Géoportail ou Google Maps ?
vendredi 7 juillet 2006Geoportail, vous en avez forcément entendu parler dans les médias. Le site est au moins aussi célèbre pour son intérêt intrinsèque que pour le semi-échec qu’a constitué son lancement. A peine sa mise en ligne répercutée sur les ondes, les quelques serveurs rendaient l’âme sous les milliers de requêtes HTTP. Il aura dès lors fallu les efforts ininterrompus de plusieurs personnes pendant presque une semaine pour remetttre le site à flot.
Google Maps, lui, a désormais une bonne année derrière lui. Son lancement en février 2005 a été moins chaotique, en grande partie grâce au savoir-faire de Google en matière de gestion des effets d’annonce, et aussi au fait que les photos ne sont venues que par la suite, courant avril. Très logiquement, Google Maps, accompagné de son petit frère Google Earth (logiciel autonome pour Windows, Mac et Linux) est très vite devenu la coqueluche du monde entier, au fur et à mesure qu’il mettait en ligne les photos de tous les recoins du monde. En constante amélioration, le site propose depuis quelque mois des photos de qualité à peine croyable sur toutes les grandes villes, ainsi qu’un système de recherche de services de proximité.
Il ne fait aucun doute que la mise en ligne gratuite des photos de l’IGN, jusqu’à présent vendues fort cher, suit le mouvement de la cartographie grand public, inauguré par Google l’an dernier. Un peu comme pour le projet de bibliothèque numérique européenne, que le gouvernement français défend fiévreusement après avoir craché abondamment sur Google Books. Comme quoi, la concurrence reste le principal moteur de l’évolution technique, quoi qu’on puisse annoncer pour sauver la face.
Mais revenons à nos moutons : qui est le meilleur de Geoportail ou Google Maps ? Mon premier réflexe, comme la plupart des personnes je pense, a été de chercher aux différents lieux où j’ai vécu personnellement. Et par deux petits exemples, on peut distinguer les avantages et les défauts des deux sites. Commençons par le petit patelin en pleine cambrousse iséroise, situé à une bonne trentaine de kilomètres de Grenoble :
Ah, la campagne…
Comme qui dirait, il n’y a pas photo. Ailleurs que dans les villes, Google en France n’offre que des cartes peu lisibles si on ne superpose pas les routes. Passons maintenant à mon domicile actuel, en Ile-de-France :
Coucou !
Cette fois, les rôles sont inversés : autour de Paris (mais il en est de même pour la plupart des grandes villes), Google offre un niveau de détail incomparable, et avec des couleurs beaucoup moins délavées. Si vous allez voir le château de Versailles, vous y verrez même les gens dans la cour !
Outre la qualité des clichés, il faut bien avouer que niveau utilisabilité, beaucoup de progrès restent à faire de la part de l’IGN. L’interface est moins attrayante et moins réactive que celle de Google, et plusieurs bugs gênants restent présents sur Geoportail, surtout si on n’est pas sous Explorer/Mozilla. Enfin, on sent la forte influence “politiquement correct” au niveau des endroits “sensibles” qui ont été décolorés, alors même que ces zones sont visibles chez Google…
Globalement, on ne peut pas dire que Geoportail soit mauvais, loin de là, et sa couverture quasi-totale du pays plaide en sa faveur. Et puis, le site est encore très jeune, et l’initiative de faire profiter tout un chacun d’une base d’images aériennes aussi conséquente que celle de l’IGN est évidemment une initiative louable. Une nouvelle version du site, intégrant parait-il le relief, est prévue pour la fin de l’été. En espérant que d’ici là, l’institut aura appris à dimensionner un site web…