Archive pour la catégorie ‘Grunt’

Pays-Bas : tous fichés

dimanche 18 septembre 2005

L’Associated Press nous révèle que le gouvernement hollandais projette de créer une base de données électronique sur l’ensemble de sa population à partir de 2007. Dès lors, chaque individu se verra, du berceau à la tombe, associer une fiche contenant des données relatives à la santé, la famille, l’éducation, et bien sûr le casier judiciaire.

Jan Brouwer, ministre de la santé, annonce que personne n’aura accès à tout le fichier en même temps, et que les institutions ne pourront prendre connaissance que “drapeaux rouges” concernant leur domaine d’activité. Mais on se doute bien que le but est de croiser ces informations. Le ministre ne s’en cache d’ailleurs pas : le but est qu’au bout d’un certain nombre de signaux d’alarme tirés, des organisations prennent des décisions. “Pour protéger les gens”, bien entendu.

Connaissez-vous le meilleur moyen de faire cuire une grenouille ? Ce n’est pas de la plonger tout de suite dans l’eau bouillante, non, car elle s’enfuira d’un bond. Il s’agit au contraire de la plonger dans l’eau tiède, agréable, puis d’augementer la température progressivement, pour qu’elle ne se sente pas brusquement incommodée et qu’à la fin, la chaleur la fatigue assez pour l’empêcher de sauter… Je pense que cela illustre parfaitement la façon dont “on” fera en sorte de nous imposer, à moyen terme, ces systèmes de flicage intimicides qui nous paraissent encore iniques et irréalisables aujourd’hui. Progressivement, sans faire de vagues… jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Multi-boum préemptif

mardi 13 septembre 2005

En 2002, le secrétaire à la défense américaine (Donald Rumsfeld pour ceux qui ne le sauraient toujours pas) avait annoncé une modification dans la procédure d’utilisation des armes nucléaires. Connaissant les positions du bonhomme et de son copain de président, beaucoup de spécialistes de la question s’étaient inquiétés de voir apparaître une clause de “préemptivité nucléaire”, c’est à dire la possibilité d’attaquer en premier, préventievement, avec une bombe atomique.

Eh bien aujourd’hui, en septembre 2005, c’est presque fait. Le plus puissant pays du monde (sauf en matière de secours humanitaire) en aura bientôt fini avec l’époque du “si tu m’envoies une bombinette, alors moi aussi, na.” Place au plus radical “si tu fais mine de vouloir m’embêter avec une (éventuelle) arme de destruction (éventuellement) massive, alors je t’envoie mes missiles !”

Mais ce n’est pas tout : en effet, la proposition de texte que ce cher Donald va bientôt devoir signer présente, entre autre réformes, la clause tant redoutée : la bombe nucléaire fera partie de l’arsenal utilisable en cas de présomption d’attaque imminente mais aussi en cas d’ “intention d’utiliser une arme de destruction massive”. Tant qu’à faire, introduisons le “si tu te bricoles une arme, je te la fais exploser dans la main et t’offre un surplus de radiation en bonus.”

Même si les responsables du papier prétendent qu’une telle disposition est nécessaire pour rendre véritablement efficace la dissuasion, est-il besoin de rappeler la façon honteuse dont a été brandie le spectre des ADM pour lancer la guerre en Irak pour comprendre la signification alarmante de cette nouvelle ?

Yahoo, vive la balance !

mercredi 7 septembre 2005

Le 30 avril dernier, un journaliste chinois de 37 ans, Shi Tao, a été condamné à 10 ans de prison. Il lui est reproché d’avoir envoyé à des journalistes étrangers une copie d’un mail interne du gouvernement chinois afin de montrer de son agitation face à un risque de déstabilisation sociale à l’occasion des commémorations pour les 15 ans de la révolte de Tienanmen.

Déjà inquiétant en lui-même mais hélas habituel dans ce pays, cet événement en cache un autre : Yahoo, entreprise américaine, a aidé le gouvernement chinois en lui fournissant les informations techniques destinées à son arrestation.

