Archive pour la catégorie ‘Miscellanées’

Creative Zen Stone

jeudi 3 mai 2007

Creative est une marque (assez) connue d’équipements audio, et, notamment ces dernières années, de baladeurs numériques. Aujourd’hui, ils annoncent le lancement d’un nouveau rejeton de la série “Zen”, le “Stone”. Il sortira à la fin du mois et ressemblera à ceci :

Creative Zen Stone

Sans vouloir être mauvaise langue, il me vient deux petites remarques, comme ça, en passant.

Premièrement, si mes souvenirs sont bons, c’était bel et bien Creative qui avait en premier raillé l’iPod Shuffle d’Apple, à l’époque de sa sortie en janvier 2005. L’argument se résumait à peu près à “un baladeur sans écran, ça ne marchera jamais”. Sauf qu’un an plus tard, le bidule sans écran avait déjà conquis 58% des parts de marché des baladeurs à mémoire flash.

Deuxièmement, je me demande quel effet ça leur fait, chez Creative, d’être obligé de concurrencer Apple en lançant une gamme sans écran, précisément celle pour laquelle ils ne pourront pas que difficilement obtenir de royalties liées à l’interface utilisateur ;)

PS3 : lancée hier… ah bon ?

vendredi 23 mars 2007

Hey, pour ceux qui chercheraient à acheter une PlayStation 3, j’ai un super-tuyau… Il leur suffit d’aller dans un magasin de jeux vidéo !

Car oui, la PS3 a bel et bien connu cette nuit, en France, le plus minable lancement pour une console depuis des années, sinon le pire de toute l’histoire du jeu vidéo. Deux événements avaient lieu en simultané à minuit sur Paris : un à la Fnac des Champs-Elysées, et un sur une péniche spécialement louée par Sony à hauteur du quai Branly.

Bilan : sur plus de 1000 consoles disponibles, à peine une cinquantaine de vendues. Les journalistes étaient presque aussi nombreux que les acheteurs, et tout a été remballé au bout d’un quart d’heure, dans la hâte et la honte, considérant la façon dont la soirée était censée se passer. L’affront suprême a sans doute été le moment où une autre péniche, celle-ci aux couleurs de Microsoft et de sa Xbox 360, est passée au même endroit.

Et apparemment, ce n’était guère mieux dans les autres pays d’Europe. En Angleterre, par exemple. Certains sites auront beau avancer que les réservations de consoles, qui ont bien fonctionné, expliquent peut-être cela, il reste que ce lancement a été un échec rententissant, un non-événement total. Après tout, à la sortie de la Wii le 8 décembre dernier, et malgré les réservations, les clients faisaient déjà la queue à 16h et, vers minuit, les files d’attente du Virgin et de la Fnac des Champs Elysées se rejoignaient…

Qu’a-t-il bien pu se passer pour cette PS3, que beaucoup de gens attendaient comme le messie ? Est-ce le prix de la console qui a dégoûté tant de gens ? Les retards successifs de la sortie ont-ils fini par lasser même les plus patients ? L’événement n’a-t-il pas été bien préparé ? Ou alors les clients potentiels se sont-ils rappelés les conditions calamiteuses dans lesquelles s’était déroulé le lancement de la PS2 il y a cinq ans ? Sans doute un peu de tout cela en même temps.

Petit aparté pour ceux qui n’en auraient pas eu connaissance à l’époque : la PlayStation fut lancée le 24 novembre 2000 à minuit. Le principal événement organisé pour l’occasion se passa au Virgin des Champs Elysées mais se révéla être une apocalypse due à une organisation ayant tout fait pour attiser l’impatience tout en n’offrant – sciemment – qu’une console pour 20 personnes présentes environ. Résultat : bousculades, bagarres et saccages des rayons. Je cite ici un article rédigé à l’époque par OverGame (introuvable en ligne aujourd’hui, uploadé ici) :

