Archive pour la catégorie ‘Grunt’

Nouvel exemple de connerie française

jeudi 5 mai 2005

Depuis le temps qu’on parle du WiFi, voilà que la commission générale de terminologie et de néologie a décidé de bannir ce terme du répertoire français.

Maintenant, il faudra utiliser l’acronyme de “ASFI”, pour “Accès Sans Fil à Internet” (notez l’erreur classique d’utiliser le mot “Internet” sans article, comme s’il s’agissait d’une marque). Ou comment tuer d’un seul coup l’intérêt, la définition et le charme d’un mot.

L’intérêt, parce que “WiFi”, signifiant “Wireless Fidelity”, n’est pas un mot anglais mais le nom d’un standard qui a pour but d’harmoniser la vente de produits compatibles entre eux, afin que le consommateur sache ce qu’il peut attendre du produit acheté.

La définition, parce que “WiFi” définit un protocole de transmission de données sans fil ne se bornant absolument pas à de l’accès internet. Il est tout à fait possible de créer des réseaux informatiques sans fil sans accès au net. Et même des équipements non-informatiques peuvent l’utiliser, comme par exemple des téléphones ou des consoles de jeux.

Le charme, enfin, parce que WiFi, c’est bien plus sympa que le nom officiel du protocole, (“IEEE 802.11b”). Et plus joli que “ASFI” aussi, d’ailleurs.

Une fois de plus, notre commission d’anglophobie nous démontre avec brio que ses membres n’ont décidément rien compris en matière de technologie. Notez que cette initiative fait partie de tout un bundle (ha !) d’autres avancées foudroyantes du même accabit, comme par exemple le remplaçant de “spammer” par “arroseur”. On croit dreamer.

Achète-mi et achète-moi sont dans un bateau…

vendredi 22 avril 2005

Le magazine anglais Times Online vient de révéler une petite bombe : Peter Mandelson, l’actuel commissaire européen en charge du commerce, a passé le réveillon de nouvel-an 2005 sur le yacht personnel de Paul Allen.

Beaucoup de gens aimeraient pouvoir en faire autant sans en avoir les moyens, mais il est logique qu’un commissaire européen le puisse. Mais est-il sensé le faire lorsque l’organisateur de la petite sauterie est le co-créateur et second actionnaire de Microsoft, cette même compagnie qui est engagée dans un bras de fer avec la Commission Européenne depuis plusieurs années déjà ?
L’article souligne qu’en tant que commissaire chargé du commerce, l’avis de Mandelson est déterminant dans l’affaire.

Ses opposants crient déjà au scandale de conflits d’intérêts. Nombreux, ils ont d’autant plus de poids que l’homme a déjà été forcé à démissioner par deux fois du gouvernement anglais suite à un scandale financier et une affaire de corruption.

A qui dois-je m’adresser pour connaître l’emploi du temps de la présidence luxembourgeoise ?

Dis, tu partages ton CherryOS ?

samedi 9 avril 2005

Depuis hier, il semble que le feuilleton “Maui X-Stream”, serait sur le chemin de la résolution à l’amiable.

L’objet du litige était CherryOS, un émulateur d’environnement Macintosh, permettant d’installer et de faire tourner Mac OS X sur un PC. Dès le jour de son lancement, ce logiciel avait attiré sur lui de sérieuses suspicions, car ressemblant dans son fonctionnement à s’y méprendre à pearPC, un logiciel Open Source existant depuis mai 2004. Même si son interface utilisateur était fort différente, plusieurs membres de la communauté Open Source, qui sont tout sauf ignorants en matière de programmation, ont trouvé des indices accablants démontrant que CherryOS n’était qu’un toilettage pur et simple de pearPC, vendu à tout de même 6O dollars.

Mais ce n’est pas le prix de vente qui est en cause ici. Le problème est plus grave, car il s’agit d’une violation caractérisée de la licence GPL (GNU Public License), sur laquelle repose pearPC. En effet, cet accord régissant la distribution et l’utilisation du logiciel permet la récupération et même la vente d’un logiciel basé sur les éléments du programme open-source, mais à condition que le développeur partage avec la communauté ses modifications et ses ajouts au code original. De plus, un logiciel basé sur du code protégé par la GPL doit obligatoirement être distribué avec la même licence, ceci afin d’éviter les récupérations “sauvages” comme celle commise ici, puisque Maui a adjoint à CherryOS son propre contrat de licence.

Le ton montait donc de plus en plus ces dernières semaines, entre d’un côté la communauté démontrant de mille et une façon le plagiat, et le directeur de Maui soutenant mordicus que les deux programmes n’avaient rien à voir. Mais depuis hier, le site de Cherry OS, en reconstruction, parle maintenant de “Cherry Open Source Project”. Est-ce le fait que les auteurs de pearPC ont fait appel à des dons en vue d’un procès il y a deux semaines qui a décidé les auteurs de CherryOS ? Ou bien sont-ce les preuves accablantes (mêmes performances et limitations, mêmes lignes de code, même bugs…) alimentant les rumeurs et commençant à sérieusement nuire à l’image du développeur ? Pour l’instant, le silence s’est fait.

Plus qu’un simple litige commercial, cette histoire démontre un des défauts de la GPL : son manque de protections légales. Certes elle a été reconue internationalement et est théoriquement défendable en justice, mais malgré cela, le vol de code-source reste, avec les brevets logiciels, la préoccupation numéro un de la communauté open-source, comme en témoigne l’existence du site GPL Violations.

Espérons que cette histoire sonnera comme un avertissement pour les pillards comptant sur les développeurs bénévoles pour se faire de l’argent.

