Big Brother USA étend son bras vers l’Europe
dimanche 14 mai 2006Premier round. Fin février dernier, l’Europe avait validé le principe de rétention des données de connexion : à tout instant, que ce soit en téléphonie ou en accès à l’internet, tous les opérateurs de chaque pays-membre doit conserver les traces des connexions établies au cours des 6 dernier mois minimum. Les données ainsi stockées (source, destination, date, heure et durée) devront ainsi être tenues à disposition des autorités, en vertu de la lutte contre le terrorisme.
Second round. Au début de la semaine dernière, un scandale a éclaté aux Etats-Unis : suite aux attentats du 11 septembre, le gouvernement américain a mis en place un dispositif similaire concernant les conversations téléphoniques. Alors qu’il n’était question que d’espionner des gens soupçonnés d’être en relation avec des organisations terroristes, le quotidien USA Today a révélé le secret de polichinelle : les enregistrements sont généralisés à tous les américains. Les conversations ne seraient pas écoutées mais les informations de provenance, de destination, de date et de durée ont été stockées en vue d’être mis en corrélation avec des activités terroristes.
Troisième round. Aujourd’hui, le magazine en ligne EUobserver révèle que les USA, en se servant des accords internationnaux passés avec l’union européenne, cherche à se voir autoriser l’accès aux données des citoyens européens. Et les hauts dirigeants de l’Europe semblent trouver ça normal. Voilà qui fait froid dans le dos. Et vous pensiez que le scandale des pays de l’UE ayant collaboré au transit des supposés terroristes à destination de Guantanamo allait calmer un peu les ardeurs de l’administration Bush et de la commission européenne ?
Quand donc les citoyens du monde occidental se rendront compte que la lutte contre le terrorisme, telle qu’elle nous est présentée, n’est en réalité qu’un emballage séduisant destiné à faire accepter aux populations une pression gouvernementale de plus en plus forte au détriment de leurs libertés ? Le terrorisme est un risque que le monde moderne a engendré (ventes d’armes aux pays étrangers, pillage organisé des ressources des pays pauvres, interventionnisme politique et militaire, surmédiatisation des événements, etc.), et tant que les gens continueront à y réagir avec horreur et sidération, il n’ira qu’en augmentant. Et les gouvernements en profiteront allègrement pour renforcer leurs pouvoirs de surveillance et de manipulation.