00h00
L’hystérie et les cris sont à leur maximum quand le dôme se soulève. Une énorme maquette de Playstation 2 en position verticale surplombe deux étals de jeux et surtout deux de boîtes bleues contenant le fameux trésor. Visiblement désemparés par le peu de consoles présentes, les premiers rangs exercent alors une pression irrésistible et inévitable. Le barrage du service d’ordre, formé en cercle autour de la marchandise ne peut plus résister. Tout se déroule alors très vite. En moins de deux secondes, la ruée est immédiate et sauvage. Les employés du Virgin sont impitoyablement balayés, éparpillés parmi la foule obsédée par un but capital à cet instant précis : attraper coûte que coûte une console. La bousculade est violente, les premières personnes servies sont obligées de se réfugier sur le socle de l’étalage, autour de la PS2 géante. Toute sortie paraît alors impossible, car le risque de se prendre des coups et se faire arracher la console est réellement présent. Malgré les tentatives quasi désespérées du speaker, appelant au calme, les boites de jeux commencent à voler dans tous les sens. Certains agents de sécurité essayent tant bien que mal de protéger les plus faibles de cette mêlée violente, mais la loi du plus fort l’emporte sur toute forme de civilité. Un deuxième point de vente au premier étage, plus petit, est également pris d’assaut par des clients prêts à se battre pour être parmi les premiers à s’essayer aux “soi-disantes” nouvelles sensations ludiques.

00h10
Les possesseurs de console, en sueur, rejoignent au fur à mesure les caisses, bien heureux d’avoir échappés indemnes à la cohue, et plutôt fiers de leur(s) coup(s). Une fois, toutes les consoles écoulées, le service d’ordre parvient à reprendre le dessus et à reformer le cercle de sécurité. Le vide ainsi laissé nous permet de contempler des piles de jeux dévastés et éparpillés partout sur le sol. Ce n’était pas qu’une impression, le chaos a bien eu lieu. Pendant ce temps, les acheteurs qui avait réservé leur console, et qui n’ont pas eu à participer à cette guérilla, allaient retirer leur PS2, effarés par ce spectacle, inélégamment offert aux yeux de tous. Pourquoi les autres ne l’ont-ils pas réservés, s’ils tenaient tellement à l’acquérir ?

00h30
Le calme est revenu dans l’enceinte du Virgin Megastore. Les acheteurs quittent le magasin, entourés jusqu’à la sortie par les agents de sécurité. Au dehors, la police est également là pour prévenir d’éventuelles agressions. Et ces précautions ne semblent pas superflues, tant le nombre de déçus, repartant les mains vides est important. Le speaker promet d’autres consoles le lendemain matin, mais l’écoeurement l’emporte sur tout le reste. La morale qu’ils retiendront ce soir est que pour avoir la chance de dépenser 2990 F et aller s’amuser chez soi dans la foulée, il fallait être bagarreurs, voleurs ou très chanceux. Finalement, le prix à payer pour posséder une Playstation 2 ce soir-là s’est révélé être encore plus élevé que prévu.

On ne peut qu’être étonné d’une différence aussi radicale avec l’événement d’hier, non ? D’aucuns y voient déjà la confirmation que l’outrageuse domination de Sony est terminée. Les chiffres de ventes des consoles mettent en effet Sony bon dernier sur les deux marchés “new gen” et portables (respectivement 3ème et 2ème)…

Préférant ne pas être autant alarmiste pour Sony, je suis tenté d’y voir plutôt une sorte de retour à la raison. Sony avait triomphé avec sa PlayStation première du nom après que Nintendo avait littéralement écrasé toute concurrence et engrangé un trésor de guerre considérable pendant plus de 10 ans. Aujourd’hui, beaucoup de gens se sont rendus compte que la suprématie de Sony a eu pour conséquence une uniformisation des jeux et une tendance certaine à traire la vache à lait au moyens de suites de séries à succès.

Les mois à venir vont être très intéressants à suivre : la guerre des nouvelles consoles aura bel et bien lieu et tous vont devoir se remuer vu que les favoris semblent défavorisés et que l’apparent leader a pris l’audacieux – mais difficile – chemin de l’innovation permanente.

C’est dit ! (citations)

dimanche 25 février 2007


Dans cete page, je me propose de recenser des citations parmi mes préférées, tout en explicant ce qui me touche en elles. Bien sûr, il s’agit d’un billet qui sera mis à jour régulièrement. Il se veut également ouvert, donc n’hésitez pas à en proposer d’autres qui présenteraient un intérêt lié à ce blog !


When the tightly sealed doors of the heart are touched by the sadness and pain of man, they do sometimes creak and moan in protestation.

