Détention provisoire : à vous de juger !
mardi 14 février 2006Pas de technocratie dans cette note, qui a pour but de signaler un article extrêmement instructif de la part de Maître Eolas, l’avocat le plus connu de la blogosphère.
En ces temps où le rôle des juges est un peu chahuté, notre vénéré avocat-bloggeur vous invite à vous glisser dans la peau d’un juge des libertés et de la détention. Vous savez, celui qui décide, sur demande du procureur, de l’éventuelle mise en détention provisoire d’un prévenu pendant que l’instruction se poursuit. 4 affaires très vraisemblables (car vécues, apparemment) nous sont ainsi présentées avec force détails ainsi que les arguments du procureur et de l’avocat.
C’est une lecture certes longue pour un exercice non moins difficile, mais qui permet de se rendre compte à quel point la justice ne doit pas être envisagée comme quelque chose d’automatique. Les incertitudes, les facteurs humains et les conséquences envisageables de la décision sont autant de poids dans une balance qui paraîtra forcément déséquilibrée au final (soit on est libre, soit on est incarcéré, avec tous les risques que cela implique).
L’affaire d’Outreau a mis en évidence des disfonctionnements du mécanisme judiciaire, mais la passion qu’elle suscite dans l’opinion a tendance à occulter la difficulté qu’il peut y avoir à rendre justice. Car pour une affaire clairement mal gérée, combien d’erreurs judiciaires suite à une décision “logique” qui, par malheur, n’était pas la bonne ? Qui a la faculté de comprendre la vie et d’évaluer la dangerosité d’une personne, en quelques minutes et en ne se basant que sur un dossier, par nature incomplet ? Et puis n’était-ce pas la même opinion publique qui, il y a à peine quelques années criait au scandale suite au maintien en liberté de prévenus ?
Ce débat éternel est devenu brûlant, et on peut se douter que la chaleur des projecteurs médiatiques ne vont pas favoriser sa bonne tenue.