C’est Reporters Sans Frontière qui vient de révéler l’affaire, et tire ainsi le signal d’alarme devant l’augmentation des tendances “collabo” des grandes entreprises américaines (Yahoo, Microsoft, Google…). On connaissait déjà leur propension à appliquer les coutumes locales de la censure, au niveau des recherches, des sites, des blogs et des forums notamment, voilà maintenant qu’elles acceptent de dénoncer des journalistes qui font leur travail.

De la part de sociétés dont le pays d’origine prône la liberté d’expression comme premier amendement de sa constitution et entend infliger ses valeurs aux “pays voyous”, ça fait peur.

Censure autour des *biiip* de *biiip* à Londres

mercredi 17 août 2005

Comme l’ont sûrement déjà dit plusieurs personnes avant moi, ce qu’il y a de bien avec les jeux olympiques, c’est le sport, et ce qu’il y a de nul, c’est tout le reste. Et aujourd’hui, un des points essentiels du rest fait parler de lui : la publicité.

Sachez donc qu’en Angleterre, les représentants des marques ayant été sacrées “partenaires officiels” cherchent à interdire d’utilisation aux autres marques certains mots se rapportant au vocabulaire olympique. Tout produit ou slogan combinant des mots comme “olympic”, “games”, “2012” ou même “summer” (été). Il ne sera même plus possible à une agence de voyages de dire “visitez Londres en 2012” ou à une marque de cosmétiques de vous proposer de quoi bronzer même à Londres en été (“bronze” est également protégé).

L’idée sous-jascente est, bien sûr, d’empêcher toute société de bénéficier de l’ “effet JO” sans avoir préalablement payé sa dîme. Ou comment s’acheter un joli monopole sémantique en chouinant son droit à protéger ses intérêts.

C’est avec des raisonnements comme celui-là qu’on finira peut-être par emprisonner les vendeurs de Tours Eiffel miniatures à la sauvette ou empêcher l’entrée des séances de cinéma à ceux qui n’auront pas assisté aux publicités qui le précèdent.

Le criminel à la caméra

mardi 9 août 2005

Le 30 juin dernier, aux Etats-Unis, un petit malin qui avait filmé avec son caméscope la séance cinéma des films “Bewitched” (Ma sorcière bien-aimée) et “A Perfect Man” dans le but de les distribuer sur les réseaux P2P a eu la malchance de se faire pincer.

A présent qu’il existe une loi fédérale interdisant un tel acte, ce sinistre malfaiteur va pouvoir être jugé pour cet acte atroce que celui de léser les magnats du cinéma hollywoodien, ainsi que pour un bien étrange chef d’accusation de “conspiration”. Et on sait désormais aussi ce qu’il risque : 17 ans de prison !

Pour donner un ordre d’idées, c’est à peu près ce que risquent en principe les grands trafiquants et contrebandiers, certains meurtriers ainsi que les violeurs d’enfants, dans ce même pays où le piratage est devenu un crime. Fin 2002, la chef d’une organisation mondiale de vente de logiciels piratés avait écopé d’une peine de 9 ans de prison. Admirez l’escalade en moins de trois ans !

Comme pour se justifier, les autorités ont prétendu que le vilain pirate voulait vendre ces vidéos et non les distribuer gratuitement. Mais on ne peut que se poser des questions en se rendant compte qu’il est plutôt difficile de faire payer les gens par P2P et que les deux films piratés ont fait un flop retentissant au box-office.

Allez, c’est au tour des majors du disque maintenant… bientôt la peine capitale pour un CD copié sur son baladeur MP3 ?

Microsoft veut VRAIMENT être partout

mardi 12 juillet 2005

Le magazine en ligne CNet vient de publier la liste des 10 logiciels les plus populaires de ces 10 dernières années.

Je vais me permettre d’utiliser ce classement pour mettre en avant un avis que je défends énergiquement : Microsoft n’invente rien mais envahit tout. Certes, c’est dit de façon un peu directe et totalitaire de décrire les choses, alors illustrons-là en scrutant cette liste :

    1erICQ : MS a récupéré l’idée avec MSN Messenger, après que AOL l’ai fait avec AIM.

