L’avantage de bosser dans une grosse boîte dont les cadres sont du genre gadgetophiles et dont l’équipe en charge du réseau est dynamique et dotée de moyens suffisants, c’est qu’on a l’occasion d’y essayer tout plein de technologies modernes qu’on aurait des scrupules à financer avec ses propres deniers. Surtout quand on est un techno-sceptique comme votre serviteur, dois-je préciser. Ainsi, après avoir vu passer une ribambelle de procédés pour connecter un smartphone au réseau corporate, voici qu’un de mes bien-aimés collègues reçoit une des “clé 3G+” que distribue Orange depuis quelques mois maintenant.
La 3G+, pour faire simple, c’est le successeur de la 3G qu’on n’a pas voulu nommer 4G car c’est plus ou moins ce qu’était censé être la vraie 3G, au lieu de cet UMTS pour le moins foireux dont même les plus créatifs des slogans publicitaires n’ont pas réussi à masquer les cruels défauts de conception. L’opérateur Bouygues, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en ne déployant aucun réseau 3G et en passant donc directement de la 2,5G (GPRS et EDGE) à la 3G+.
Avec la 3G+ (chez les commerciaux), alias 3,5G (chez les opérateurs), alias HSDPA (chez les intégrateurs), on peut enfin atteindre des débits dignes d’une liaison ADSL sur un appareil mobile : 1.8 Mbit/s, 3.6 Mbit/s, 7.2 Mbit/s et 14.4 Mbit/s selon la qualité de la couverture et des composants utilisés. C’est complètement indispensable pour regarder les dernières vidéos débiles sur YouTube et ouvrir les énormes photos (en 8 méga-pixels non recompressés après transfert de l’appareil) envoyées par votre belle-mère par e-mail.
La 3G+, techniquement, s’est mise en place chez les opérateurs entre mi-2006 et mi-2007 avec SFR comme pionnier, mais les premières offres réellement intéressantes (comprendre “pas trop hors de prix”) ont attendu les fêtes de fin d’année 2007. Le service que j’ai eu l’occasion de tester est celui d’Orange qui intègre dans une clé USB de taille très modeste les protocoles EDGE, 3G et 3G+. L’installation sous Windows XP est plutôt simple et ne requiert même pas de CD : les distributeurs se sont apparemment arrangés pour glisser une zone de mémoire flash dans l’appareil qui lance automatiquement un installeur dès la première insertion.
Au passage, puisque les spécifications annoncent le bidule comme étant compatible Mac OS, je me suis dépéché de le vérifier, et je suis au regret de vous affirmer que c’est très relatif. En effet, après l’avoir branché au Power Mac se trouvant sur mon lieu de villégiature, rien ne s’est passé. Et après des recherches conséquentes, il semble s’avérer que la chose n’est pas utilisable sur un Mac de 1998 et que les drivers pour Mac OS 9.2 ne sont actuellement même pas à l’étude. Si ce n’est pas de la ségrégation anti-Mac primaire, ça…
Mais revenons-en à notre accès. Est-ce que ça marche bien ? Les débits sont-ils bons ? Y a-t-il beaucoup de coupures ? Est-ce que c’est une bonne idée de cadeau pour mon anniversaire de mariage d’avant-hier ?
Pour être honnête, je dois bien reconnaître que oui, c’est plutôt efficace. Car depuis maintenant 3 jours que je teste ce dispositif, je n’ai pu jusqu’ici que très peu le prendre en défaut. Le plus gros problème que j’ai rencontré ne vient en fait pas du réseau mais du matériel lui-même, la clé noire “ICON 225” : dans les zones mal couvertes en 3G, la connexion Edge échouait quatre fois sur cinq en renvoyant une erreur 628. Quelques recherches et une mise à jour de firmware plus tard, la voilà qui se comporte beaucoup mieux. En revanche, lorsque la connexion est perdue, la clé a tendance à se bloquer et met beaucoup du temps à retrouver l’accès, à tel point parfois qu’un redémarrage s’avère nécessaire. Et attention à bien déconnecter avant de mettre votre ordinateur en veille ! Ici, Windows me semble avoir un certain degré de culpabilité, mais difficile d’en être sûr.
“Business Everywhere” est le nom de l’interface de connexion qui, bien qu’un peu lourde à lancer et à l’esthétique discutable, est pour une fois assez simple sans être trop simpliste. Qu’on s’intéresse un peu ou pas du tout à ce qui se passe sous le capôt, on s’y retrouve :
Une fois la connexion établie, les débits sont pour le moins conformes à ce qu’on pouvait attendre en pratique. En mode EDGE, on obtient entre 20 et 35 ko/s (maximum théorique de 48 ko/s) :
3G/3G+ j’ai couramment autour de 100 ko/s avec pour extrêmes 50 et 150 (maximum théorique de 230 ko/s sur réseau à 1,8 Mbps, les plus courants actuellement) :
Et pour terminer, un petit test encore plus parlant que les précédents et qui devrait convaincre même les plus sceptiques que la 3G+, c’est pas trop du caca :
Bref, que de bons débits… du moins dans une zone bien couverte en 3G, évidemment. Car là est toujours le problème avec les réseaux sans fil. Les tests ci-dessus ont été effectués dans une agglomération moyenne, à savoir une sous-préfecture d’un département d’Aquitaine. A ce que j’ai pu entendre çà et là, en plein milieu de villes comme Paris ou Lyon, on peut largement doubler voire tripler les valeurs ci-dessus. En dehors des villes, vous serez automatiquement commuté en EDGE qui est intrinsèquement plus lent, mais également plus sensible à la saturation du réseau, car utilisant les mêmes fréquences que les communications GSM.
C’est pour me faire une idée de la réactivité de ces commutations et de la bonne tenue de la connectivité que j’ai essayé cette clé dans le TGV Paris-Bordeaux. Et là encore, le résultat était prévisible : connexion stable et rapide près des grandes villes (Paris, Tours, Poitiers, Bordeaux), instable et lente ailleurs. Mais il faut tenir compte du fait que le train se déplace lentement en agglomération et rapidement ailleurs, ce qui a tendance à perturber les signaux. Enfin, il ne faut pas s’imaginer qu’une fois le PC posé dans une zone bien couverte la connexion soit parfaite, au contraire. Les pertes de paquets sont fréquentes, parfois même pendant une bonne dizaine de secondes d’affilée, et les temps de réponse, comme le montrent les mesures ci-dessusse comptent en centaines de millisecondes, ce qui rend les connexions d’autant moins réactives.
Voilà, après vous avoir dit tout le bien et le mal que je pensais de ce produit, je finirai par dire que globalement c’est quand même un moyen de connexion bien pratique et tout à fait convenable, pour peu qu’on ait au moins une bonne couverture en 2,5G. Reste un élément que je n’ai absolument pas évoqué dans toute cette note, et qui est pourtant fondamental : le prix. Et la raison de cette négligence est simple : je ne sais pas du tout ce que ça coûte dans la vraie vie, dans la mesure où les opérateurs comme Orange n’hésitent pas à offrir gracieusement des périodes d’essai à de grandes entreprises, dans l’espoir d’y gagner des marchés futurs. J’en laisse seuls juges ceux de mes lecteurs qui s’intéresseront à cette solution.
Sur ce, je ne vais pas tarder à rendre l’antenne. Car oui, en plus de ne pas connaître le prix de notre offre de test, personne n’a pu me dire quelle est la limite en temps et/ou en quantité de données maximale qui y sont associées…