    (Valkyrie Profile)

Sans aucun doute ma citation anglophone préférée. En français, ça donnerait “Lorsque la douleur humaine touche les portes scellées du coeur, il arrive parfois qu’elles craquent et gémissent en signe de protestation.” Un message poétique magnifique tant dans le fond (certes flou) que dans la forme (quoique ma traduction ne parvienne pas vraiment à lui rendre cet hommage).


Some people believe being constantly reincarnated means everlasting suffering. Being alive is suffering for some creatures. You will find out what I mean.

    (Deathtoll – Soul Blazer)

Soul Blazer est un jeu sur Super NES où Dieu décide d’envoyer son apprenti sauver un royaume qui a été dévasté suite à l’invasion de celui-ci par un démon après que ce dernier ait passé un pacte avec le Roi qui cherchait à s’enrichir. Cette sentence, que le démon Deathtoll vous dira juste avant d’engager le combat final, est la seule chose qu’on le voit dire de tout le jeu… j’adore !


Every War Sim has a “Fog of War” that obscures the map in darkness until units scout the landscape. Well, I want a hazy, brown “Fog of Bullshit” layer below that. I want it to make a village of farmers look like a secret armed militia, I want it to show me a massive enemy fortress where there is actually an Aspirin factory. I want to never know for sure which it was, even after the game is over.

    (David Wong – http://www.pointlesswasteoftime.com)

L’article qui contenait cette citation est une sorte de cahier de doléances en faveur d’un renouveau des jeux vidéo. Le clin d’oeil à la guerre en Irak est évident, et particulièrement savoureux.


People willing to trade their freedom for temporary security deserve neither and will lose both.

    (Benjamin Franklin – An Historical Review of the Constitution and Government of Pennsylvania)

On ne saurait que trop recommander de méditer cet avertissement, qui date de près d’un siècle et demi… La liberté et la sécurité à court terme sont deux notions qui ne sont pas vraiment compatibles. La liberté est une notion qui doit être envisagée à long terme, et elle requiert la confiance mutuelle, alors que la sécurité immédiate est basée sur la suspicion constante entre les individus. Pensez-y en 2007 !


Lawyers are like nuclear weapons. They have theirs, so I have mine, but as soon as you use them they fuck up everything.

    (Danny DeVito – Other People’s Money)

Comme quoi, la meilleure défense n’est pas d’attaquer avec la même arme que l’ennemi… ;)


Build a man a fire and he’ll be warm for a few hours. Set him on fire and he’ll be warm for the rest of his life.

    (MightyMartian – Slashdot.org)

De l’art de désacraliser les proverbes par la caricature…


Au commencement fut créé l’Univers. La chose a considérablement irrité tout un tas de gens et bon nombre de personnes estiment même que ce fut une erreur.

    (Douglas Adams – Le Guide du Voyageur Galactique)

Ah, le non-sense à l’anglaise…

Windows se vend mal… à cause des pirates, bien sûr !

lundi 19 février 2007

Il y a quelques jours, Steve Ballmer, le frétillant VRP de Microsoft, nous annonçait qu’il ne fallait pas être TROP optimiste concernant les ventes de Windows Vista. Aujourd’hui, à mot couvert, il nous explique ce qui en selon lui est la cause : les pirates.

On se doutait bien que c’était trop demander à Microsoft de faire un tant soit peu d’auto-critique, mais ça ne semblait pas si mal parti : Ballmer avait bien admis que les ventes de Vista seraient très liées à celle de nouveaux ordinateurs. Mais Quid du manque de pilotes livrés avec le système ? Des pilotes de carte graphiques (nVidia comme ATI) lents et plantogènes ? Des applications incompatibles ? Du manque d’améliorations sensibles pour l’utilisateur au vu du prix à débourser ? Des exigences en terme de matériel pour que tout tourne correctement ? De ces retards inexplicables autrement que par pire incompétence de la part d’une grande entreprise comme Microsoft ? De cette protection anti-piratage tout aussi frustrante pour l’utilisateur légitime que pour le vilain téléchargeur ?