    2èmeWinAmp : MS a beaucoup misé sur les fonctions musicales de Media Player à partir de la version 7, après que le MP3 ait commencé à se populariser.

    3èmeNapster : MS a annoncé récemment la venue d’Avalanche, un concurrent de BitTorrent, emblème actuel du P2P, comme l’a été Napster en son temps.

    4èmeFirefox : Faut-il parler d’Internet Explorer, qui a été développé à la hâte devant le succès de Netscape à peine quelques années après que Bill Gates ait dit que l’internet ne décollerait jamais ?

    5èmeWinZip : MS a intégré un moteur pour fichiers Zip dans l’explorateur de Windows, mais là c’est vrai que devant le standard qu’est devenu le format .zip, c’est normal.

    6èmeiTunes : MS s’est lancé dans la musique en ligne l’an dernier, encore une fois à la hâte, après qu’Apple ait révélé ses excellents chiffres de vente de musique en ligne et que de nombreux concurrents (Real, AOL, MusicMatch…) aient annoncé leur entrée sur le marché.

    7èmeAd-Aware : MS a lancé un anti-spyware il y a quelques mois, racheté à Giant, et encore en phase beta à l’heure actuelle alors que Ad-Aware et SpyBot font partie de la trousse à outils de base depuis plus d’un an.

    8èmeSkype : MS a annoncé la semaine dernière un partenariat de téléphonie via ADSL avec France Télécom pour concurrencer le modèle très novateur de ce logiciel qui a bouleversé le monde de la voix sur IP.

    9èmeRealPlayer : c’est à Real qu’on doit les premiers protocoles de streaming audio&vidéo, concept que MS a par la suite récupéré dans Media Player.

    10èmeAcrobat Reader : le standard indéniable (et surtout libre) qu’est devenu le PDF fait peur à MS, qui a annoncé en avril dernier un format concurrent (mais non libre) : Metro.

Je ne juge pas ici de la qualité des produits (ou des annonces) de Microsoft, mais me contente juste de montrer à quel point la firme s’infiltre absolument partout dans le milieu de l’informatique. Et ce n’est ici qu’un petit aperçu parmi les logiciels les plus populaires, ne tenant pas compte des autres grands succès ni des secteurs professionnels.

Mort pour une épée virtuelle

samedi 11 juin 2005

Grâce à la démocratisation de l’internet et l’addiction aux jeux vidéo en ligne, les meurtres pour des motifs informatiques sont en augmentation rapide ces dernières années. Exemple tout frais : à Shanghai, Qiu Chengwei a assassiné Zhu Caoyuan pour avoir vendu un objet qui ne lui appartenait pas… une épée dans le monde du jeu en ligne Legend Of Mir 3.

Le meurtrier a été bien sûr immédiatement arrêté, jugé et condamné. Et plutôt lourdement pour du passionnel, puisqu’il a écopé d’une peine de mort avec sursis, autrement dit la prison à vie.

Certes, ce qu’a fait Zhu était mal : il a tiré, via le net, plus de 500 euros du “Dragon Sabre” que lui avait prêté son équipier. Mais la démesure du châtiment a de quoi inquiéter. En fait, on se demande même : eût-il été le même si l’arme avait été réelle ?

Cela dit, si l’objet n’avait pas été virtuel, Qui aurait pu porter plainte et être entendu par la justice. La Chine, tout comme la plupart des autres pays du monde, ne reconnait pas encore la propriété, le vol et l’abus de confiance virtuels. D’où peut-être une certaine volonté chez les joueurs les plus chevronnés à vouloir se rendre justice eux-mêmes.

Faites attention avec qui vous jouez en ligne !

