Archive pour 2005

USA : “Pour ou contre la liberté” ?

lundi 15 août 2005

Firefox, le navigateur web le plus ouvert et le plus respecteux des standards du net vient de dépasser les 80 millions de téléchargements et voit sa part de marché mondiale approcher les 10%. Pourtant, la mission de salubrité publique qu’est la préservation du choix des butineurs web est encore loin d’être gagnée, surtout quand de grands organismes font ce qu’il ne faut pas faire.

Le bureau américain des droits d’auteur (USCO) vient de reconnaître publiquement que son site ne fonctionne vraiment correctement qu’avec Internet Explorer. Ce pourrait être une bonne nouvelle si elle n’avait pas été suivi d’une réaction pour le moins discutable que celle de se poser la question “est-ce que cela dérangerait vraiment les gens s’ils étaient obligés d’utiliser Internet Explorer pour bénéficier de nos services ?”

Je n’ai pas vraiment bien compris comment fonctionnent ces “Supplemental notice of proposed rulemaking” en dehors du fait qu’il s’agisse de sonder les utilisateurs en comptant apparemment sur leur spontanéité à dire dire oui ou non. Mais le problème n’est pas là : dans ce pays où on le libéralisme et la protection de la concurrence sont devenus parole d’évangile, comment peut-on oser se demander s’il ne serait pas bénéfique que tout le monde soit obligé d’utiliser un produit fermé, non respectueux des standards et lié à ce produit commercial (et onéreux) qu’est Windows ?

Parlons mieux, parlons gentiment

vendredi 12 août 2005

Ne vous êtes-vous jamais demandé la façon dont vos interlocuteurs ressentent votre façon de téléphoner ? Pensent-ils de vous que vous êtes tchatcheur, amorphe ou désagréable ? Si oui, sachez que des chercheurs du MIT viennent de mettre au point un dispositif d’analyse comportementale adapté aux conversations téléphoniques.

Vous parlez, l’appareil effectue une batterie de calculs mathématiques, et vous retourne un pourcentage d’ “engagement dans la conversation”. L’idée semble tenir du gadget à première vue, mais ses créateurs ont des arguments, à commencer par celui du fait que nous sommes souvent inconscients de nos défauts d’attention et de sympathie au téléphone. Le fait d’être monitoré permettrait de nous rendre compte de nos moments de faiblesse et, ainsi, d’éviter certaines disputes au téléphone, tant il est vrai que cet appareil ne véhicule qu’un langage très estropié, sujet à nombreux malentendus.

Des tests subjectifs ont été menés afin d’éprouver l’acuité de l’objet, et ils lui ont crédité une fiabilité de l’ordre de 80%. L’auto-adaptation de l’analyse au langage est assurée par le fait qu’elle ne tient pas uniquement compte des mots utilisés mais également des indices non-linguistiques comme le débit de paroles, de la variation de tonalités, ou même la position adoptée pour parler.

Le dispositif ne semble pour l’instant adapté qu’à une utilisation sur soi-même, mais nul doute qu’il ne serait pas bien compliqué de le rendre capable d’évaluer l’attention de son interlocuteur à court terme… Imaginez un avertissement du type “imbécile déctecté, vous devriez raccrocher” ou “possible coup facile… mémoriser le numéro ?”

Le criminel à la caméra

mardi 9 août 2005

Le 30 juin dernier, aux Etats-Unis, un petit malin qui avait filmé avec son caméscope la séance cinéma des films “Bewitched” (Ma sorcière bien-aimée) et “A Perfect Man” dans le but de les distribuer sur les réseaux P2P a eu la malchance de se faire pincer.

A présent qu’il existe une loi fédérale interdisant un tel acte, ce sinistre malfaiteur va pouvoir être jugé pour cet acte atroce que celui de léser les magnats du cinéma hollywoodien, ainsi que pour un bien étrange chef d’accusation de “conspiration”. Et on sait désormais aussi ce qu’il risque : 17 ans de prison !

Pour donner un ordre d’idées, c’est à peu près ce que risquent en principe les grands trafiquants et contrebandiers, certains meurtriers ainsi que les violeurs d’enfants, dans ce même pays où le piratage est devenu un crime. Fin 2002, la chef d’une organisation mondiale de vente de logiciels piratés avait écopé d’une peine de 9 ans de prison. Admirez l’escalade en moins de trois ans !

Comme pour se justifier, les autorités ont prétendu que le vilain pirate voulait vendre ces vidéos et non les distribuer gratuitement. Mais on ne peut que se poser des questions en se rendant compte qu’il est plutôt difficile de faire payer les gens par P2P et que les deux films piratés ont fait un flop retentissant au box-office.

Allez, c’est au tour des majors du disque maintenant… bientôt la peine capitale pour un CD copié sur son baladeur MP3 ?

Podcast from space

lundi 8 août 2005

Presque 20 ans après l’échec de l’enregistrement de la première musique dans l’espace (Ron McNair, saxophoniste émérite, était membre de l’équipage malheureux de Challenger en 1986), voici que Steve Robinson est devenu le premier podcaster depuis l’espace. Il a en effet enregistré un discours relatant le but de sa mission et comment elle se déroule, que la NASA a ensuite transformé en podcast, lui ouvrant ainsi les oreilles de nombreuses personnes.