Bon, reconnaissons-le, c’est de bonne guerre : personne n’aime admettre ses égarements. Mais de là à rejeter la faute aux pirates alors que ce Windows est censé être beaucoup mieux protégé que les autres, c’est faire beaucoup d’éloges aux hackers tout en prenant les gens pour des imbéciles. Vista est certes une toute nouvelle machine en-dedans (ce qui est une bonne chose), mais il ne faut pas reprocher aux gens de ne pas acheter une nouvelle interface graphique à 300 euros plus les extensions matérielles et avec de nouveaux problèmes à gérer. Dans le monde réel, ça s’appelle de la prudence (méfiance ?), et c’est ce qui fait que l’utilisateur moyen n’est pas complètement un mouton.

De toute façon, Steve, ne t’inquiète pas : d’ici quelques semaines l’obligation pour les assembleurs de vendre leurs ordinateurs avec Vista va être active, et là tu vas à nouveau danser comme tu sais si bien le faire.

Blu-Ray et HD DVD (presque) crackés

mercredi 14 février 2007

Le DVD a pris son envol en mars 1997 aux Etats Unis et été cracké deux ans et demi plus tard, en octobre 1999, par Jon Lech Anderson et son programme DeCSS. Il semble bien que les disques de nouvelle génération, Blu-Ray et HD DVD, n’attendront pas aussi longtemps.

Aujourd’hui, quelques mois à peine après la sortie des premières galettes “HD”, un membre du forum du site Doom9 explique avoir mis au point une méthode pour récupérer une clé de décryptage dite “Media Key” (clé de disque) à partir d’une “Device Key” (clé de lecteur). Ceci ouvre encore un peu plus la porte du contournement des fichiers protégés par le format AACS.

Comme Arnezami l’explique lui-même, le procédé mis en place n’est pas bien sorcier : puisque la clé de décodage n’est pas stockée en mémoire au cours de la lecture d’un film, il a observé le dialogue entre l’ordinateur et le lecteur externe, grâce à un sniffeur de port USB. Ayant entre-temps obtenu la clé de son lecteur par d’autres moyens, il a pu repérer le moment où cette clé était échangée et en déduire les autres. Cerise sur le gâteau, le procédé, ne se basant que sur l’observation de données qui transitent, pourrait ne pas être attaquable en justice, même par le DMCA :

Nothing was hacked, cracked or even reverse engineered btw: I only had to watch the “show” in my own memory. No debugger was used, no binaries changed.

Alors, les Blu-Ray et les HD DVD sont-ils entièrement crackés ? Pas vraiment, comme le souligne Ars Technica. En effet, il faut toujours arriver à obtenir les Device Key, ce qui n’est pas facile. Et les créateurs du AACS, anticipant la fuite de ces clés, ont implémenté un moyen de révoquer ces clés, empêchant les disques sortis par la suite d’être lus sur les lecteurs incriminés.

Le procédé est donc précaire, mais il fonctionne. Le plus étonnant reste que malgré des moyens de plus en plus gigantesques pour les mettre au point, les techniques de protection sont cassées de plus en plus vite et avec des astuces tenant plus de la bidouille que de la véritable entreprise de cassage. Un peu comme si, paradoxalement, plus un système de protection est complexe, plus il devient simple à contourner… L’article de Boing Boing, un des premiers à relater l’affaire, y va d’ailleurs de son grain de sel :

AACS took years to develop, and it has been broken in weeks. The developers spent billions, the hackers spent pennies.

Une méthode avait déjà été publiée sur le même forum, par d’autres membres du même forum Doom9, jokin and Muslix64. Elle ne permettait que d’obtenir la clé finale résultant de la fusion des clés de disque et de lecteur, ce qui la rendait difficilement exploitable. C’était il y a trois semaines seulement… Plus que jamais, la protection du AACS semble en sursis, et avec elle la vision du tout-DRM que prônent encore la plupart des éditeurs.

Captain Copyright est mort

mardi 6 février 2007

Captain CopyrightCaptain Copyright est un super-héros qui n’aura pas volé bien longtemps au secours de la cause qu’il défendait, à savoir – comme son nom l’indique – l’éveil au respect des droits d’auteur. Pas plus de sept mois, pour être précis, et encore, sa mission s’était déjà révélée être un échec deux mois à peine après première incursion dans notre monde de pirates.

