Un éditeur de spyware attaque sa contre-mesure
vendredi 11 novembre 2005Débat dans l’ère du temps : qu’est-ce qui différencie précisément un spyware d’un logiciel de surveillance ? Et dans quelle mesure l’utilisateur peut-il se tenir informé de sa présence et s’en débarasser ? On peut avoir l’impression d’avoir les idées claires sur le sujet, mais ce sera peut-être bientôt à la justice de trancher. Le bon sens n’est décidément plus une valeur reconnue, ma bonne dame.
L’affaire qui nous intéresse aujourd’hui concerne SpyMon, un logiciel de surveillance édité par RetroCoder et qui, une fois installé sur un ordinateur, permet de capturer des séquences de touches frappées au clavier et de prendre des captures d’écran, le tout à distance. De l’autre côté, nous avons Sunbelt Software, autre développeur del ogiciels, qui a créé ConterSpy, un anti-spyware comme il en existe maintenant des tas.
Or, depuis peu, le second s’était mis à reconnaître le premier comme un spyware, et prévenait donc l’utilisateur de sa présence. Ce qui n’a pas plu du tout à RetroCoder, qui a décidé d’attaquer Sunbelt en justice pour non respect de contrat de licence. Il faut dire que ce dernier contient une clause spécifique à ce cas de figure toute installation dans le cadre d’une recherche antivirus ou antispyware ou business associé. Oui mais.
Comme dans tout type de contrat, un contrat de licence peut inclure des clauses abusives, c’est-à-dire des accords que la loi déclarera irrecevables même si toutes les parties l’ont signé. L’article de ZDnet rappelle d’ailleurs qu’en 2003, Network Associates (aujourd’hui McAfee) avait déclaré illégal un des termes de son contrat de licence qui interdisait toute publication de tests fonctionnels ou de performance sur le produit.
RetroCoder aura beau plaider que son logiciel n’est pas un logiciel d’espionnage mais de surveillance pour enfants ou employés, les lois ont déjà établi qu’un employé doit être prévenu lorsqu’il est surveillé (oui, même aux USA !), et ce n’est pas (petit) développeur d’un (non moins petit)logiciel à 29$ qui risque de changer les choses. Et puis, franchement, on imagine mal la justice donner raison à de telles pratiques, car cela légitimerait du coup tout logiciel malicieux, voire dangereux, qui intègrerait quelque part un avertissement du même accabit… joli tableau, non ?