BSA : grosses récompenses pour les délateurs
vendredi 28 avril 2006Après avoir lancé des campagnes d’information, d’intimidation, de menaces, de contrôles-surprises et de délation volontaire, la Business Software Alliance se lance aujourd’hui dans la délation récompensée. Dès à présent, par le biais d’un formulaire en ligne, un employé peut balancer son patron pour piratage de logiciels. Si le dossier est retenu, que les faits sont confirmés et qu’une amende est obtenue, le dénonciateur peut espérer gagner une prime allant jusqu’à 30% de la somme perçue par l’association d’éditeurs de logiciels.
Les conditions d’obtention de la prime sont toutefois assez sévères : il faut être américain ou canadien, être majeur, être employé de la société accusée, décliner son identité complète, remplir un questionnaire assez détaillé et accepter de répondre à toute question supplémentaire posée par la BSA. Précision amusante : il est (curieusement (?)) explicitement exigé que le délateur ne doit pas être la personne qui a installé ou demandé l’installation des logiciels. Autrement dit : on ne peut pas s’accuser soi-même. A noter également que la procédure n’entre pas en conflit avec tout contrat contenant une clause de confidentalité relative aux logiciels installés dans l’entreprise. Sans être spécialiste des contrats de travail aux USA, j’ai du mal à imaginer que ce type d’information purement interne ne relève pas généralement du secret professionnel.
Malgré ces restrictions, l’idée de base reste d’inciter à toujours plus de délation, laquelle commence à donner sérieusement l’impression d’être un mode opératoire plein d’avenir. C’est un choix de société, comme on dit, et même si l’information sera sûrement difficile à trouver, les résultats de cette idée seront sûrement très intéressants. Cette campagne va-t-elle parvenir à convaincre les employés de mettre leur entreprise en péril contre une somme d’argent ? Préfigure-t-elle d’une prochaine campagne de délation obligatoire sous peine d’accusation de complicité ? Verra-t-on apparaître des agents infiltrés dans les entreprises, comme à l’époque de la chasse aux sorcières ? Il en faut décidément beaucoup pour choquer les américains.