Créé par la Canadian Copyright Licensing Agency en début juin 2006, ce personnage avait pour but de prendre le relais des éducateurs dans la charge d’apprendre aux petits enfants ce que sont ces fameux “copyrights” et pourquoi il faut absolument les respecter quand on veut être un bon citoyen. Au programme dans la besace du héros : des cours, des jeux éducatifs, des stickers rigolos… tout cela afin d’inculquer qu’un film ou une musique, ça ne se copie pas. Oh, quelques rares exceptions étaient mentionnées, notamment concernant l’éducation (encore heureux !), mais point de “fair dealing”, version locale du “fair use” pourtant en vigueur dans le pays.

L’idée pouvait sembler bonne, ou du moins efficace, mais dès le mois d’août, le brave Capitaine était mis au chômage : trop de parents émettaient des doutes sur l’impartialité des informations contenues dans ce site web mis en place par un syndicats d’éditeurs privés. De plus, les sermons du héros se sont révélés être plutôt indigestes, car contenant étonnament beaucoup de jargon du genre “Copyright Act”, “Collective licence” ou “Reproduction Rights Organization”. Enfin, Captain Copyright était probablement un peu trop “intègre” : pour la petite histoire, il voulait absolument savoir qui parlait de lui en réclamant dans son contrat que tout lien vers son site devait être précédé d’une demande d’autorisation…

Aujourd’hui, voici ce que le site (que je ne vous linkerai donc pas, non mais sans blague), privé de tout contenu, explique :

Despite the significant progress we made on addressing the concerns raised about the original Captain Copyright initiative, as well as the positive feedback and requests for literally hundreds of lesson kits from teachers and librarians, we have come to the conclusion that the current climate around copyright issues will not allow a project like this one to be successful. It is difficult for organizations to reach agreement on copyright issues at this time and we know that, in the face of continuing opposition, the materials will not be used in the classroom. Under these circumstances there is no point in our continuing to work on this project.

En gros : incapacité totale d’arriver à quoi que ce soit qui satisfasse les éditeurs et le public. En essayant d’intégrer un peu mieux les arguments des consommateurs, Captain Copyrights a semble-t-il déclenché l’ire de ses investisseurs et employeurs, qui ont dès lors décidé de faire jouer la kryptonite.

Bref, encore une histoire qui illustre le problème de nos pays développés : que ce soit les détenteurs de droits ou les consommateurs, les visions divergent encore trop radicalement pour pouvoir mettre en place un contenu raisonnablement consensuel. Les droits d’auteur sont un domaine où la mauvaise foi règne en maître et que la bonne volonté semble avoir déserté. Et au vu de l’actualité de ces dernières semaines, ce n’est pas encore prêt de changer.

Boot Camp : passe à la caisse, gros bêta !

lundi 22 janvier 2007

Apple est une entreprise que toute personne normalement constituée aime à critiquer : ses détracteurs, bien sûr, mais également les gens neutres et même ses partisans (à l’exception des idolâtres, évidemment). Et c’est très logique ; après tout, Apple vit en grande partie de l’affectif que ses produits engendre. Clients séduits mais insatisfaits, fans avides de rumeurs déçus par les annonces, anti-mac jaloux de l’enthousiasme et du succès rencontrés par les produits frappés de la pomme… Chacun a ses raisons, souvent reposant sur une certaine logique, et donc compréhensibles.

Cela dit, parfois certaines polémiques ne reposent QUE sur l’affectif et sur rien de logique. C’est le cas des réactions engendrées par une rumeur lancée par MacScoop ce matin : la version finale de Boot Camp ne sera pas gratuite alors que la version bêta, en circulation depuis plus de 6 mois, l’est. Pour rappel, Boot Camp est un utilitaire permettant aux Mac équipés d’un processeur Intel de démarrer sous Windows comme n’importe quel autre PC. Très simple d’utilisation et de bonne qualité malgré son statut de bêta (ce qui signifie en substance : “ne l’utilisez qu’à vos risques et périls, Apple décline toute responsabilité en cas de… blablabla”), ce logiciel a été accueilli avec grand intérêt et a fait ses preuves.

Le problème est donc le suivant : la version finale de ce fameux Boot Camp sera peut-être payante (a priori une trentaine de dollars). Et voilà toute une ribambelle d’internautes qui hurle au scandale, à l’arnaque, au boycott, que sais-je encore… Voici un petit échantillon assez représentatif de ce qui pullule désormais sur les forums :

Apple continue avec sa politique de suceur de fric, toujours plus dans ses poches et celles de ses actionnaires ! Une secte n’agirait pas autrement. Pathétique.

