Merdiciels : il fallait oser, Sony l’a fait
dimanche 23 mars 2008Encore une note qui commence par un flash-back, afin d’aborder une news dans la même veine que celle d’hier. Cette fois-ci je vous invite à vous replonger dans le monde tel qu’il était en janvier 2007, lorsque le magazine en ligne Ars Technica avait profité du CES pour sonder Dell sur sa tendance à remplir ses ordinateurs de logiciels inutiles et/ou en version démo quasi-impossibles à désinstaller, ce que les initiés appellent crapware ou encore merdiciels. Sur un ton à moitié sérieux, le représentant du fabricant avait avancé l’idée de faire payer aux clients la somme de 60$ pour leur épargner un tel fléau sur leur machine toute neuve.
L’anecdote n’avait pas fait beaucoup jaser car rien de concret n’en avait découlé, jusqu’à cette semaine où un constructeur a osé franchir la ligne jaune : Sony. Vendredi dernier, PC World titrait innocemment sur une nouvelle idée du géant de l’électronique. “Fresh start”, puisque c’est son nom, était alors une option payante disponible pour certains portables de la gamme Vaio et qui garantissait une machine vierge de tout logiciel superflu, comme l’indique le savoureux tas de jolies périphrases ci-dessous (ctrl-molette pour les utlisateurs de Mac, JMMPP pour les autres) :
Pas de chance pour Sony, la nouvelle a généré un buzz immédiat et gigantesque, incarné par le titre “Sony hates you” de Engadget. En quelques heures, les sites sociaux et blogs de geeks sont envahis de protestations véhémentes pointant du doigt l’aveu de culpabilité des constructeurs concernant l’installation des merdiciels et revendiquant leur disparition, mais gratuite s’il-vous-plaît-merci-bande-d’escrocs.
Le tsunami est tel qu’à peine quelques heures plus tard, l’option “Fresh start” est retirée du catalogue. Un porte-parole de Sony explique alors que cette fonctionnalité sera maintenant gratuite. Oui mais en y regardant de plus près, on constate qu’elle est réservée à une certaine gamme d’ordinateurs et aux clients ayant payé pour la version Business de Windows Vista… laquelle représente tout de même un surcoût de 100 dollars. Chacun se fera sa propre idée quant à la “gratuité” de la chose.
Cette histoire illustre parfaitement le fait que les crapware sont un sujet à évoquer avec beaucoup de précautions. En effet, il sont l’objet d’un double tirement de couverture entre les éditeurs qui sponsorisent leur installation d’office et les clients passablement énervés qui aimeraient bien s’en débarasser. Faire payer pour leur retrait donne immédiatement à l’acheteur l’impression d’être considéré comme un le dindon de la farce, un pion au milieu d’une entente commerciale douteuse.
Dommage pour Sony, le consommateur est suffisamment ingrat pour ne pas apprécier et risquer de faire ses achats ailleurs. Le client est décidément un roi bien chiant, hein Ken ?