réalisme des situations est réellement saisissant. Peut-être même trop, d’ailleurs. Savez-vous comment étaient traitées les femmes blondes il y a 1000 siècles ? Eh bien pas très différemment d’aujourd’hui, figurez-vous :

Entre blondes et brunes...

Eh oui, la guerre des pigments capillaires supposés jouer sur la taille du cortex existait déjà ! D’ailleurs les mâles, eux, pressés par les besoins naturels relatifs à la survie de l’espèce, savaient être patients, eux :

Entre blondes et mâles...

Notez qu’à l’époque, faire la cour impliquait encore d’être poli. Pas de “zyva, la meuf, ta l’R trop bonne, vien ché wam !” et autres jeuneries contemporaines. Cela dit, il convient de remarquer qu’en ces temps reculés, le respect de la hiérarchie avait déjà son importance, même si mai 68 était encore loin. Ainsi, il y avait des choses à ne surtout pas demander au chef de sa propre tribu (même si vous étiez blonde) :

Ne jamais fâcher le chef...

Vous le voyez, bandes de jeunes incultes, à défaut du réalisme que les jeux d’aujourd’hui prétendent vous offrir à coups de textures, polygones et autres shaders, les vieux jeux vous le donnaient par la pertinence des situations et la richesse des dialogues. Alors un peu de respect pour les bon jeux d’antan, que diable !

Nota : les images ci-dessus sont vraiment issues du jeu et n’ont été retouchées que pour en diminuer la largeur ; ceux qui s’essayeront à Sapiens s’apercevront vite qu’il n’est pas bien difficile d’arriver à ce genre de scènes cocasses…

Un commentaire pour “Sapiens : le jeu où qu’on s’y croirait”

  1. hanna dit :

    excellent ce jeu, et merveilleux dialogues! Oui je m’en souviens parfaitement, jouant sur le vieux mac de mon grand père.
    Même si je me souviens ne jamais avoir réussi à gagner un combat contre des humains, je perdais constamment à ce jeu.