Passons tout d’abord rapidement sur le fait qu’il n’y a pas eu pour l’instant d’annonce officielle, seulement une rumeur. Précisons également qu’Apple n’a jamais dit que Boot Camp serait un logiciel gratuit, mais seulement qu’il serait intégré à la future révision majeure de sons système d’exploitation, la version 10.5 nommée “Leopard” et attendue pour mi-2007.

Je pose la question : sérieusement, les gens ont-ils compris ce qu’est une version bêta ? Il s’agit d’une version non-achevée, dont les caractéristiques ont été figées mais dont on corrige encore les bugs que les testeurs volontaires traquent. Il en va ainsi pour une très grande partie des logiciels mis sur le marché, y compris parmi les plus grands. Prenez Vista, le nouveau Windows qui sort dans une semaine, par exemple : plusieurs mois maintenant que la bêta publique est disponible en libre téléchargement. Attend-on pour autant de la part de Microsoft de rendre Windows gratuit ?

Certains parmi les utilisateurs du logiciels fulminent le fait qu’ils ont “gratuitement travaillé pour Apple” en testant le logiciel. Ah bon ? Ils l’utilisent peut-être en effet depuis longtemps, mais font-ils du réel bêta-test ? Cherchent-ils réellement à explorer toutes les facettes du programme pour en traquer le plus de bugs possible ? Tiennent-ils un journal précis de leurs manipulations et des résultats obtenus ? Ou alors l’ont-ils tout simplement installé sur leur Mac afin de profiter gratuitement du confort permis par ce logiciel ? Hmm…

Et que penser de ceux qui râlent parce que Boot Camp sera offert Mac OS X 10.5 ? Cette mise à jour coûtera, si on en croit les précédentes, la somme de 129 dollars… où est donc cette fameuse “gratuité” ? D’autre part, quand Apple vend des logiciels comme les suites iLife ou iWork séparément alors qu’elle est livrée “gratuitement” avec certains de ses ordinateurs, doit-on crier au scandale ?

Comme d’habitude, la mauvaise foi est un plat qui se mange à plusieurs. Si cette nouvelle se confirme, l’histoire se résumera à ceci : Apple lance le logiciel Boot Camp, logiciel payant qui a bénéficié d’une opération de bêta publique. Point final. L’affectif n’a, pour une fois, rien à faire ici. Et la communauté Mac, qui passe souvent pour une bande de zélotes, risque maintenant se voir taxée de pingrerie.

Messieurs les pseudo-testeurs, quand viendra la grande finale, si vous voulez continuer à bénéficier des bienfaits de Boot Camp, payez-le… ou continuez à la “tester” en version bêta.

Crapware : le nouveau poil à gratter de Microsoft

vendredi 12 janvier 2007

En ce début de nouvelle année, une bonne résolution que pourraient prendre les vendeurs de PC (outre les trop classiques “plus de qualité”, “moins cher”, le tout avec les fesses de la crémière) serait d’enfin livrer des machines épurées en “crapware”, que certains francophones ont traduit en “merdiciels”, et qui désigne des logiciels de qualité, hum… très moyenne.

Tous ceux qui ont acheté un PC chez Dell, Packard Bell ou HP savent bien de quoi il s’agit. Parfois vaguement utiles, généralement pas, ces logiciels se distinguent aussi par le fait qu’ils s’attribuent presque toujours l’ouverture de fichiers très courants comme par exemple les images. Sans oublier qu’ils sont souvent difficiles à désinstaller par les moyens habituels.

Pourquoi les laisser prendre en charge par un simple visualiseur ? Faisons-les ouvrir par une suite d’édition ! Bon d’accord, ça prend 10 fois plus de temps à se lancer à chaque double-clic, mais ça incitera les gens à être créatifs !

Mais si on en reparle ces temps-ci, ce n’est pas seulement pour la nouvelle année en elle-même, c’est surtout parce que Vista, le Windows nouveau, arrive bientôt. Et chez Microsoft, on s’inquiète : beaucoup de ces crapware, dont la qualité laisse à désirer, risquent fort d’être incompatibles avec le flambant neuf Windows et ses 68 millions de lignes de code. Bah oui, même si elles ont été écrites dans la plus pure tradition de qualité propre à Microsoft (huhu), elles sont sensibles ces petites bébêtes. Et si les merdiciels du client ne marchent pas, qui ce dernier va-t-il contacter ? Le fabricant ou Microsoft ?

