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Comment (ne pas) disaïgner une baie réseau

samedi 10 mai 2008

Tous ceux qui se sont déjà un tant soit peu frottés à la gestion de systèmes d’information ont découvert ce qu’est une baie informatique. Cela se présente sous la forme d’une sorte d’armoire dont la largeur et la profondeur sont normalisées, et dont la hauteur peut varier. Cette dernière est exprimée en “U”, une unité standard représentant quelques centimètres et dont la hauteur de chaque élément ainsi empilables (les anglophiles parlent de “rackables”) représente un ou plusieurs multiples entiers.

Ci-dessous, vous avez un exemple typique de baie serveur, c’est-à-dire une baie contenant des ordinateurs dont la puissance permet théoriquement de traiter de nombreuses demandes simultanées et dont la fiabilité est (là aussi théoriquement, Windows étant encore très présent dans le milieu) très élevée :

Une baie de serveurs classique

Mais sachez que dans une baie, on peut mettre toutes sortes d’équipements, tant que la largeur de leur chassis leur permet d’être vissés au squelette de ladite baie. L’autre exemple typique de baie est ainsi la “baie réseau”, qui contient des équipements de commutation (“switchs”) et de routage (“routeurs”), lesquels ont pour mission d’acheminer les données entre toutes les serveurs et les postes de travail.

Allez savoir pourquoi, les baies réseau portent souvent l’étrange sobriquet de “baies spaghetti”. D’aucuns pensent que c’est lié à la présence de quelques câbles par-ci par-là, pourtant inévitables dans un réseau informatique… Mais peu importe, voici une photo de baie réseau dont je vous laisse évaluer par vous-mêmes le coefficient de banalité :

Aimez-vous les spaghetti ?

Comme vous pouvez vous en douter, la mise en place d’une telle baie ne relève pas du petit travail de coin de bureau, mais de la plus haute ingénierie et d’efforts épuisants et chronophages, à tel point qu’une baie complète livrée en temps et en heure relève généralement de l’utopie.

Heureusement, l’ingénieur dispose la plupart du temps d’outils qui lui permettent, à l’instar des promoteurs qui exhibent les maquettes de leurs projets immobiliers, de disposer d’illustrations rassurantes quant au bon déroulement de l’opération de mise en oeuvre.

Un des logiciels les plus connus pour cet usage est Visio, créé par la société éponyme en 1992, avant d’être rachetée par Microsoft en 2000. Voici un exemple auquel un ingénieur réseau sérieux peut arriver en quelques dizaines de minutes et environ autant de centaines de clics de souris :

Ah, que c\'est beau la théorie...

Reste que de tels outils sont certes très utiles pour calmer le responsable d’infra-structure réseau (je l’écris avec le trait d’union depuis que je bosse dans un bureau où se trouvent trois poissons rouges nommés “Infra” “Structure” et “Réseau”) mais il faut néanmoins faire les bons choix de placement pour chaque élément, notamment en fonction de ses connexions avec les autres équipements, voire des autres baies à proximité. Cet capacité de visualisation fait partie du métier d’ingénieur réseau.

Sauf qu’en me confiant la mission de réaliser le plan d’une nouvelle baie qui sera mise en place dans le cadre de la récupération d’une partie du réseau jusqu’à présent sous-traitée en infogérance, mercredi dernier, mon chef négligeait un détail important : il était sur le point de partir en week-end prolongé jusqu’à mardi, et pendant ce temps-là, je serais libre de mener à bien cette mission comme je l’entendais, en toute liberté. Et la liberté, chez un geek, ça peut prendre des formes un peu… inattendues :

Ah, voilà de la bonne baie à la mode de chez le riz !

Et aux ramollis du bulbe qui me vont me demander pourquoi j’ai laissé un trou béant sur le côté droit, je les renvoie à leurs classiques. Le but d’une baie est de disposer les équipements pour qu’ils fonctionnent ensemble, pas de les faire disparaître.

Avez-vous seulement une idée de ce que coûtent des équipements réseau chez Cisco ?