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Live A Live : le jeu aux 9 vies

dimanche 6 avril 2008

Je n’en reviens toujours pas : je viens de passer une grande partie de mes heures libres de ces dernières journées sur un jeu vidéo. La dernière fois que ça m’était arrivé, c’était il y a bien 5 ou 6 ans, lorsqu’un ami m’avait fait découvrir Valkryrie Profile, sur lequel j’avais passé des soirées entières à faire le geek devant ma télé. Depuis, bien sûr que je continue à jouer régulièrement, mais moins souvent et surtout moins longtemps. D’une manière générale, une heure ou deux heures suffisent pour me donner envie de faire autre chose, même si le jeu est captivant. Ca peut paraître frustrant comme ça, mais croyez-moi, ça ne l’est pas. Au contraire, en ne me forçant pas, je suis sûr d’apprécier un maximum ces courtes parties.

Mais là, je suis bien obligé de reconnaître qu’un jeu m’a possédé, l’espace d’une bonne semaine, moi qui croyais avoir définitivement perdu cette partie de moi capable de rester des heures durant avec une manette à la main. Quel est donc ce jeu au fantastique pouvoir accrocheur, vous demandez-vous sûrement… Eh bien ce n’est pas du tout un jeu récent, bien au contraire. Live A Live est un jeu qui est sorti en 1994 sur Super NES. Ca y est, à tous les coups vous vous dites que c’est juste mon côté nostalgique – bien réel, j’en conviens – qui s’est réveillé. Il y a sûrement un peu de ça, mais ce n’est pas tout. Et le but de cette note est de (tenter de) vous expliquer pourquoi.

Live A Live, un jeu qu'il est très bien

Tout d’abord, situons la façon dont j’ai découvert ce jeu. En fait, c’est grâce à sa bande son, que je connais depuis quelques années, et que j’écoute de temps en temps. Mais il y a quelques jours, un des thèmes s’est mis à m’interpeler de façon inhabituelle. Une musique pourtant assez simple, avec un orgue très synthétique et quelques effets sonores évoquant un champ de ruines mélancolique… Son nom : Armageddon. Allez savoir pourquoi, j’ai décidé de mettre la main sur ce jeu et dénicher le moment auquel on entend ce morceau-ci. Et aujourd’hui, avec le recul, je ne suis pas déçu du voyage.

Passons ensuite à une présentation de ce jeu, que dis-je de cette oeuvre d’art. Live A Live est un jeu réalisé par SquareSoft, connu depuis de longues années principalement pour ses RPG, souvent considérés comme faisant partie des plus riches et réussis, à défaut d’être les plus originaux. Il est vrai que, chez Square, on aime bien récupérer jusqu’à épuisement certains codes bien établis puis greffer dessus des scénarios de plus en plus complexes et des personnages de plus en plus cosmétiquement attrayants. Mais, chez Square, on est aussi capable de pondre des jeux qui ressemblent à la fois à tout et à rien de ce qui existe déjà. Et Live A Live fait définitivement partie de ceux-là.

Seulement voilà : ce jeu, vous ne le connaissez très probablement pas. Car un de ses rares défauts (outre ses sprites ridiculement petits), c’est de n’avoir eu aucune existence officielle ailleurs qu’au Japon, à l’instar d’autres bons jeux comme Seiken Densetsu 3 (qui se serait probablement appelé Secret Of Mana 2) ou le premier volet de la série Star Ocean. Heureusement que la communauté des hackers est là pour bidouiller et publier patchs de traduction pour les ROMs !

Alors, de quoi retourne-t-il dans Live A Live ? La première grande originalité de ce jeu est qu’il n’a pas UN scénario mais NEUF ! Au lancement, il vous propose en effet de choisir une histoire parmi sept différentes, chacune mettant en scène un héros dans son contexte géographique et temporel précis. On apprend ainsi à connaître Pogo l’homme des cavernes, Shinsan-ken le maître de Kung-Fu de la Chine ancienne, Oboro le ninja du Japon à l’époque du Bakumatsu, Sunset Kid le hors-la-loi du Far West, Masaru le lutteur contemporain qui veut devenir le plus fort du monde, Akira le garçon aux pouvoirs psychiques surnaturels et Cube un petit robot qui découvre la vie à bord d’un vaisseau spatial du futur.

Chacune de ces histoires est indépendante des autres et l’ordre dans lequel le joueur choisit de les découvrir n’a aucune incidence. Qui plus est, même si le genre de base reste du RPG avec des combats à la sauce “tactical” (mais assez simples), certaines ont une coloration particulière. L’épisode du Far West, par exemple, repose sur un énorme puzzle de management où il faut trouver des objets et confier des rôles à des personnages ; celui du robot Cube ne contient ni combat (sauf contre le boss final) ni objets à collecter, mais met en scène une trame poignante qui arrive à tenir en haleine ; celui du lutteur ressemble à un jeu de baston façon Street Fighter, où on choisit son adversaire l’un après l’autre avant d’arriver au boss ; Oboro, pour sa part, sera différemment récompensé selon qu’il jouera en mode “assassin” (objectif : 100 morts sur les 100 habitants de la maison à infiltrer) ou en mode furtif (objectif : zéro mort).

Une fois que toutes les aventures ont été menées à leur terme, une huitième devient accessible et met en scène le jeune aventurier Orsted dans un contexte d’heroic fantasy. Celui-ci, suite à un enchaînement d’événements tragiques lui arrachant une à une toutes ses raisons de croire en l’humanité, finit par devenir Odio, le roi des démons, et va se retrouver confronté aux sept autres héros, dans un neuvième et ultime scénario.

Et le truc génial, c’est que le joueur peut choisir d’effectuer ce scénario-là avec le personnage de son choix. S’il s’agit d’un des sept “gentils”, il devra alors se mettre en quête des six autres avant d’aller latter le méchant Odio. Mais si le joueur décide de glisser dans la peau du démon ayant décidé de donner une bonne leçon à tous les humains, il aura alors pour objectif d’aller traquer et éliminer les sept héros l’un après l’autre, chacun dans sa propre époque. Bien entendu, toutes ces possibilités de choix font que de multiples fins sont possibles. Et je ne résiste pas à vous présenter l’une d’elles, qui est pour le moins inhabituelle dans un jeu vidéo :

Ça ne saute peut-être pas aux yeux, mais je vous confirme qu’ici le joueur CHOISIT de détruire le monde. BAOUM ! Il existe bon nombre de jeux vidéo où une “bad ending” présente un monde détruit, mais vous conviendrez qu’il est beaucoup plus rare que ce soit à l’initiative du joueur… et qui plus est, dans Live A Live, Odio le fait de manière particulièrement soignée : il détruit tout et tout le monde, et à toutes les époques ! Une destruction totale en quatre dimensions, en quelque sorte. Vraiment savoureux. J’en suis resté scotché devant mon écran, les yeux ébahis et sans pouvoir faire un geste pendant que défilaient les crédits, après avoir découvert cette fin par pur hasard.

Et vous savez quoi ? La musique qu’on entend pendant cette séquence… eh bien c’est précisément elle qui m’avait incité à essayer ce jeu. Quand je vous dis que parfois les musiques peuvent nous “appeler”, vous me croyez maintenant, hein ?