Craintes que réfutent bien évidemment pas les assembleurs de PC. C’est que le crapware, ça rapporte gros : les éditeurs de logiciels sont prêts à payer cher pour chaque PC vendu avec leur logiciel et ainsi profiter de l’effet de levier au moment de vendre des mises à jour… ou de vendre la licence une fois la démo expirée, procédé que Microsoft utilise lui-même avec Office 2003, au passage.

De toute façons, fabricants comme développeurs sont tranquilles. Microsoft le reconnait lui-même : “nous ne pouvons rien faire pour empêcher cela, car ce serait illégal.” Et le meilleur exemple qu’ils pourraient donner est probablement le leur : attacher Internet Explorer à Windows – et donc en forcer l’installation sur chaque PC -, en plus d’avoir été diablement efficace, a été blanchi par la justice. Eh oui, un nouveau cas de l’enc… pardon de l’arroseur arrosé.

Forts du point de vue de Microsoft sur la question, des reporters d’Ars Technica sont allés poser la question au cours d’une table ronde organisée par le constructeur Dell, à l’occasion du CES. Et comment a réagi le représentant de Dell ? En demandant aux personnes présentes la question combien ils seraient prêts à payer pour un PC sans crapware !

On aurait pu croire à une question réthorique, mais lorsqu’un des participants a proposé 60 dollars (45 euros), le monsieur Dell aurait répondu “vendu !”. Les autres propositions ont été repoussées, y compris une de 10 dollars. Conclusion : le bénéfice obtenu par Dell pour chaque machine doit avoisiner les 40 dollars.

45 euros… une jolie somme pour pouvoir disposer d’un ordinateur avec moins de choses néfastes dedans. Ca me fait penser aux yaourts “sans sucres ajoutés”, toujours plus chers que les autres. Encore un bel exemple de valeur ajoutée à partir de rien.

Le joli coup de pub gratuit de Linksys

mercredi 20 décembre 2006

iPhone de LinksysDepuis le temps que les rumeurs l’annonçaient, enfin l’iPhone est sorti. Sauf que ce n’est pas un produit Apple, mais un produit Linksys, filiale low-cost de Cisco !

Apple s’est fait, depuis presque 10 ans maintenant, une spécialité de sortir des produits dont le nom est composé d’un “i” accolé à un terme évoquant une fonction : iMac, iPod, iTunes, iMovie, iDVD, iSync, iCal… La rumeur d’un téléphone mobile signé Apple, véritable monstre du Loch-Ness de l’informatique grand-public, était donc fort logiquement affublée de l’hypothétique nom “iPhone”.

Ces dernières semaines, les rumeurs se sont emballées plus qu’à l’accoutumée : les analystes étaient unanimes sur le fait que ce soit le bon moment (notamment grâce à l’effet iPod), le constructeur de l’iPod a apparemment remporté un gros contrat pour produire des téléphones, Apple possède le site iphone.org ainsi que le terme “iPhone” dans plusieurs pays autre que les US… tout concordait en vue d’une annonce très proche, que certains n’hésitaient pas à annoncer pour hier (Apple aime lancer ses annonces les mardis).

Patatras, l’iPhone sort, mais pas de là où on l’attendait. Les sites de rumeurs essuient un joli revers, tant leurs prédictions étaient unanimes. Certains ont choisi de ne même pas faire état de la nouvelle, tandis que d’autres le prennent avec humour. Crazy Apple Rumors publie un communiqué pas piqué des hannetons, à prendre au second degré de toute évidence, dans lequel le rumoriste annonce une plainte pour la perte de crédit occasionnée, et en réclamant à ce titre 1,4 milliards de dollars de dommages. D’autres encore se contentent de rappeler que cette histoire ne remet pas en cause le fait qu’Apple travaille sur un téléphone, et qu’une annonce est toujours possible pour début janvier, lors de la grand-messe d’Apple, le Macworld de San Francisco.