Censuré pour avoir défendu le P2P

vendredi 10 juin 2005

FramaSoft nous relate aujourd’hui une histoire fort navrante. Jorge Cortell, qui donne un cours sur la propriété intellectuelle à l’Université Polytechnique de Valence (UPV) en Espagne depuis 5 ans, a été victime d’une censure perpétrée par l’industrie de l’édition. Pour avoir simplement cherché à défendre le P2P.

Il y a deux semaines de cela, il s’apprêtait à donner une conférence sur “les usages légaux et les avantages du peer-to-peer” mais s’est heurté à l’administration de l’université. Mise sous pression par les majors du disque et du cinéma, celle-ci a tout fait pour empêcher la conférence d’avoir lieu en rendant toutes les salles indisponibles. Finalement, l’enseignant a dû se rabattre sur la cafétéria pour dispenser son cours pendant plus de 5 heures et devant plus de 150 personnes.

Pire encore : selon Cortell, après son coup d’éclat, le Directeur du programme des Masters lui a ordonné de supprimer de son site web toutes les références à l’université et au fait qu’il y enseignait. La raison ? Des menaces d’inspections concernant les licences de logiciels, de fichiers illégaux, et même de licenciement du personnel du programme. Comprenant ce que cette demande sous-entendait, l’enseignant a démissionné, mais a décidé de ne pas se taire.

Comme quoi, même sur le continent des droits de l’homme, le bras des groupes privés est assez long pour atteindre jusqu’aux universités. Je ne sais comment cela vous fait réagir, mais en ce qui me concerne j’hésite de plus en plus souvent à acheter un disque ou un DVD quand j’y aperçois les logos de ces groupes tentaculaires et outranciers.

Job à débattre

jeudi 12 mai 2005

Tout le monde connaît le principe des enchères pour les objets à vendre. Mais connaissez-vous celui des enchères pour un emploi ?

L’idée est la même (monayer l’obtention du poste), mais se déroule à l’inverse : si vous êtes la brave personne prête aux plus grosses concessions au niveau du salaire, vous décrochez le job.

Une manifestation particulièrement explicite de ce qu’on commence à appeler couramment “dumping social”, en somme. Le site internet qui a mis en place ce système s’appelle d’ailleurs fort à propos “JobDumping”.

[Nous faisons] une oeuvre de quasi salut public. Tout est bon pour lutter contre le chômage. Mille trois cents personnes ont déjà trouvé un travail grâce à nous. Ce n’est pas si mal.” Le créateur du site n’a pas honte de brader la main d’oeuvre humaine. Les mentalités évoluent, voilà qui laisse présager de belles choses pour l’avenir social dans nos pays développés.

Encore jeune, le site allemand présente encore principalement des petits boulots pour des particuliers. Mais son créateur n’aspire qu’à le voir plus grand et plus sérieux. Il compte d’ailleurs en ouvrir un volet français dès l’été prochain.

Finalement, il n’y a pas qu’en France…

vendredi 6 mai 2005

Pour faire écho à ma note d’hier, je vous invite à suivre ce lien :

Le mot du Maire de Montréal

Comme l’indique l’avertissement en haut des pages “Se sit s’adrês o pêrsone ki on dê z’inkapasité intélêktuêl .”

Je n’ai bien sûr rien contre les moyens mis en oeuvre d’une manière générale pour aider les gens handicapés ou en difficulté. Mais là, on tombe dans l’insultant en plus du ridicule.

Je conçois qu’on puisse avoir du mal à lire l’orthographe d’une langue. Mais je suis convaincu que faire un tel massacre à la gloire de la seule phonétique est une insulte à l’esprit des lecteurs, car ça revient à assumer leur impossibilité de communiquer autrement qu’en parlant.

Autant la partie “texte simplifié” est une bonne initiative, autant celle de “l’ortograf altêrnativ” est proche de l’abject. On n’aidera sûrement pas les gens en difficulté en rabaissant la langue à un tel niveau. Le bon principe, pour rendre une langue plus accessible, est celui d’amener à elle ceux qui ne peuvent la parler, et non de la tirer vers le bas.

Prochaine étape, le langage SMS ?