Pour les non-connaisseurs, un podcast est une sorte de chaîne de radio en différé que les possesseurs d’iPod peuvent écouter quand ils le souhaitent après s’être “abonnés” : le flux audio est enregistré sur l’appareil lorsqu’une connexion au net est établie. Une émission peut ainsi être relayée par une infinité de diffuseurs voulant offrir ce contenu à gens sans qu’ils aient à venir le chercher par eux-mêmes.

Initialement bidouillage d’amateur, le podcast est devenu en l’espace de quelque mois un véritable phénomène de société, notamment aux Etats-Unis, berceau du joujou d’Apple. A tel point d’ailleurs qu’Apple a officiellement adoubé la technique il y a un mois, et le promeut maintenant comme un nouveau média d’information.

Que ceux qui n’ont pas succombé au hype autour de l’iPod se rassurent, l’extrait audio est également disponible en MP3.

Tête à claques

vendredi 5 août 2005

Nous sommes vendredi soir, c’est le début du week-end et peut-être des vacances pour certains… Je vous invite donc à lire un article drôle. Vraiment drôle. C’est même tellement énorme que je me demande si ce n’est pas un gros troll écrit pour se poiler un bon coup.

Morceaux choisis (et traduits) :

“Aucun système n’a jamais pu s’approcher de la facilité d’utilisation de Windows”

“Sur Mac, c’était plus joli mais ça coûtait plus que les yeux de la tête”

“Linux est à des années-lumière de Windows”

“Attaquer en justice Microsoft doit être devenu un business model pour des compagnies comme Sun ou Oracle quand elles sont dans le rouge”

“Microsoft a créé à elle toute seule le marché des ordinateurs personnel”

Une vraie pièce d’anthologie du web dans la catégorie “je suis une bonne grosse tête à claques” qui a au moins le mérite (dont je me demande toujours s’il est volontaire) de faire rigoler celui qui connait un peu l’histoire de la micro-informatique.

Un pirate contre le secret

mardi 2 août 2005

Joli rebondissement dans l’affaire de la dixième planète de notre système solaire… la confirmation officielle de l’information aurait été précipitée par l’action d’un pirate informatique.

En janvier dernier, des rumeurs avaient commencé à circuler sur le net, puis dans les médias concernant un astre tournant autour du soleil ayant jussqu’ici échappé aux observations. Mais il aura fallu attendre le week-end dernier pour que l’information soit confirmée par Michael Brown, astrologue du California Institute of Technology. Et l’attente aurait pu durer encore plus longtemps, les scientifiques préférant attendre de disposer d’informations plus croustillantes sur la nouvelle planète avant d’en révéler l’existence au monde entier. En effet, la taille et la composition de la chose (1,5 fois la taille de Pluton de roche et glace) restent à confirmer.

Seulement voilà : un petit malin a réussi à pénétrer le site internet (pourtant sécurisé) présentant secrètement la découverte et a menacé l’équipe de tout révéler si l’information restait confidentielle plus longtemps. L’entretien téléphonique entre Brown et les quelques journalistes a donc été organisée en catastrophe, en attendant une conférence plus officielle, probablement pour les prochains jours… A suivre, donc.

Un hack pour l’anti-crack

jeudi 28 juillet 2005

Vous le savez peut-être, cette semaine Microsoft a commencé à vérifier l’authenticité de la clé de Windows XP installé sur chaque poste se connectant à son site de mises à jour, Windows Update. En cas de piratage, la mise à jour est annulée et l’utilisateur se voit proposer une clé authentique gratuite… à condition de dénoncer l’odieux magasin (ou personnage) qui lui a refilé cette mauvaise clé. Les mises à jour de sécurité (si importantes et si nombreuses à la fois) échappent encore à la règle pour l’instant, mais pour un temps encore indéterminé.

Toutefois, “Genuine Advantage”, puisque c’est son nom, a encore toutes ses preuves à faire : en moins de 24 heures, une solution simple a été trouvée par des hackers pour empêcher la vérification de se faire. C’est rapide, c’est simple comme bonjour, et ça marche même sous Internet Explorer. D’aucuns diront même qu’écrire un petit javascript dans sa barre d’adresse n’a rien d’illégal, d’où impunité totale…

L’argument qui tue

mercredi 27 juillet 2005

Un lecteur de MacBidouille a pris un cliché fort intéressant :

L'argument qui tue

“Apple : l’internet sans virus”, voilà un slogan qui risque de toucher le grand public. Argument encore vérifiable à l’heure actuelle (quoi qu’en disent ceux qui se plaisent à imaginer le contraire), Apple se refuse pourtant toujours à l’utiliser, probablement pour ne pas inciter les vilains pirates à se pencher sur son OS. Ceci reste donc une qualité du Mac qui ne se transmet que par la bouche-à-bouche.

