Le vote électronique n’est pas fiable
lundi 13 novembre 2006Démontrer par l’exemple que le vote électronique est faillible est difficile, voire impossible. En effet, le résultat obtenu en fin d’une procédure de vote, qu’il soit électronique ou non, est déjà flou par nature : chaque candidat se voit affecté d’une valeur représentant la somme de ses voix divisée par le total du nombre de votants. Faire l’opération inverse (retrouver le choix de chaque votant) est donc impossible. Heureusement, si on suspecte une erreur, il est possible de procéder à un recomptage, rendu possible par le fait que les bulletins sont matériels. Mais s’ils sont virtuels, comment procéder à un tel recomptage ? Les partisans du vote électronique vous répondront que les machines sont programmées pour conserver une trace papier des votes enregistrés… mais quelle certitude peut-on avoir de l’authenticité de celui-ci ? Tel est le gros problème du vote immatériel : la trace qu’il laisse résulte d’une transformation, pas d’un simple stockage. Pour donner une image, c’est comme si on ne recomptait pas directement les bulletins de vote, mais un pointage écrit laissé par une personne en sortie de l’isoloir.
Et pourtant, il y a une possibilité de prouver cette faillibilité, même si elle est minime. Imaginez une élection locale, comme l’élection du maire d’un village. Imaginez qu’un des candidats soit très impopulaire et qu’il soit le seul à voter pour lui-même. Imaginez qu’à la fin du vote, il se retrouve avec zéro voix. Ce candidat étant sûr d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour effectivement voter pour lui (ce en quoi on peut lui faire confiance), la faute du système de vote est alors avérée.
Peu crédible ? C’est pourtant ce qui est arrivé à Waldenburg, en Arkansas (USA). Le candidat malheureux s’est en effet retrouvé avec zéro voix alors que ses deux concurrents en ont eu chacun 18. La commissaire du comté de Poinsett, où se tenait cette élection municipale, Junaway Payne, a estimé que seule une décision de justice pourrait ordonner l’ouverture de la machine à voter électronique afin de consulter ses données internes.
Même si l’enjeu n’est pas aussi grand que pour les dernières élections de mi-mandat dans le même pays, ce jugement pourrait permettre au débat sur le vote électronique d’enfin être porté sur un autre terrain que celui du “c’est nouveau, c’est moderne, donc c’est forcément bien”, modèle décrivant particulièrement bien le procédé au pays des présidents illégitimes…