Je m’appelle Arleen Mathers et je suis une meurtrière

mercredi 23 mars 2005

Vous souvenez-vous des quelques spots publicitaires où Apple présentait des “switchers”, c’est à dire des anciens utilisateurs de PC passés au Mac ? La formule consacrée de fin de monologue était : « je m’appelle […] et je suis un(e) […] »

Voici donc une petite histoire qui aurait prêté à sourire si elle n’avait été aussi jusqueboutiste : Arleen Mathers, 23 ans, de Memphis a été arrêtée pour avoir assassiné son petit ami de 27 ans… à coups d’iPod !
La scène s’est produite après que Brad Pulaski eut effacé les quelque 2000 fichiers MP3 téléchargés illégalement que contenait le joujou de sa “chère et tendre”. « Ca m’avait pris 3 mois pour constituer cette bibliothèque musicale » a-t-elle évoqué, comme pour justifier l’état d’hystérie dans laquelle l’ont trouvé les policiers qu’elle venait d’appeller pour se dénoncer.

Selon le médecin qui a pratiqué l’autopsie, le pauvre jeune homme a dû se prendre entre 40 et 80 coups d’iPod sur le crâne et à la poitrine et n’est sûrement pas mort sur le coup de son hémorragie interne.
Après cela, Apple continuera-t-elle de vanter les mérites de la solidité et de l’étanchéité de la coque en métal de son bidule en plein sur son site web ?

Cette pauvre histoire aura au moins le mérite de nous rappeler qu’il n’y a pas que les armes qui sont susceptibles de tuer : il y a donc aussi aussi les balladeurs MP3 plein de musique piratée dont la RIAA cherche tant à éliminer pour notre bien à tous.
Ah, et puis comme le disait la bande à Moustic, il y a aussi la connerie.

Squattage de PC

vendredi 18 mars 2005

Votre PC est-il squatté à votre insu ? Des gens malintentionnés l’ont-ils rendu docile et capable de faire du mal sans que vous n’en sachiez rien ?

Le projet Honeynet vise à étudier la façon dont les pirates du net s’approprient de nombreux PC mal protégés un peu partout dans le monde. Pour cela, des PC typiques ont été reliés à l’internet sans protection et ont été surveillés de près pendant plusieurs mois.

Premier constat : le phénomène que certains appellent désormais la “durée de vie d’un poste sur le net” est bien réel. En effet, tous les PC on été “abordés” par un ou plusieurs logiciels de prise de contrôle au bout de quelques minutes au maximum, parfois même quelques secondes.

Une fois les machines touchées, la plupart ont commencé à manifester leur existence sur le réseau IRC, un protocole de discussion en direct basique et très simple à maîtriser techniquement, et à attendre des instructions extérieures.

Ensuite, les actes commis par les machines varient : relais de spam de virus ou de phishing (vol d’identité par reproduction du design d’un site officiel), attaques simultanées de serveur par saturation de requêtes (DoS), voler de données confidentielles, espionner les touches tapées au clavier par l’utilisateur, manipuler des jeux ou des sondages online ou tromper AdSense, le programme de sponsoring de site web de Google.

Le plus gros paquet de machines ainsi “possédé” par un groupe de pirates dépasserait les 50 000 machines, l’ensemble du parc de “PC zombies” étant pour sa part estimé à plus d’un million de par le monde… la plupart d’entre eux continuant à être utilisés par leur propriétaire légitime sans qu’il ne perçoive autre chose qu’une légère lenteur occasionnelle.

L’ère du pirate semant la terreur avec son petit PC est clairement révolue : aujourd’hui, le pirate agit toujours furtivement, mais recrute en masse. Et ce même si la facilité d’utilisation des outils de prise de contrôle favorise sa reproduction mais également son amateurisation.
Le parc informatique global : voilà bien une arme au potentiel destructif fort élevé, même placée entre des mains peu expérimentées…

Efficacité présumée contre indépendance menacée

vendredi 4 mars 2005

“Il est vrai que pour que le pays soit bien géré, il est important de confier les ministères à de bons professionnels : un Serge Dassault à la Défense nationale, le patron de Total pour l’Environnement, le patron d’Aventis pour la Santé publique et Martin Bouygues à l’Equipement.”

Telle a été la réponse de Michael Boukobza, P-DG de Free, à la question “Est-ce que la nomination de Thierry Breton au ministère des Finances peut poser problème aux opérateurs alternatifs ?”

On peut en effet se poser sérieusement la question : est-il bien raisonnable, politico-éthiquement parlant, de nommer à un ministère un manager issu des hautes sphères de l’entreprise privée ? Certes, l’économie n’est pas le ministère le plus proche du secteur d’activité de France Telecom, mais il dispose tout de même de beaucoup de pouvoir.
Vendredi dernier, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative, a donné raison à l’opérateur historique au sujet des prix du dégroupage des lignes téléphoniques face à l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART).
Sans chercher à mettre en cause la légitimité de la décision, on voit tout de même qui tranche à la fin. Que se passerait-t-il si Thierry Breton venait à être sollicité dans une affaire concernant FT, qui bénéficie encore de certains avantages du secteur public ? Le ministre n’en possède, selon lui-même, plus aucune action. Mais, comme on dit, dans le monde de l’entreprise les “amitiés” sont éternelles…
A l’opposé, par exemple, de nombreux médecins et pharmaciens préfèreraient que soient nommé ministre de la santé un manager plutôt qu’un ancien médecin.

Il s’agit d’un problème délicat : efficacité présumée contre indépendance menacée. Mais s’en soucie-t-on vraiment, dans la conjoncture actuelle ?