En tous les cas, c’est un joli coup médiatique organisé par Linksys. Il ne fait aucun doute que la société, détenteur du nom “iPhone” a choisi ce nom et cette date de lancement de façon à profiter un maximum du buzz généré par les sites de rumeurs. Maintenant, cela suffira-t-il à garantir le succès d’un téléphone IP vraisemblablement assez banal ? Si Apple continue de toiser le marché sans s’y lancer, c’est bien parce que celui-ci est déjà à la limite de la saturation et que pour obtenir un vrai succès, il va falloir faire très fort : à la fois à la pointe de la technologie, tout en se démarquant et en étant “cool”…

Surprise : les zune rose devant, marron derrière !

mardi 5 décembre 2006

Il y a des fois où on se demande pourquoi les responsables du marketing n’utilisent pas des procédés un peu nouveaux… mais certaines fois, on se demande bien ce qui leur passe par la tête, tout de même.

Prenez l’exemple de Microsoft, avec son baladeur “Zune”. Apparemment, Microsoft a décidé de tout faire pour faire parler de son joujou, quitte à s’attirer les foudres des consommateurs plutôt que ses faveurs.

Petite scène-fiction basée sur ce qu’a pondu les séances de brainstorming chez MicroMou…

(une cliente entre chez un vendeur de gadgets électroniques)
– Bonjour monsieur ! Vous vous souvenez de moi ? J’avais acheté chez vous un Zune pour offrir à mon mari à Noël.
(lui, tout souriant :) Bien sûr madame ! Que puis-je pour vous aujourd’hui ?
– Eh bien regardez…
– Vous nous le ramenez ?
– Oui.
– Puis-je vous demander pourquoi ? Il ne fonctionne pas ?
– Ouvrez la boîte et voyez vous-même…
(le vendeur ouvre la boîte et sort l’appareil de son emballage)
– Oh ! Bravo madame !
– Plait-il ?
– Eh bien, vous avez gagné !
– Gagné ??
– Oui, c’est un des rares Zune en édition super-limitée-collector ! D’après les rumeurs, il n’y en aurait que 100 !
– Euh, d’accord, mais qu’est-ce que j’ai gagné alors ?
– Eh bien ce Zune lui-même. Il est 1% unique au monde, vous vous rendez compte ?
– Mais qu’a-t-il de particulier, en dehors de sa couleur ? Il a plus de mémoire ? Il inclut des bons pour de la musique gratuite ?
– Non, juste sa couleur.
– UNIQUEMENT sa couleur ? J’ai bien entendu ?
– Oui madame.
– Donc si je vous comprend bien : je vous achète un Zune marron, dans la boîte je trouve un Zune ROSE, et c’est normal ?
– Oui, c’est une promotion lancée par Microsoft.
– Mais attendez, vous vous rendez compte que j’ai offert ça à mon mari, qui est plutôt du genre macho, et qu’il a déballé ça devant ses enfants, ses parents et ses beaux-parents ? Avez-vous la moindre idée de ce pour quoi il est passé avec ça ?
– Euh… non, mais…
– Et moi alors, vous croyez vraiment que je vais pouvoir lui sortir une excuse aussi peu crédible pour qu’il arrête de me fusiller du regarde depuis lors ?
-…
– Ecoutez, je me fiche que ce soit une opération marketing, une erreur de logistique, un attentat terroriste ou je ne sais quoi. Mais j’ai demandé un Zune marron, et vous allez me donner un Zune marron !
– Impossible, madame, cette opération vient directement de chez Microsoft, nous ne faisons que vendre les boîtes qu’ils nous fournissent. Et les conditions de reprise n’incluent que les appareils hors-service au moment du déballage !
– Mais qu’est-ce que je fais, moi alors ?
– Vous pourriez essayer d’appeler directement chez Microsoft, mais je doute qu’ils prennent en compte votre demande…
– Oh mais ils ont intérêt ! Je suis avocate et s’ils refusent de me donner, je leur ferai un procès pour description mensongère de produit commercial !
– Vous devriez vérifier sur le bas de la boîte, ici : une inscription – certes en petits caractères – indique qu’en réalité l’image n’est pas contractuelle et que le produit à l’intérieur peut avoir une teinte différente…

Zune... rose...

Voilà. Un grand bravo aux équipes commerciales de Microsoft ! Et n’oubliez pas, si vous trouvez ceci dans votre boîte de Zune, vous DEVEZ être heureux, parce que vous avez de la CHANCE et que vous avez GAGNE !