Reste qu’il faut que la situation du monde PC+Windows soit devenue significativement catastrophique pour qu’un tel slogan soit utilisé : la valeur ajoutée est ici réduite à une “non valeur retranchée” ! Il est vrai qu’à force de doubler le nombre de virus et de spyware chaque année, ça devait arriver…

Open mousse

vendredi 22 juillet 2005

Certaines personnes aimant la vulgarisation comparent souvent la programmation d’un logiciel à une recette de cuisine : rassembler les ingrédients (variables, données…) et les cuisiner de façon logique (formules, algorithmes…). Cette métaphorisation vient aujourd’hui de trouver une étonnante concrétisation : un groupe d’étudiants danois de l’université de Copenhague vient d’inventer une bière en open source.

Pour décrire brièvement l’open source, il s’agit d’une façon de distribuer le logiciel qui serait l’équivalent de distribuer un album de musique avec ses partitions : en plus du logiciel sous forme utilisable (binaire), vous disposez de son code source. Vous pouvez dès lors le modifier pour l’adapter à vos besoins puis le distribuer à votre tour. Tout ce qui vous est alors demandé est que votre création soit soumise rigoureusement à la même licence, afin que d’autres puissent faire de même avec votre propre version.

“Vores Øl” (“notre bière”), puisque c’est son nom, est donc une bière placée sous licence libre Creative Commons : n’importe qui peut donc en produire, en vendre et en produire un dérivé, à condition de mentionner ses sources et d’expliquer les changements qu’il y a apporté. L’idée est ainsi d’arriver progressivement à de multiples recettes élaborées et pouvant répondre aux goûts de tout un chacun, faisant ainsi bénéficier tout le monde de la valeur ajoutée individuelle.

Ce n’est pas une idée qui va bouleverser le monde de la bière, bien sûr, les cadors du houblon n’étant sûrement pas disposés à révéler leurs secrets. Mais il est toujours agréable de voir qu’en parallèle de ce monde sur-marchandisé, l’effort solidaire continue d’être soutenu par des initiatives volontaires. Et puis, comme je le disais en introduction, c’est une sympathique façon d’illustrer la nature et les avantages du logiciel libre.

J’en profite pour vous faire part d’une autre fort jolie métaphore de l’open source, racontée par Tristant Nitot, fondateur du pendant européen de la fondation Mozilla.

Microsoft veut VRAIMENT être partout

mardi 12 juillet 2005

Le magazine en ligne CNet vient de publier la liste des 10 logiciels les plus populaires de ces 10 dernières années.

Je vais me permettre d’utiliser ce classement pour mettre en avant un avis que je défends énergiquement : Microsoft n’invente rien mais envahit tout. Certes, c’est dit de façon un peu directe et totalitaire de décrire les choses, alors illustrons-là en scrutant cette liste :

    1erICQ : MS a récupéré l’idée avec MSN Messenger, après que AOL l’ai fait avec AIM.

    2èmeWinAmp : MS a beaucoup misé sur les fonctions musicales de Media Player à partir de la version 7, après que le MP3 ait commencé à se populariser.

    3èmeNapster : MS a annoncé récemment la venue d’Avalanche, un concurrent de BitTorrent, emblème actuel du P2P, comme l’a été Napster en son temps.

    4èmeFirefox : Faut-il parler d’Internet Explorer, qui a été développé à la hâte devant le succès de Netscape à peine quelques années après que Bill Gates ait dit que l’internet ne décollerait jamais ?

    5èmeWinZip : MS a intégré un moteur pour fichiers Zip dans l’explorateur de Windows, mais là c’est vrai que devant le standard qu’est devenu le format .zip, c’est normal.

    6èmeiTunes : MS s’est lancé dans la musique en ligne l’an dernier, encore une fois à la hâte, après qu’Apple ait révélé ses excellents chiffres de vente de musique en ligne et que de nombreux concurrents (Real, AOL, MusicMatch…) aient annoncé leur entrée sur le marché.

    7èmeAd-Aware : MS a lancé un anti-spyware il y a quelques mois, racheté à Giant, et encore en phase beta à l’heure actuelle alors que Ad-Aware et SpyBot font partie de la trousse à outils de base depuis plus d’un an.

    8èmeSkype : MS a annoncé la semaine dernière un partenariat de téléphonie via ADSL avec France Télécom pour concurrencer le modèle très novateur de ce logiciel qui a bouleversé le monde de la voix sur IP.

    9èmeRealPlayer : c’est à Real qu’on doit les premiers protocoles de streaming audio&vidéo, concept que MS a par la suite récupéré dans Media Player.

    10èmeAcrobat Reader : le standard indéniable (et surtout libre) qu’est devenu le PDF fait peur à MS, qui a annoncé en avril dernier un format concurrent (mais non libre) : Metro.

Je ne juge pas ici de la qualité des produits (ou des annonces) de Microsoft, mais me contente juste de montrer à quel point la firme s’infiltre absolument partout dans le milieu de l’informatique. Et ce n’est ici qu’un petit aperçu parmi les logiciels les plus populaires, ne tenant pas compte des autres grands succès ni des secteurs professionnels.